6

9 4 7
                                    

Max était allé au bord de l'eau

Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.

Max était allé au bord de l'eau. Elle était chaude, un peu froide aussi, mais toujours aussi bleue.

La femme en face de lui - Isidore savait son nom, mais pas lui, Isidore avait voulu le garder pour lui seul - lui jeta un regard amoureux. Elle était rentrée dans l'eau jusqu'aux cuisses et les vaguelettes lui léchaient les fesses.

Max aimait aussi la regarder, elle et la mer. L'océan. Le bleu, l'écume, les vagues. Il n'avait jamais vu de femmes aussi belle, ronde avec des formes pleines, et avec un sourire aussi beau.

Ses yeux avaient la couleur de l'abysse.

L'amour totalement inconnu, absolument inconditionnel qu'il sentait l'envahir à chaque fois qu'il la regardait était indescriptible.

L'amour, les vagues et la femme.

Elle tendit les bras vers lui, elle le regardait toujours avec amour, trop d'amour. Il se noyait, beaucoup trop d'amour.

Mais ce n'était pas à lui qu'elle le destinait.

Ce n'était pas lui qu'elle regardait.

Ce n'était pas son nom qu'il pouvait lire sur ses lèvres.

"Isidore"

Maximilien ouvrit brusquement les yeux, il avait l'impression d'émerger d'une longue apnée dans les abysses.
Son souffle était calme, mais il avait l'impression que ses poumons le brûlaient.

Tout va bien papa ?

Une plongée en abysse ?

Béatrice ?

Il lui jeta un regard tout étonné, il hallucinait maintenant ? Comment sa fille pouvait être face à lui ? Il avait délaissé sa famille pour vivre reclus dans une carrière lorsqu'il avait hérité Isidore de son père.

Béatrice lui adressa un large sourire.

Béatrice, murmura-t-il la voix débordante d'émotions.

Mais comment savoir s'il s'agissait des siennes ?

Bonjour papa.

Enfin, comment...?

C'est toi qui m'as appelé, voyons. Tu ne t'en souviens pas ?

Maximilien lui jeta un regard circonspect. Appelé ? Il se leva subitement dans une poussée d'adrénaline qui lui brûlait les bras. Il se pencha à la fenêtre - quelques bouts de verre à peine transparent.

Personne ne sait que tu es là ? Personne ne t'a suivi ? N'est-ce pas ? Béatrice ?

Bien sûr que non, rassura-t-elle face à sa panique.

Il balaya la pièce du regard et tomba sur la petite silhouette toujours immobile au centre de la pièce.

Tu as déjà un enfant ?

Oui.

Son instinct paternel surgit des tréfonds de sa conscience, un instinct qu'il pensait n'avoir jamais possédé.

Tu es jeune.

Tout le monde a des enfants jeunes maintenant.

Ah bon. Avant, c'était normal d'en avoir à plus de vingt ans.

Le temps de souvenirs a diminué, papa. Désormais, passé quinze ans, les enregistrements deviennent impossibles, alors tout le monde essaye de se faire le maximum de souvenirs avant la date limite.

Maximilien ne sut pas vraiment quoi répondre, Béatrice semblait différente du petit bébé qu'il avait tenu dans ses bras. Tellement différente.

C'est aussi pour ça que je suis là, ajouta Béatrice.

Ah bon ?

Oui, je voulais que tu puisses voir ma fille. Je n'espérais plus, c'est si rare de vivre jusqu'à ton âge de nos jours.

Ha bon.

Béatrice posa sa main sur la sienne. Elle pressa sa paume.
Deux paumes déjà si vieilles et usées.

Je suis contente que tu m'aies contacté.

Maximilien sentit sa poitrine se serrer, il avait l'impression que sa cage thoracique se contractait pour peser sur son cœur et l'empêcher de respirer. Comme un dernier cri désespéré, son âme s'écria :

Je t'aime ! Pardon, je t'aime...

Béatrice sourit.

Si tristement.

Je t'aimais.

Je t'aime aussi.

Et je t'aimerai.

Sans jamais t'oublier.

Recueil de NouvellesWhere stories live. Discover now