La petite larve tristement brillante . 15

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Drôle de vie . 15











Malgré les huit années qui les séparaient Benjamin et Pierre s'étaient déjà rencontré dans le passé sans qu'aucun des deux ne le sache. Le genre d'histoire ou quand on vous la raconte, vous vous mettez à voir des signes partout. Mais avant d'arriver à cette première fois où les deux hommes s'étaient « rencontrés », il fallait déjà comprendre qui était Pierre.

Il avait un frère de deux ans son ainé, Guillaume. Et il était dans ce qu'on pourrait appeler, une famille sans histoires et très unie. De l'amour, Pierre en avait eu à profusion et sans retenue de la part de ses parents, mais surtout de son frère. À la naissance du plus jeune, Guillaume développa un besoin presque obsessionnel de veiller sur son frère et quelquefois même, il ne se retenait pas de montrer son mécontentement quand il estimait qu'on ne prêtait pas suffisamment attention à son frère.

Bien qu'il s'agit de Pierre avant tout, il paraît impensable de parler de Pierre sans parler de son frère étant donné que ces deux-là étaient constamment ensemble et vivaient pleinement l'un pour l'autre.

À six ans, Guillaume commença le piano et il y vit un moyen de renforcer davantage ses liens avec Pierre.

C'était presque trop adorable à regarder parce que chaque fois qu'il revenait de ses cours, il apprenait à Pierre tout ce qu'on lui avait appris et ce fut de cette façon qu'une chose se confirma dans l'esprit de leurs parents. Ils avaient bien remarqué, les maîtres et maîtresses de Pierre également, que ce dernier avait des aptitudes hors norme et comprenait bien plus rapidement que le reste des enfants. Et cette histoire de piano confirma cela. Pierre comprenait vite ce que Guillaume lui apprenait, à sa façon d'enfant de six ans, et petit à petit, ce fut clair pour tout le monde que Pierre surpassait de loin son frère sans jamais réellement avoir pris de cours de piano.

Le piano, Pierre y jouait pour faire plaisir à ses parents parce qu'ils avaient l'air toujours si fier de montrer combien leur enfant était « extraordinaire ». Cependant, il aimait un peu moins le piano à l'inverse de Guillaume, qui se tuait à se perfectionner. Mais ce ne fut jamais une source de frustration pour Guillaume que son frère excelle dans ce domaine. Au contraire, tout comme le reste, il était extrêmement fier de Pierre et apprit même beaucoup de ce dernier, au fil des années.

Quand Pierre eut sept ans, il ne cessait de répéter chaque matin à ses parents qu'il ne voulait plus aller à l'école parce qu'il s'y ennuyait, mais ces derniers continuèrent de l'y envoyer. Alors peu à peu, Pierre perdit goût à cela parce qu'il avait constamment l'impression que les autres étaient comme des boulets qui l'entravaient et le limitaient dans son apprentissage. Alors on envisagea de lui faire sauter une classe, mais le corps enseignant bien que stupéfait par les aptitudes qu'il démontrait n'était pas convaincu que cela été une bonne chose. Pierre inquiétait et faisait s'interroger les adultes parce qu'en-dehors de son frère, deux classes au-dessus, il ne parlait à aucun autre enfant et restait essentiellement seul par choix.

Ils étaient convaincus qu'il devait apprendre à intégrer le monde qui l'entourait avant de tenter de le mettre dans une classe avec des personnes plus âgées. Alors Pierre resta en CE1 et continua à répéter chaque matin à ses parents, qu'il ne voulait pas aller à l'école. Guillaume, malin et observateur qui avait parfaitement compris les choses aida son frère à faire un peu mieux semblant de s'intéresser aux autres gamins. Pierre détestait cela, mais pour son frère, il aurait fait n'importe quoi.

À huit ans, Pierre intégra d'abord la classe où il était supposé être, la CE2 et comme il avait l'air de mieux s'en sortir avec les autres enfants, il passa la même année en CM1, une classe en dessous de Guillaume. Il s'ennuyait un peu moins et c'était déjà plus challengeant que la CE2, mais Pierre retomba dans ses silences puis continua à refuser de nouer des liens avec les autres élèves de sa classe. Ce fut également cette même année-là que Pierre se mit à dessiner pour communiquer avec ses parents et il le fit par choix. Il n'aimait pas beaucoup parler parce qu'il estimait que ça l'épuisait et au début les parents pensèrent qu'il s'agissait d'un caprice, mais comme ça persistait alors ils s'y adaptèrent, son maître également. À côté de cela, Pierre était suivi dans l'espoir qu'un jour, il parvienne un peu à laisser les autres l'approcher.

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 31 ⏰

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