Chapitre 36

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Le lendemain matin, Morgane et moi  adoptons tous deux une étrange réserve, comme si notre conversation d'hier n'avait jamais eu lieu, tandis que nous nous habillons en prévision de la fête. En fait de conversation, je crois qu'il s'agissait presque d'une dispute. En tout cas, c'était la toute première fois que je surprenais ma jumelle en train de faire preuve d'une quelconque jalousie envers moi. Cette idée même me stupéfie. Morgane, la fée parfaite, envieuse de moi ?

Quant à Grand-mère, elle ne m'a pas fait un seul commentaire désobligeant depuis mon retour à la maison. Je ne sais pas ce que Maman lui a dit, mais cette petite discussion a été fichtrement efficace. En réalité, Grand-mère ne m'adresse pas du tout la parole ni même ne me regarde. Elle se comporte comme si j'étais devenu invisible, ce qui me convient très bien. Oui, parfaitement.

Maman a pris l'initiative de choisir ma tenue pour l'événement (apparemment, elle n'a pas confiance en mes goûts vestimentaires, que je sois ou non son supposé préféré). Elle a choisi de recycler le costume vert que j'avais porté pour l'anniversaire d'une de mes cousines. Il gratte un peu et je trouve que j'ai l'air déguisé en sapin avec. Enfin... Je préfère encore le porter plutôt que de m'attirer les critiques de Grand-mère. J'en ai déjà eu assez pour le reste de séjour. Je ne me laisserai plus faire. Et je me moque que ce soit son anniversaire (rappelons que ce n'est même pas un âge pile) ou que l'on soit censé se montrer respectueux envers ses aînées. Certaines aînées ne méritent tout simplement pas mon respect.

Mes boutons me démangent. Je remonte un tout petit peu ma manche pour me gratter plus aisément.

— Qu'est-ce que tu as aux bras ? me demande soudain Morgane avec qui je dois partager ma chambre chez Grand-mère, comme autrefois à la maison.

Je tire aussitôt sur ma veste.

— Rien du tout.

Cette protestation ne suffit pas bien sûr à calmer la curiosité de ma jumelle qui m'attrape sans douceur le poignet. Je gigote pour essayer de me dégager, en vain. Elle n'a plus qu'à remonter ma chemise pour dégager mon avant-bras. Elle me lâche aussitôt en voyant les boutons, craignant sans doute qu'ils soient contagieux.

— Qu'est-ce que c'est que ça ? glapit-elle, horrifiée.

Je recule d'un pas en couvrant à nouveau ma peau.

— Rien du tout. C'est juste... juste... mon allergie aux chiens, tu sais.

Morgane fronce les sourcils.

— À quel moment as-tu vu un chien ? Il n'y en a pas, au lycée.

Je soupire.

— Non, mais il y a des loups-garous.

Ma sœur reste muette un moment, le temps que son cerveau analyse la situation.

— Attends, finit-elle par me lancer. Tu sors avec un type dont tu es allergique ?

Je m'en veux un peu de tout mettre sur le dos d'Auguste alors qu'il n'y est pour rien, le pauvre. Je n'éternue même plus en sa présence. Mais je ne peux pas avouer la vérité. Et puis, il n'en saura rien.

— Hum...., je marmonne. Ce n'est pas grand-chose.

Morgane pose les poings sur ses hanches. Elle est magnifique, vêtue d'une robe rouge sombre et d'escarpins dorés. Son maquillage lui donne l'air plus âgée que moi (plus que de douze minutes et demie, je veux dire).

— Pas grand-chose ? Tu as montré tes boutons à Maman ?

Je regarde ailleurs.

— Pas encore. J'ai l'intention de le faire bientôt.

Le lycée des Surnaturels (bxb)Where stories live. Discover now