Chapitre 11

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Je n'ai rien contre les chèvres. Ce sont des bestioles adorables et plus intelligentes que ce que l'on croit habituellement. Il n'empêche que la faisselle qu'on fait avec leur lait est dégoûtante. Un point c'est tout. En plus, je n'ai même pas pu y déverser un paquet de sucre pour essayer de la rendre un peu plus savoureuse parce que je n'ai pas osé me lever, trop occupé à éviter de croiser les yeux du sosie de Geralt de Riv qui, d'après ce que mes coups d'œil furtifs m'ont appris, ne s'est pas gêné de son côté pour me mater très ouvertement. Je ne sais même pas pourquoi. D'accord, j'ai un visage plutôt harmonieux (je suis une fée, après tout), mais je suis loin d'être une beauté comme ma sœur Morgane ou Maman.

Malgré ma faim, je ne parviens pas à me résoudre à terminer ma faisselle et je préfère aller jeter ce qui reste à la poubelle. Pardon à la chèvre qui s'est embêtée à produire ce lait.

Je sors de la cantine presque en courant. J'y retourne cependant tout aussi vite en me rendant compte que j'ai oublié mon sac au pied de ma chaise. Bravo Vivien, tu n'en rates pas une. Hop, je repars dans l'autre sens, passant une énième fois à côté du loup qui ne me quitte pas des yeux. J'espère que je ne suis pas aussi rouge que je m'imagine l'être.

D'après mon emploi du temps que j'ai pris la peine d'étudier avant de quitter ma chambre, je commence la journée par des cours communs à toutes les espèces, à savoir maths puis physique. Les matières spécialisées (c'est-à-dire magie féerique, dans mon cas) ne commencent qu'après le déjeuner. Au moins, ce matin, ma nature ratée ne sera pas un handicap.

Je remarque soudain que Geralt bis avance à quelques mètres derrière moi.

Zut de zut.

Je m'engage au hasard dans un couloir sur la droite. J'imagine qu'il finira bien par m'amener quelque part. Avec un peu de chance, ce sera ma salle de mathématiques.

J'entends des pas derrière moi. Je risque un coup d'œil. À mon grand agacement, je constate que le loup continue à me coller aux basques. Mes narines se mettent à palpiter. Son odeur de chien est moins perceptible lorsqu'il est habillé de pied en cap. Il n'empêche que je retiens difficilement mes éternuements. Il est tout à fait pénible d'être allergique à certains de ses camarades de classe. Surtout comme le camarade de classe en question se met en tête de vous coller.

Je finis par m'arrêter net, exaspéré. Je me retourne et fusille le fâcheux du regard.

— Je te prierai de cesser de me suivre.

Il m'adresse un sourire étincelant. Certes, je n'espérais pas impressionner un alpha, avec mes moins de un mètre soixante (à supposé que je n'ai pas grandi depuis la dernière fois que je me suis mesuré, c'est-à-dire il y a trois jours). J'espérais tout au moins le déstabiliser un peu. Autant dire que c'est complètement raté. Geralt bis paraît plus sûr de lui que jamais.

— Je ne cherche nullement à te suivre, garçon fée, a-t-il le culot d'affirmer. Il se trouve simplement que nous allons au même endroit. Ma direction n'a donc rien à voir avec ce fameux incident de la douche que j'ai fait disparaître de ma mémoire.

Je cligne des yeux.

— Oh... Tu as cours de maths avec M. Markovitch ?

— En effet. Nous aurons donc le plaisir de nous côtoyer pendant ces deux heures qui s'annoncent palpitantes.

Je me creuse les méninges pour essayer de trouver une réplique qui tue. Comme j'ai la tête vide, je finis par me remettre en route sans rien dire.

Bon sang ! En plus, ce type est dans ma tranche d'âge. Je n'aurais jamais cru qu'il n'était qu'en seconde. Ce qui veut dire que je vais me le coltiner dans tous les cours communs. Comment parviendrais-je dans ces conditions à oublier l'incident de la douche ? Et s'il me prenait à nouveau la lubie de l'embrasser ?

Le lycée des Surnaturels (bxb)Where stories live. Discover now