Le lycée des Surnaturels (bxb)

Chapitre 64

Si nous étions dans un film, le réalisateur couperait certainement la partie que je suis en train de vivre pour ne garder que l'action finale. On me verrait juste gravir les premières marches et j'apparaîtrais ensuite au sommet de la tour Eiffel une seconde plus tard, frais comme un gardon et prêt à en découdre. Mais, comme je vis dans cette idiote de vraie vie, je suis obligé de me taper toutes ces satanées marches l'une après l'autre pendant un temps tout simplement interminable. Et autant vous dire que je n'arriverai en haut pas frais du tout. Si ça se trouve, je me taperais peut-être même un nouveau malaise et le groupe Arthur n'aura qu'à balancer mon corps inanimé dans le vide et je finirais écrasé comme une crêpe. J'espère que mon corps pourra être identifié pour qu'Auguste vienne se recueillir sur ma tombe. Quoiqu'il n'en aura sans doute pas envie, trop occupé à batifoler avec son âme sœur. Son bus doit à présent s'approcher peu à peu de Marseille.

Hop hop hop hop hop.

Je continue mon ascension en levant haut les genoux et en soufflant comme un bœuf.

J'aurais dû trouver un moyen d'actionner l'ascenseur ou utiliser mes ailes et zut pour la discrétion.

Pfff... Combien de marches reste-t-il encore ? Et si Hector et ses amis actionnaient l'artéfact avant que j'arrive en haut ?

Cette pensée me fait accélérer le rythme. Alors que je désespérais d'arriver où que ce soit, je débouche soudain sur la plateforme du dernier étage.

Le vent se met à siffler autour de moi, soulevant des flocons tourbillonnant qui dansent dans l'air. Contrairement à ma précédente visite, les lieux sont quasiment déserts, à l'exception de cinq personnes vêtues de l'uniforme de mon lycée : Hector, bien sûr, une vampire, un loup-garou, un triton et une fée. Ce sont bien les membres du fameux groupe Arthur. Et je confirme avec soulagement que Morgane n'est effectivement pas avec eux. La fée est en terminale et ne vient pas de Bretagne. Je ne sais même pas comment elle s'appelle. Tout ce beau petit monde est posté sur la plateforme, chaque créature différente placée sous le symbole la représentant, comme je l'avais expliqué lors de mon exposé. Oui, ils ont vraiment l'intention d'activer l'artéfact, ces imbéciles !

— Stop ! je crie.

Du moins, j'essaie de crier. Le son qui s'échappe de mes lèvres ressemble cependant au couinement d'une souris enrouée. Il ne suffit pas à attirer l'attention sur moi. Hector continue à gesticuler au milieu du dispositif.

— Un peu plus à droite, est-il en train d'ordonner à sa vampire qui s'exécute sans protester.

— Stop ! je répète un tout petit peu plus fort.

Cette fois-ci, je suis entendu. Ou vu, car je viens de faire quelques pas en agitant les bras. C'est la vampire qui se tourne vers moi la première, car les membres de cette espèce ont des sens très aiguisés. Puis c'est au tour du loup, puis de la fée et du triton. Hector est le dernier à m'apercevoir. Je vois ses yeux s'écarquiller avant de se plisser.

— Qu'est-ce que tu nous veux, le raté ? grogne-t-il. Dégage de là. Je ne t'ai pas invité.

Courbé en deux, j'essaie toujours de retrouver ma respiration.

— Je... Je... Je suis venu... Vous arrêter !

Ma cravate s'échappe de ma veste et se met à pendouiller devant moi, ce qui n'aide pas à asseoir ma crédibilité. Je ne suis donc pas surpris d'entendre Hector ricaner.

— Retourne au lycée, le nul, et laisse faire les pros.

Je me redresse.

— Non. Je ne vais pas vous laisser activer la tour. Qu'est-ce que tu espères, au juste ?