Chapitre 68

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Un bruit assourdissant leur fit soudain rentrer la tête dans les épaules. Les soldats qui les maintenaient en joue levèrent brusquement leurs armes, cherchant l'origine des déflagrations qui cascadaient tout autour d'eux, tandis que les techniciens se jetaient à terre en criant. Le sol se souleva sous leurs pieds, alors que des alarmes se mettaient à hurler dans tous les sens. Les passerelles qui menaient à la plateforme centrale se tordirent sous l'effet de nouvelles explosions, et commencèrent à pencher dangereusement vers le sol du hangar, loin en contrebas.

Marc, l'œil soudain beaucoup plus vif, sourit, et Claire comprit alors. Pendant que Leftarm était occupé avec elle, il avait utilisé son poeïr pour déclencher quelque chose. Mais quoi ? Comment ?

Le Seigé n'avait pas bougé, malgré le bruit et la plateforme qui s'était mise à tanguer. Il hocha la tête, vaguement amusé.

— Impressionnant, ce petit tour. Mais j'ai bien peur que cela ne vous serve pas à grand-chose.

Il embrassa la salle du regard, puis les fixa à nouveau avec un dédain ironique, alors que les échos des explosions se taisaient, et que le sol cessait peu à peu de trembler.

— Vous avez peut-être réussi à déclencher vos détonateurs à distance, déclara-t-il, faussement contrit, mais vous n'aviez pas eu le temps de mettre suffisamment de charges pour faire de vrais dégâts. Tout ça pour ça !

Le bref espoir qui l'avait saisie s'éteignit d'un coup, comme la flamme d'une bougie, et elle vit le sourire de Marc disparaître.

Dans la même seconde, ils entendirent alors un grand cri, puis un plouf, puis un deuxième, suivi de deux hurlements à glacer les sangs, qui s'éteignirent tout aussi vite. Ils se regardèrent, interdits.

L'un des techniciens courut vers le Seigé, tandis que les autres se précipitaient vers la passerelle effondrée, de l'autre côté de la colonne.

Seigé, vite ! C'est une catastrophe !

Une nouvelle alarme se mit à sonner. Mais cette fois, une voix suave emplit l'air :

Attention, attention ! Une surtension majeure a été détectée. Le système de refroidissement est corrompu. Pour votre sécurité, nous vous demandons d'évacuer immédiatement le Complexe. Attention, attention ! Une surtension majeure a été détectée...

Les soldats qui les entouraient se lancèrent des regards incertains par-delà leurs casques. Le technicien expliqua précipitamment, d'une voix blanche :

— Quand la passerelle Sud s'est effondrée, ils – les collègues - sont tombés dans les cuves ! Tous les deux !

— Qu'est-ce que vous attendez ?! Sortez-les de là ! ordonna Leftarm.

Claire porta malgré elle une main à sa bouche, horrifiée. Il devait sans doute parler des deux techniciens blessés qu'elle avait enjambés avant d'arriver... n'était-ce que quelques minutes plus tôt ?

— C'est trop tard, balbutia le technicien. Ils sont déjà morts !

— Je le sais bien ! le coupa le Seigé. Mais il faut empêcher à tout prix le combustible de se réchauffer davantage !

— Les systèmes de sécurité ont été sabotés, Seigé ! rapporta un soldat qui arrivait en courant.

Attention, attention ! Une surtension majeure a été détectée...

— Il va y avoir une réaction en chaîne, hurla un autre technicien depuis sa console, hystérique. On ne peut pas stabiliser les réacteurs, pas avec deux cuves de refroidissement compromises ! Et les modules de sûreté ont été bypassés ! Il faut partir d'ici !

Kivilis - Le Cycle du Vortex, T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant