Chapitre 21 : De retour dans le district 2

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Pendant un moment, on resta isolé du reste du Capitol, le Président Snow et moi. D'un coup, les hurlements des capitoliens se firent lointains et les confettis devinrent flous. Il ne resta que le Président Snow avec moi, dans cette bulle hors du temps. Son sourire magnétique me hapa complètement, prenant ma respiration avec un simple regard. Plus il plongeait ses yeux de cristal dans les miens, plus j'halletais. Il souriait, encore et encore, jusqu'à ce que tout s'arrête.
Il recula et brisa son emprise sur moi. Et comme si je venais de retenir ma respiration, beaucoup trop longtemps, je me mis à revenir à moi. Le bruit que faisait les capitoliens, me revint en pleine figure, m'attaquant de toute part. Il y eu une explosion dans le ciel étoilé, je levai alors la tête pour voir un feu d'artifice. C'était "ça" le bruit. Et tandis que le Président se déplaçait vers Cato, se dernier jeta un regard vers moi, prenant un malin plaisir à me voir revenir de son emprise. A me voir me maintenir forte, devant les caméras. Il l'avait fait exprès !
Il se mit alors en face de Cato et attrapa sa couronne de lauriers pour la mettre au dessus de la tête de mon partenaire. Il fit ensuite un petit discours : "Je te couronne, Cato Hadley tribut du district 2, Vainqueur de 74ème Hunger Games. Puisse le sort continuer à t'être favorable". Il posa ensuite la couronne sur sa tête et un second feu d'artifice enflamma le ciel.

Le Président Snow nous invita ensuite à le rejoindre sur le devant du balcon. Entre Cato et moi, il nous prit chacun une main et les leva. Le Capitol hurla encore fois, de plus belle. Ma parole, demain les capitoliens n'auraient plus de voix!
Dès que le Président Snow décida que le couronnement touchait à sa fin et il nous accompagna vers le salon royal. Enobaria, Brutus et Nemesis, se mirent de côté pendant qu'un Pacificateur alla chercher le photographe de nouveau. On fut pris en photo, cette fois-ci avec le Président Snow. La séance dura à peu près une dizaine de minutes, ce qui était deux fois plus rapide que la première. Ça avait été d'une gênance absolue, de poser à côté de lui. Ensuite, il nous serra la main, et je fis en sorte de croiser le moins possible son regard.

Un Pacificateur, nous encadra, Cato et moi, et on quitta le bâtiment. En arrivant dehors, un char doré, décoré sur les thématiques du district 2, nous attendit. Deux boucliers avaient été accrochés sur les côtés et sur les barres de sécurité, des lianes de fleurs de belladone et calendula avaient été tissées. On monta dessus pendant qu'Enobaria, Brutus et Nemesis montèrent dans la voiture blindées, derrière nous. Bon, les organisateurs avaient bien fait une fixette sur l'empoisonnement de Cato. J'avais la fleur maudite dans les cheveux et lui, la couleur de la fleur salvatrice sur les bottes.
D'une main, on s'accrocha à la barre de sécurité devant nous, et avec l'autre, on entrelaça nos doigts. Puis, sur l'air de l'hymne de Panem, on roula tiré par deux chevaux, dans les rues du Capitol. Les capitoliens se mirent dans les rues et jetèrent des fleurs multicolores et des confettis. Ils nous disaient: "Au revoir!", "À bientôt!", "Je t'aime!"... Certains pleuraient même. Je n'arrivais pas à savoir s'ils étaient tristes ou heureux, en fait. Ça devait être les deux à la fois, ce qui était une prouesse émotionnelle. Après, ils étaient du Capitol, leur vision des émotions était bien différente de la notre.
Il faisait nuit et pourtant, jamais je n'avais vu le Capitol aussi illuminé, sous un tourbillons de couleur. Je souriais, contente d'avoir autant de reconnaissance, mais surtout car ma survie et celle de Cato, dépendait de ce sourire. Cato leva nos mains jointes en l'air, pendant que le char dévalait la route vers la gare. On repartait ce soir, pour le 2.
Un tireur parfaitement posé sur un de ces bâtiments pourrait facilement abattre Cato. Et qu'est-ce que je pourrais y faire? Je n'avais pas de couteau à lancer. Donc si on voulait tuer Cato ici, les dés étaient lancés. Je décidais donc d'accepter la possibilité de le laisser mourir, si ça devait arriver maintenant. Comme sur le balcon, qu'est ce que j'aurais pu bien faire? Rien. Sa vie n'était plus entre mes mains. Alors, ça ne servait plus vraiment à rien de s'inquiéter dans le Capitol. Plus tard, peut-être, mais pas là. Je pris alors un malin plaisir de profiter de ma victoire. Je n'avais pas fait tout ça pour rien. Je méritais une victoire sur un char lancé à toute vitesse. Je méritais l'engouement et la joie de mes supporters du Capitol. Je méritais leur feu d'artifices et encouragements. Je méritais d'être une héroïne. Je méritais tout. J'avais fait un carnage.
Alors, tandis que je finissais ma course vers la gare du Capitol, je fermais les yeux profitant une dernière fois de la sensation de liberté que ce char m'offrait. Pour une fois, un instant, la victoire était à moi. Juste à moi.
Puis je tournai ma tête vers Cato, qui souriait lui aussi, embrassant la joie comme moi. Lui aussi, il vivait son moment, comme si c'était le dernier. On ne pouvait plus rien faire. Alors, comme des hystériques on se mit à rire. Ce moment était à moi, à lui, à nous. Le reste de nos vies ne le serait plus vraiment, tant que le Président Snow de lâcherait pas sa menace. Tant que la promesse ne serait pas tenue. Et là, on n'en savait rien. Alors autant profiter plutôt que de psychoter. C'était très rare chez moi d'agir de la sorte, mais il y avait de petites occasions où je me le permettais. À ce moment, plus rien ne compta, à par la bulle de joie qu'on avait créé avec Cato.

Les Jeux ne sont jamais favorables : Clove et Cato.Tahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon