Chapitre 56

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Les Libertans la virent blêmir brusquement, portant les mains à sa bouche.

— Vous connaissez cette planète ? s'étonna Camyl.

Claire hocha la tête, soudainement incapable d'articuler une parole. Les trois Libertans se penchèrent vers elle.

— Vous voulez qu'on trouve un endroit plus calme pour en parler ? demanda doucement la jeune femme.

Claire acquiesça, égarée. D'autorité, Camyl désactiva d'un geste ses entraves de pieds, sans même consulter les autres. Giles leva les yeux au ciel, puis porta ostensiblement la main à son holster, défiant Claire du regard. Celle-ci l'ignora, effondrée.

Ils se levèrent, et elle s'étonna que ses jambes puissent toujours la porter. Sous les yeux curieux des autres réfugiés, ils atteignirent la porte des soutes. L'un des hommes d'Aucyne s'interposa.

— Vous ne voyez pas qu'elle ne va pas bien ? protesta Camyl avec hauteur. Nous devons absolument aller à l'infirmerie.

Elle devait effectivement être pâle à faire peur, car après un instant de réflexion, le garde s'effaça pour les laisser passer, tentant cependant de retenir Marc et Giles. Après une brève discussion avec le pilote, où quelques voxels changèrent de main, l'employé d'Aucyne se ravisa, et les salua même d'une courbette.

L'infirmerie était petite, propre et vide. Giles ferma la porte derrière eux et inspecta soigneusement les lieux avec Marc. Ils firent ensuite signe à Camyl.

Claire s'était assise sur la couchette, assommée. Les pensées tourbillonnaient dans sa tête. Elle aurait voulu plus de temps, elle aurait voulu réfléchir. Elle aurait voulu protester, dire que ce n'était pas vrai, qu'ils lui mentaient.

Mais elle savait. Tout avait changé.

Car elle savait qu'elle allait parler.

— Alors, que savez-vous à propos de PKX348E-3 ? reprit doucement Camyl.

— C'est ma planète, dit-elle simplement.

Un silence accueillit ses paroles.

— Mais c'est à des années de vol en ultralux ! protesta finalement Giles.

— Très exactement, dix-huit années, précisa Claire d'un ton glacé, comme si c'était une étrangère qui parlait à sa place.

Dix-huit ans de vol en ultralux, à vitesse maximale, sans compter les nécessaires escales pour faire le plein et les détours pour éviter trous noirs et zones dangereuses. Bien plus, donc, en réalité. Combien de fois j'ai fait les calculs, au tout début, avant de me résigner ?

— Vous êtes arrivée par ce fameux Vortex... comprit Camyl. La dernière fois.

Elle acquiesça.

— Oui. Il y a un peu plus d'un an et demi. Ce n'était pas volontaire...

— C'est impossible, coupa Giles.

Les deux autres tournèrent la tête vers lui. Il secoua la tête et poursuivit :

— C'est bien le Vieux - Seigé Leftarm -, le responsable du projet ? (Camyl hocha la tête) Bon, je le connais pas aussi bien que vous, et heureusement, mais de ce qu'on raconte, il n'est pas du genre à laisser vivants les civils qui ont vu ses petites installations secrètes ! Surtout celle-là !

Manifestement, la remarque avait fait mouche car lorsque les regards se tournèrent de nouveau vers elle, ils attendaient une explication. Giles croisa les bras, l'air de dire, alors, comment tu t'en sors, de celle-là ?

Kivilis - Le Cycle du Vortex, T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant