La petite larve jalouse . 14

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Les inquiétudes de Pierre . 14



Deux semaines plus tard

Une légère brise caressait sa peau ce soir-là et perchait sur sa tour à contempler Paris, Pierre pensa qu'il se faisait bien tard et qu'il n'avait pas eu des nouvelles de Benjamin de la journée alors il regarda sa montre qui indiquait déjà vingt-trois heures quarante. Pas un coup de fil et il n'avait répondu à aucun des messages de Pierre tout au long de la journée.

Leur couple n'était peut-être qu'une parodie parfaitement assumée, mais ça ne ressemblait pas à Benjamin de ne pas donner signe de vie pendant ses heures de boulot. Habituellement, c'était lui qui appelait ou envoyait des messages au jeune homme afin de s'assurer que ce dernier passait une bonne journée.

Pierre écrasa sa clope dans le cendrier et soupira en continuant de fixer la ville depuis la terrasse de la chambre de son compagnon. 

Ce silence inhabituel de Benjamin, le rendait anxieux et il ne pouvait empêcher son cerveau de divaguer puis imaginer que finalement, son mec en avait marre de lui et de sa présence, bien qu'il n'y avait aucune raison apparente pour que ce dernier se soit lassé de lui. 

Si les gens comme lui s'inquiétaient de perdre leur relation ou encore le confort qu'apportait l'amour, Pierre se faisait du souci à l'idée de perdre le confort matériel que cette relation lui apportait. Ces derniers mois aux côtés de Benjamin lui avaient permis de réaliser que c'était précisément ce qu'il avait toujours voulu, ne s'inquiéter de rien par rapport à l'argent et tout avoir.

Maintenant, il se retrouvait à se demander si Benjamin n'était pas avec un autre homme ce soir et c'était certainement le pire des scénarios parce qu'il ne finissait toujours pas se monter la tête à imaginer ce dernier dans les bras d'un autre. 

Et si Benjamin finissait par tomber amoureux d'un homme merveilleux ? Suffisamment merveilleux pour qu'il puisse mettre un terme à leur arrangement. 

Il ne se leurrait pas et avait pleinement conscience de n'être que de passage dans la vie de cet homme qui n'avait pas de sentiments pour lui, mais qui adorait simplement sa présence. Cette pensée le fit frémir et il se demanda ce qu'il gagnerait le jour où Benjamin arrêterait tout ça. Peut-être qu'il devait commencer à être un peu plus malin et à anticiper petit à petit cette fin inévitable en s'assurant de ne pas retourner dans ce qu'il appelait « médiocrité » si Benjamin rompait avec lui.

Parce que c'était de cela qu'il s'agissait, une relation basée sur des intérêts bien clairs.

- C'est ici que tu te caches ? Lança la voix de Benjamin derrière, en le rejoignant sur la terrasse.

Pierre ne prit même pas la peine de se tourner en sa direction et continua sa contemplation nerveuse de la ville alors Benjamin s'avança. Il voulait l'embrasser, mais Pierre eut un geste de recul alors le plus vieux ne s'en formalisa pas, n'insista pas et prit place à ses côtés en devinant parfaitement que quelque chose n'allait pas ce soir-là.

- C'est maintenant que tu rentres ?

- J'ai eu une journée chargée et elle s'est éternisée, répliqua Benjamin en s'étirant légèrement.

- Répondre à mes messages ou appels, c'est optionnel aussi ?

- T'es énervé parce que je bossais, si je comprends bien ? Demanda Benjamin.

Il avait posé calmement la question, mais Pierre eut l'impression que ce dernier était presque dans la provocation.

- Joue pas à ça Ben.

Une libellule sur un roseau.Όπου ζουν οι ιστορίες. Ανακάλυψε τώρα