Une libellule sur un roseau.

La petite larve triste et en colère . 04

Fred est vraiment parti . 04

Le sentiment qui rongeait Fred, en dehors de l'impression de subir son couple, était l'humiliation.

Deux mois après avoir pris en flagrant délit son mec et que ce dernier lui ait promis de ne plus recommencer, il avait immanquablement repris ses escapades nocturnes avec d'autres que lui.

L'infidélité, c'est terrible et Fred se demandait si Pierre avait conscience de combien, il les détruisait à chaque écart qu'il commettait. Parce que l'amour qu'il portait à cet homme n'était pas suffisant devant la déception et la peine qu'il éprouvait.

En deux ans, Fred se demandait si vraiment, il avait été apaisé dans son couple. Pierre était le roi des promesses non tenues et des dérapages. Frédéric avait l'impression d'être la risée de tous puisque tous savaient combien l'homme qui partageait sa vie préférait partager ses nuits avec les autres.

Fred sentait que son cœur s'usait et il n'était plus certain d'être capable de lui pardonner encore et encore. Il s'en voulait de rester dans une relation où il avait l'impression de ne pas être assez ou encore de ne plus être à sa place. Ce soir comme tous les autres, il n'y avait pas la paix dans leur histoire puisque Pierre s'était fait encore attraper et Fred s'était encore fait avoir.

Le mettre face à ses mensonges et à ses contradictions était devenu la triste réalité de Frédéric, mais ce n'était pas ça le plus douloureux puisque Fred devait encore supporter les explications fumeuses de son homme pour justifier l'injustifiable.

Fred, enfoncé dans le canapé, muet, regardait son homme s'agitait comme s'il avait raison et se perdant un peu plus dans les abysses de ses explications dont seul lui était convaincu.

- D'accord, il m'a sucé, mais franchement Fred, je ne pense pas que sucer, ce soit tromper, finit par conclure Pierre.

En silence et le cœur en proie à ses désillusions, Fred réalisa que Pierre était encore capable de l'étonner par son audace très mal placée. Il ne savait même pas quoi répondre après une telle chose et il avait le cœur en miette. Des morceaux disséminés un peu partout en lui, tranchant chaque organe et laissant peu de chance à l'idée que ce dernier puisse être recollé puis qu'il se mette à rebattre au diapason avec celui de Pierre.

- Sucer ce n'est pas tromper ? Demanda Fred, abasourdi et le regard rempli de désenchantement puis de peine. 

Pierre ne saisit pas ce que Fred ne disait plus. Cette question était rhétorique et n'attendait aucune réponse puisqu'il était déjà trop tard, mais Pierre insista dans sa bêtise abyssale.

- Pour moi, ce n'est pas tromper Fred ! Si mon corps agit, mon esprit et mon attachement à toi ne change pas puisque c'est toi que j'aime, Fred.

Fred baissa la tête, se sentant émotionnellement épuisé et se demandant pourquoi il se causait autant de douleur en restant là. Puis finalement, il se leva, enfila sa veste afin de s'en aller de l'appartement de Pierre.

- Tu ne devrais pas prendre à la légère chaque fois que tu prétends m'aimer Pierre. Tu devrais prendre le temps de peser cette phrase chaque fois que tu me le dis et tu comprendras qu'en réalité, tu ne m'aimes pas Pierre. Tu aimes peut-être l'idée d'être en couple, mais pas moi, répondit simplement Fred sans esclandre.

Il attrapa son portable et s'en alla de l'appartement.

Pierre l'avait regardé faire et agacé de ne pas avoir su convaincre son mec, il se laissa retomber sur le canapé dans un long soupir. Il saisit son portable pour envoyer un message à Maria afin de savoir où ils étaient et s'il pouvait les rejoindre afin de se changer les idées de cette énième dispute de couple.