Epilogue

49 2 12
                                    

Le ciel était noir, piqueté d'étoiles brillantes et froides. On n'imagine pas, depuis la Terre, à quel point il peut y avoir d'étoiles dans le ciel, loin de toute lumière parasite. Ce qui avait le plus surpris Claire, lors de ses premières incursions dans l'espace, c'était l'aspect de ces étoiles. Loin de toute atmosphère, les étoiles n'avaient pas ce scintillement familier des soirs d'été. Elles brillaient simplement, fixement, claires et lointaines.

Mais, dans cet univers, elles n'étaient pas inaccessibles.

Claire baissa les yeux. Elle était assise sur le plus haut gradin d'un petit amphithéâtre de pierre, dans un parc soigneusement entretenu, entre deux bâtiments bas aux toits inclinés. La pelouse parfaitement tondue voisinait avec les arbustes tout autant disciplinés et les fleurs plantées au cordeau. Un peu plus loin, une esplanade. Encore plus loin... les étoiles. Plus brillantes, plus nombreuses et plus froides qu'elle ne les avait jamais vues. Et pour cause. Seul un fin dôme de transparacier la séparait du vide spatial.

Lorsque le groupe de Libertans avait enfin regagné le quartier général des insurgés, Claire l'avait contemplé lors de leur approche, abasourdie. C'était la première fois qu'elle le voyait depuis l'extérieur, car jamais encore, jusqu'à ce jour, elle ne s'était trouvée dans un cockpit au moment de l'arrivée ou le départ de la base des Libertans.

Et elle ce n'était pas du tout ce à quoi elle se serait attendue...

Car en face d'elle, s'étendait une station orbitale de plaisance, du genre de celles qui gravitaient autour de Kivilis. Une sorte de gigantesque cylindre asymétrique, plus étroit en son milieu, couronné sur son extrémité la plus large d'un immense dôme d'acier transparent. Sous le dôme, des jardins, de multiples bâtiments, et même un lac, formaient un immense complexe, normalement réservé aux loisirs des oisifs fortunés de cet univers.

Ces stations orbitales étaient des lieux de résidence excentriques, mais elle n'en avait jamais vu d'aussi grandes... ni d'aussi armées. Car il ne fallait pas s'y tromper ; la structure avait clairement été modifiée et agrandie, hérissée de passerelles et de rampes de chargements et de missiles.

Camyl avait remarqué son air stupéfait.

— C'est vrai, avait-elle souri depuis le fauteuil du copilote, tu n'as jamais vu Claée de l'extérieur... !

— Claée ?

— La Station Claée, avait précisé la jeune Libertan. Notre QG. A chaque fois que je la vois, j'ai l'impression de rentrer à la maison.

— C'est normal, c'est la tienne, avait répliqué Giles, vautré dans le siège du pilote. Franchement, si j'avais eu un truc pareil à moi...

Les évènements d'Armora avait eu raison de tout vouvoiement entre les quatre jeunes gens. Survivre à une mort certaine, ça vous abat des barrières.

— Quoi, c'est à toi ? l'avait interrompu Claire en regardant Camyl. Il me semblait bien que Marc m'en avait parlé, mais je croyais qu'il me mentait...

— Marc, mentir ? avait ricané Giles. Il est désespérant d'honnêteté, celui-là ! Tu ne t'en es pas encore rendue compte ?

Camyl l'avait fait taire d'un geste agacé.

— C'est tout ce qui fait le charme de ton frère, mais ça, tu n'es pas capable de le comprendre... Oui, Claée était à moi. Mais je l'ai donnée aux Libertans dès que j'ai quitté... dès que je les ai rejoints.

Et Camyl, en peu de mots, lui avait expliqué comment, alors que les Libertans recherchaient un endroit d'où ils pourraient coordonner leurs actions, elle leur avait proposé d'utiliser Claée, qu'elle avait héritée de sa mère, issue d'une très vieille famille. Elle n'avait pas parlé cependant de la façon dont elle avait quitté Kivilis et tourné le dos à son père. Son visage se fermait dès que le nom du Président Molla venait dans la discussion, et Claire n'osait pas encore lui poser de questions à ce sujet.

Kivilis - Le Cycle du Vortex, T1Where stories live. Discover now