Chapitre 25

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Je me retourne et vois Hector, l'horrible magicien boutonneux, sortir à son tour du vestiaire, vêtu lui aussi d'un short qui flatte beaucoup moins sa morphologie que celle d'Auguste. Ses jambes sont maigres comme des brindilles et d'un blanc blafard. Quelques poils épars les parsèment par endroit et je crois même apercevoir une série de boutons d'acné pas plus esthétiques que ceux de son visage.

L'alpha se tourne vers moi, perplexe.

— Hein ? Tu n'es pas une fée ? s'étonne-t-il en clignant des yeux.

Je serre les dents, bouillonnant de colère d'être ainsi rabaissé en public et, surtout, devant Auguste. Si la plupart des gens font mine de ne rien avoir entendu, je vois deux autres loups me regarder en douce.

— B... Bien sûr que si. Et j'ai des pouvoirs.

Le magicien hausse les épaules et susurre :

— Mais certainement pas d'ailes.

Je croise les bras, la bouche remplie d'un goût désagréable.

— Qu'est-ce que tu en sais, d'abord ? je bluffe.

Il ne se laisse pas démonter une seule seconde, trop occupé qu'il est à afficher une expression méprisante. Ce n'est de toute façon pas comme si je pouvais lui faire ravaler ses paroles avec une bonne démonstration.

— Il suffit de laisser traîner ses oreilles...

Le prof nous interrompt à ce moment-là par un coup de sifflet qui s'entend à peine à cause du vacarme de la pluie qui s'abat sans discontinuer sur les larges fenêtres du gymnase.

— Ohé, les élèves du cours d'endurance sont priés de me suivre !

Nous regardons tous par la porte vitrée du gymnase. Les gouttes y coulent si vite qu'on ne distingue de l'extérieur qu'une masse floue.

— On va devoir courir sous la pluie ? se plaint Hector, d'un ton geignard, oubliant de me persécuter.

Le prof éclate de rire.

— Ce n'est pas cette petite bruine qui va nous arrêter !

J'écarquille les yeux.

Une petite bruine ? Cela n'a rien d'une petite bruine, et je suis Breton (c'est-à-dire que je m'y connais, en pluies).

— Pourquoi on ne peut pas utiliser le gymnase ? poursuit le magicien, tenace.

Le loup soupire.

— Parce que les fées le réquisitionnent pour leur course de vol.

Un grognement général s'élève et certaines personnes me foudroient même du regard, comme si j'étais personnellement responsable de cette situation. Il est vrai que les autres fées sont en train de s'éloigner pour entrer dans la belle grande salle propre et sèche.

— Mais ce n'est pas cela qui va nous arrêter, s'exclame le prof qui semble décidément souffrir d'un trop-plein d'énergie, comme tous les loups. Je crois apercevoir une éclaircie au loin. Hop hop, allons-y !

Il ouvre alors grand la porte par laquelle un vent réfrigérant en profite pour s'infiltrer en hurlant. Je me recroqueville sur moi-même en claquant des dents.

J'ai beau observer le ciel avec attention, je ne vois pas, pour ma part, cette fameuse éclaircie (et, encore une fois, je suis une sorte d'expert en météo).

Je suis trempé jusqu'aux os avant même d'avoir atteint le stade situé pourtant juste à côté du gymnase. Nous trouvons refuge un instant sous les gradins, le temps que le prof nous donne ses instructions. La structure métallique est pleine de trous et des gouttes glacées ne cessent de me couler dans la nuque, m'arrachant des frissons.

Le lycée des Surnaturels (bxb)Where stories live. Discover now