Chapitre 13 : La Faille

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Le cinquième jour arriva, flamboyant devant mes yeux. Ce fut un beau lever de soleil gâché par un inconfort total. J'avais mal au dos, surtout aux omoplates et aux bras. J'avais sous-estimé la chute des pierres de la veille. Saleté de garçon du 3, pensais-je en soufflant. J'avais faim aussi et chaud. Ça faisait à peine cinq jours que j'étais dans cette arène et je n'en pouvais plus de manger que du lapin.
Heureusement, une petite musique me sortis de ma réflexion. Deux parachutes volèrent vers moi et se posèrent dans les branches de mon arbre. Doucement, je fis une petite manœuvre pour les attraper, sans tomber. Je souris. Plus les jours avançaient, plus les prix des cadeaux envoyés aux tributs devenaient chers. Ça voulait dire qu'on continuait à parier sur moi.
J'ouvris le cadeau le plus lourd, à peine eus-je soulevée le couvercle, qu'une bonne odeur m'arriva au visage. J'avais déjà reçu à manger dans l'arène, mais je n'avais même pas fait attention au plat que j'avais avalé. Là, je pris le temps d'observer ce que j'avais. De la fumée émergea directement de ce plat qui sortait tout droit des cuisines du Capitol. Il s'agissait d'une belle pièce de bœuf saignante, avec du riz et des légumes. Dans le parachute, j'avais aussi obtenu des couverts en bois. Ce n'était pas vraiment le petit déjeuner classique, auquel j'étais habituée, mais il me donnerait des forces. Je pourrais tenir la journée grâce à ça. Un plat complet comme celui là, avait sûrement dû coûter cher. Je pris alors du plaisir à enfin manger quelque chose de bien cuisiné. Lentement et sûrement je savourais chaque bouchée de mon plat. Ça faisait tellement du bien. Jamais je n'avais autant rempli mon estomac avec autant de satisfaction. A la fin, il ne resta plus rien dans la conserve du Capitol. Je bus même le jus de la viande. Dans le boîtier qui avait contenu mon repas, un mot avait été glissé par Enobaria : "Savoure ton plat". Je souris. Oh ne t'inquiète pas, pensais-je, c'est ce que j'ai fait. Mais cela confirmait bien mes hypothèses sur les prix élevés des cadeaux pour les tributs.
J'ouvris la seconde boîte et en sortis une conserve, qui ressemblait à celle que Pearl avait reçu pour son dos. Sur la petite conserve métallique, il y avait un second message d'Enobaria : "Fais en bon usage, applique bien". Elle avait dû remarquer que des pierres m'avaient touchée hier. Personnellement, je n'avais jamais pensé que ce serait "grave" au point de recevoir une crème.

J'eus un moment d'arrêt. Avec l'aspect métallique de la conserve, je pus avoir un aperçu, assez flou, de mon visage. J'étais absolument affreuse. Des cernes commençaient à se dessiner en dessous de mes yeux et surtout, j'avais un bleu sur le visage. Je pris le pot de crème et plongeai ma main dedans pour commencer à masser la zone bleue de mon visage. C'était sûrement dû au coup que j'avais envoyé à Valeria. Elle devait avoir une sacré tête, elle aussi.
En utilisant mon pot métallique, je sus où appliquer la crème sur mon visage. Je pris le temps de masser et de faire pénétrer la crème. De toute façon, j'étais assez haut dans l'arbre, personne ne pouvait me trouver. Une fois que j'eus fini avec mon visage, je retirai ma veste et observai mes épaules. J'étais remplie d'ecchymoses. Malheureusement pour moi, je n'étais pas assez souple pour atteindre mes omoplates. Je ne pus que m'occuper de mes bras et ce fut déjà bien.
Bizarrement, je ne ressentis que très peu de douleur, juste de l'inconfort. Cela faisait longtemps que mon corps n'avait pas ressemblé à ça. J'avais un peu l'impression d'être une étrangère à moi-même. J'avais l'impression de retourner vers une époque révolue de ma vie. Un échec. Les blessures étaient pour moi des signes de faiblesse. Des flash-backs de ma première année me revinrent en pleine figure. Rapidement, en secouant la tête, je les fis disparaître. Je finis rapidement ma tâche et rangeai ma crème dans mon sac à dos. Je fis attention à chacun de mes mouvements au moment de me détacher de l'arbre et d'amorcer ma descente. J'avais bien sûr sonder l'espace, histoire de ne pas tomber bêtement sur un tribut ou un animal génétiquement modifié.

Je mis un pied au sol, puis un second. J'avais souffert le long de ma descente. Mon corps avait été mis à rude épreuve, mais au moins j'étais soignée et j'avais bien mangé. Si je devais me plaindre, cela ne pouvait qu'être uniquement contre moi-même. Et en silence.

Les Jeux ne sont jamais favorables : Clove et Cato.Where stories live. Discover now