― 𝓔𝓵𝓵𝓮 regardait le ciel en craignant le futur ❞
C'est un concentré de mes sarcasmes déplorant la bêtise du monde et ce qu'il pourrait advenir dans l'une de ses funestes contingences.
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Celle-ci le saisit humblement, sachant ne pas posséder une telle somme actuellement, elle l'examina sous toutes les coutures, compta quatre fois ses deux zéros et le glissa sous son nez pour le renifler comme un animal. Puis son regard dément se posa sur la théière toujours sur la table de la cuisine et dont le bec fleuri se tendait vers le plafond comme un index provocateur.
Impossible n'est-ce pas ? C'était exactement ce qu'était en train de penser Sylvie (toujours assise par terre, mais cela, elle semblait l'avoir oublié), cependant, il y avait ce désir viscéral qui lui hurlait d'y croire, qui se retournait dans son ventre pour abrutir sa raison et transcender son corps afin qu'il ne réponde plus qu'à son avidité bouillonnante. Fais-le, fais-le, fais-le, fais-le.
Alors Sylvie, en glissant le billet dans son soutien-gorge, s'approcha lentement de la théière en lorgnant les fleurs qui entremêlaient leurs tiges de la base jusqu'à l'anse pour éclore sur la céramique blanche. Elle ouvrit d'abord la théière : elle était vide, ce n'était pas si surprenant mais Sylvie fut tout de même déçue, elle voulait croire l'impossible. Puis la douleur à son postérieur revint par vague et lui donna une idée qui se fixa dans son esprit comme la grosse tâche d'encre au milieu de son chemisier blanc préféré.
Fais-le, fais-le, fais-le, fais-le. Elle plissa les yeux, alors en plein conflit intérieur, puis frappa un grand coup sur la table avec sa main : la théière trembla, mais son bec verseur ne cracha aucun billet. La chaire rouge et fourmillante de sa paume n'était pas suffisante, ce fut cette idée qui s'imposa à son esprit alors que ses yeux n'avaient pas quitté les dessins tortueux sur la céramique blanche de la théière et son bec verseur miraculeux.
— Sylvie ! S'écria-t-elle pour combler le silence de la pièce.
L'écho qui résonna dans la pièce l'atteint comme une gifle, elle avait une conscience aiguë de l'espace autour d'elle, des murs défraîchis et rongés par l'humidité qui l'entouraient ; alors elle se décida à aller chercher le marteau dans leur débarras puis revint très calmement devant la théière pour placer sa main gauche bien à plat sur la table à manger. De sa main droite, elle soupesa le marteau tandis que ses yeux alternaient les aller-retour entre la théière et sa main. Sa main et la théière. Fais-le, fais-le, fais-le, fais-le. Puis avant d'avoir eu le temps de reprendre une inspiration ou de réfléchir elle frappa un grand coup, la tête du marteau s'enfonça dans sa main gauche avec un craquement sourd et aussitôt la théière expulsa de son bec verseur trois billets qui s'échouèrent au sol.
Ce fut la fin de la pauvreté pour Sylvie : la souffrance physique lui octroyait, grâce à la théière, une richesse qu'elle n'avait encore jamais atteinte.
