Chapitre 30

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Le lendemain, à dix-huit heures, je me dirige sans me presser vers notre lieu de rendez-vous.

Cette fois-ci, les bords du lac sont loin d'être déserts. Deux fées de terminale ont pris possession chacune d'un banc et sont très appliquées à embrasser un loup-garou pour l'une et un triton pour l'autre. La première a déployé ses ailes de papillon qui enveloppent le corps de son partenaire comme un manteau. Son loup n'a pas l'air de s'en plaindre et cette maigre protection ne m'empêche pas d'entendre chaque bruit des baisers qu'ils échangent langoureusement.

L'autre côté de la rive n'est pas mieux, car un loup et une louve ont pris possession des lieux, assis sur l'herbe en face l'un de l'autre. Même s'ils ne se touchent pas, leur comportement est encore plus intime que ceux des deux fées des bancs. Je suppose qu'il s'agit d'âmes sœurs, à en croire la façon dont ils se regardent. On a l'impression qu'ils se dévorent mutuellement des yeux, comme si le reste du monde n'existait pas. Je suppose qu'Auguste se comportera de la même façon, lorsqu'il aura trouvé sa propre partenaire.

Affreusement gêné, je reste figé sur place, ne sachant où me mettre.

Je me demande soudain si mon binôme d'exposé n'a pas fait exprès de me donner rendez-vous devant le repaire des amoureux. Si ça se trouve, cela fait partie de sa stratégie pour me séduire. Il en serait bien capable !

Je tourne mon regard vers l'épée plantée au centre du lac. La supposée Excalibur couverte de rouille. Je me demande si je serai capable de l'extraire de son rocher en utilisant un flux d'air.

Mes doigts s'agitent le long de mes jambes tandis que je sens comme un courant d'énergie circuler dans mes bras. J'ai envie de... de...

Je secoue fermement la tête. Je n'ai envie de rien du tout. Je dois m'habituer à ne pas utiliser ces pouvoirs. Surtout en prévision du séjour chez Grand-mère. Et puis, d'ailleurs, qu'est-ce que je ferai de cette vieille épée ? J'ai déjà mes posters The Witcher pour décorer mon mur. Sans compter que le règlement intérieur stipule certainement que...

— Coucou !

Je bondis en l'air et me retourne. C'est Auguste, bien sûr. Mes narines palpitantes m'en avaient averti.

— Salut.

J'enfonce mes mains dans mes poches.

Le loup porte sa veste sous le bras et sa chemise est toute plissée. Malgré (ou peut-être à cause de) cette tenue négligée, je ne peux pas m'empêcher de le trouver attirant. C'est d'ailleurs pour cela que je détourne aussitôt les yeux. Je ne suis pas venu ici pour batifoler.

— On devrait peut-être aller ailleurs pour notre séance de travail, je marmonne en désignant les couples du menton. On risque de les déranger...

Les yeux du loup se mettent à pétiller.

— Si cela peut te mettre à l'aise, nous pouvons commencer par les imiter. Un petit bisou te tente ? Il n'y a rien de tel pour trouver l'inspiration.

Je lui jette un regard si réfrigérant qu'il recule d'un pas en levant les mains en l'air.

Je remarque du coin de l'œil que l'une des fées a détaché sa bouche de celle de sa victime (je veux dire, son petit ami du moment) pour observer Auguste dont elle paraît apprécier le physique.

J'attrape le loup-garou par le bras. Pour éviter que son attention ne soit détournée. Pas par possessivité ou je ne sais trop quoi.

— Très bien, restons ici.

Je m'assieds sur l'herbe en tailleur. Si Auguste pensait que me faire venir ici me déstabiliserait, il en aura pour ses frais. Ce n'est pas comme si je n'avais jamais vu des gens s'embrasser. Je vie au milieu de fées.

Le lycée des Surnaturels (bxb)Where stories live. Discover now