Chapitre 44

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À la fin de la semaine, Auguste se plante devant moi et me dit :

— Tu n'as pas oublié que tu partais avec moi pour les vacances ce soir, n'est-ce pas ?

Je roule des yeux en prenant l'air indigné.

— Bien sûr que non, je n'ai pas oublié.

Comment l'aurais-je pu ? J'ai passé trois jours à paniquer à ce sujet. La famille de cet alpha vit en Alsace, dans un village composé exclusivement de loups-garous. Et s'ils se moquaient de moi ou me détestaient tous ? Ce sont des hypothèses fort probables ! Les loups ne sont pas réputés pour leur ouverture d'esprit. Et je suis sûr et certain que les parents d'Auguste estiment que leur fils ferait mieux de se mettre en couple avec une charmante louve.

Je passe des heures à faire mes bagages, n'ayant pas la moindre idée de la façon dont il convient de s'habiller quand votre petit ami, qui ne va pas tarder à vous laisser tomber pour son âme sœur, vous présente quand même à ses parents. Faut-il être tiré à quatre épingles ? Ou prendre l'air décontracté, au contraire ? Et si je mettais mon uniforme du lycée ? Non, ça serait ridicule...

J'attrape quelques pulls. D'après Maman, il faut que je prenne mes vêtements les plus chauds. Je crois bien qu'elle confond l'Alsace avec le pôle Nord.

Je finis par emporter quasiment toute ma garde-robe, estimant que je verrai bien sur place. Et j'enfile ma grosse doudoune, au cas où Maman aurait quand même raison.

Après avoir réussi à fermer ma valise, je me dirige vers la chambre de Morgane pour discuter un peu avec elle avant notre séparation de quelques jours, la première aussi longue, depuis que nous sommes nés. Sa colocataire m'apprend cependant que ma jumelle est déjà partie pour Saint-Malo.

Je repars dans ma chambre avec une drôle de sensation au ventre. Morgane ne m'a même pas dit au revoir. D'accord, on se rejoindra dans quelques jours. Mais tout de même ! Elle n'est donc pas triste ? Il faut croire que non... Je suppose que c'est normal. Qu'il fallait bien qu'un jour nous commencions à emprunter des chemins différents...

Je vais donc jouer un moment à The Witcher 3 en attendant de rejoindre Auguste.

*

Alors que la nuit est tombée depuis longtemps, notre train ralentit une nouvelle fois, à l'approche d'une gare.

— C'est notre arrêt, me dit Auguste en se levant pour attraper nos deux bagages d'une seule main, histoire de frimer et de me faire admirer sa force.

Je colle mon front contre la vitre, curieux.

— Tu habites dans cette ville ?

J'essaie de discerner quelque chose, mais il fait trop sombre. Je ne vois qu'un petit bâtiment en pierre rose qui doit être la gare. Il n'y a presque personne sur le quai, sauf un homme très grand qui m'a tout l'air d'être un loup-garou, à en croire sa musculature. Je finis par m'y connaître, à ce sujet.

— Non, soupire Auguste. Ma famille est installée dans un village à quelques kilomètres de là. Ce n'est qu'une minuscule agglomération de même pas cent habitants. Que des loups.

Il a prononcé le dernier mot à voix basse et me jette un regard inquiet, comme s'il craignait que je fuis en courant en apprenant que nous n'allons pas loger dans une mégalopole. Je n'ai cependant rien contre les villages. Pas même contre celui de Grand-mère qui est plutôt mignon, si on fait abstraction de certaines de ses habitantes (au moins de l'une d'entre elles que je ne nommerai pas).

Criiiii.

Le crissement des pneus malmenés par le coup de frein du conducteur me fait grincer des dents. Après une dernière secousse, notre wagon s'immobilise. Nous sommes les seuls à nous diriger vers la porte de sortie. L'endroit ne paraît effectivement pas des plus fréquentés.

Le lycée des Surnaturels (bxb)Opowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz