Une libellule sur un roseau.

La petite larve fantôme mais présente . 07

L'inattendu . 07

" L'oiseau que tu croyais surprendre
Battit de l'aile et s'envola "

Carmen : " L'amour est un oiseau rebelle" , Georges Bizet

Guillaume avait quitté Benjamin en avril.

Il était parti sans se retourner, effaçant sans esclandre, les traces du passage de cet homme dans sa vie. Il avait besoin de ranger Benjamin, mais avait également conscience que cela allait prendre le temps nécessaire pour pleinement guérir.

Soutenu par ses parents et ses amis, Guillaume s'arma pour les longs mois de douleur qui l'attendaient. Le plus difficile n'était pas forcément la rupture en elle-même, mais le fait d'apprendre à défaire ce qu'ils avaient tressé ensemble.

*

Juillet de cette même année

Un vieil ami d'enfance proposa à Guillaume pour se distraire et ne plus penser à Benjamin, de se joindre à lui et d'autres copains, en vacances.

Au départ, Guillaume hésita parce qu'il ne voulait pas plomber l'ambiance parce qu'il puait l'amertume et en plus, il refusait d'être la cinquième roue du carrosse au milieu de tous ces couples. Son ami insista gentiment en lui précisant qu'un autre ami venait et que ce dernier était également célibataire.

Il ne disait pas cela pour caser Guillaume parce qu'il savait que ce dernier n'était pas encore prêt pour une nouvelle relation. Il disait cela afin que Guillaume comprenne qu'il ne serait pas l'unique célibataire de l'escapade.

Finalement, il accepta de se joindre à la joyeuse troupe, en espérant qu'un peu de leur bonheur retombe sur son cœur asséché.

Cet été-là, Guillaume rencontra un garçon qui s'appelait Frédéric et il le trouva lumineux.

Tout comme lui, Fred avait dû ramasser son cœur en miette que son ex avait brisé. Il avait vingt-deux ans et se battait pour garder sa lumière malgré le fait que son ex lui manquait atrocement et Guillaume fut admiratif devant ce garçon sublime.

Ces trois semaines ensemble, Guillaume se lia presque trop vite d'affection pour cet autre garçon. Un peu comme s'ils avaient toujours été amis alors qu'ils ne se connaissaient pas avant d'atterrir là.

Les copains les regardaient sans oser dire quelque chose de peur de les effrayer, mais au fond, les copains espéraient secrètement qu'ils se consoleraient mutuellement de leurs désillusions amoureuses.

Les copains, c'est quelque chose quand même ! Il arrive qu'ils devinent, bien avant nous, que le futur sera meilleur. Ils sont si convaincus que ça nous  donne, à notre tour, l'envie d'y croire très fort quand bien même notre cerveau est en vrac et notre cœur en bouillie.

Durant trois semaines, les deux hommes se rapprochèrent prudemment, s'interdisant silencieusement d'imaginer entre eux, autre chose que le besoin d'avoir un nouvel ami.

*

Septembre de cette même année

Après ces vacances entre amis, Fred s'était rendu auprès de sa famille qu'il n'avait pas vue depuis un moment et Guillaume avait repris sa routine.

Metro, boulot, lamentations et dodo.

Ils avaient tout de même gardé contact en se promettant de se revoir en septembre quand Frédéric reviendrait à Paris.

On y était ! Le mois tant attendu, qui avait tenu Guillaume en haleine toute la période estivale, était enfin là, ramenant Fred dans la capitale.