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Maximilien préférait qu'on l'appelle Max, il trouvait son nom long, moche et disgracieux

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Maximilien préférait qu'on l'appelle Max, il trouvait son nom long, moche et disgracieux. Le nom qu'il préférait, c'était celui d'Isidore, comme tous les Isidore avant lui.

Mais Max savait qu'il serait un Isidore qui se démarquerait de ses prédécesseurs.
Car depuis la grande migration vers les profondeurs, il était le premier des Isidore à atteindre la surface.

Isidore se mit debout et marcha quelques pas. Il revoyait les plaines d'herbe verte et grasse, les grands arbres majestueux étendre leur feuillage dense et enraciner leur tronc noueux dans la terre fertile. Il entendait le bruit de l'eau, comme le gloussement mélodieux d'une dame et pouvait sentir l'air frais et pur, le respirer à pleins poumons.

Max se mit debout et marcha quelques pas. Il ne voyait qu'une terre noire et nue, une étendue vierge de laideurs infinies. Le sol sous ses pieds était dur et sec. Où était le paradis des souvenirs d'Isidore ?

C'était un désert de mort à perte de vue, sans la moindre tâche de verdure. Sur les collines, au creux de l'ombre ou au bord de très ancien lit de rivière asséché, pas la plus petite trace d'herbe ou de feuilles. Les fleurs n'existaient plus que dans l'esprit d'Isidore.

Tout comme le ciel : une grisaille aux aspects blanchâtre par endroits, dense et épaisse. Lourde dans l'air et poisseuse sur la peau. Isidore était le seul endroit où le bleu persistait.

Max se sentit comme prit à la gorge par un rêve qui lui avait été arraché avant même qu'il ait pu y goûter.

Il comprit enfin pourquoi,
Sans eau, sans vie, sans air,
l'Homme était allé vivre sous la terre.

Comme tous ceux d'en bas, Max se réfugia dans la joie nostalgique de ses souvenirs pour échapper à la réalité.

Isidore sourit en glissant ses doigts entre les longues herbes qui lui chatouillaient les hanches. Il était sur la côte balayée par l'embrun marin. L'odeur de sel se mélangeait au concert des vagues qui s'écrasaient contre la pierre et les cris des mouettes qui criaient dans le ciel.

Max s'était exilé à la surface en voulant protéger Isidore. Il se demandait maintenant s'il était réellement capable de protéger sa mémoire.

Max continua à avancer, lentement, patiemment, il voulait profiter au maximum de l'embrun marin qui se brisait contre son visage.

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