Chapitre 13

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Le moins qu'on puisse dire, c'est que cette journée n'a pas été la meilleure de toute ma vie. En réalité, elle s'est déroulée aussi mal que je ne le craignais. Et c'est en grande partie de ma faute. Je n'aurais jamais dû insister pour suivre ce cours de magie féerique. Ce n'est pas comme s'il pouvait en plus me servir à quelque chose ! C'est juste que... que.... Eh bien... Depuis tout petit, j'ai toujours espéré qu'un jour je parviendrai à développer des dons en plus. Même des minuscules. Et où pourrais-je mieux réussir cela qu'ici ? Je pensais donc que... Enfin, j'ai été naïf, comme d'habitude...

Je n'ai pas envie d'aller m'enfermer dans ma chambre. Jérémie y sera peut-être. Il me posera des questions et il finira bien par se rendre compte d'à quel point je suis nul (s'il n'en a pas déjà eu vent par quelqu'un d'autre). Lorsque la cloche du dernier cours sonne, je préfère donc sortir du bâtiment en évitant de me mêler à la foule des élèves.

Je ne suis pas le seul à avoir eu cette idée. Le temps ne semble pas avoir été averti que les vacances étaient finies et le soleil brille plus que jamais. Tous les bancs disponibles ont été pris d'assaut par les élèves. Je reconnais quelques-uns de mes camarades de classe, comme cette Titania Prigent.

Je m'agrippe aux bretelles de mon sac à dos, la tête baissée, et presse le pas. Personne ne m'interpelle ou ne me fait signe. C'est comme si j'étais invisible, ce qui est sans doute mieux que d'être montré du doigt ou traité de "garçon fée".

Je m'enfonce plus loin dans le parc sans but, les mains enfoncées dans les poches. À force d'avancer, je finis par arriver au bord du lac. Ses eaux sont calmes. Je suppose qu'aucune sirène ou qu'aucun triton n'est en train de s'y baigner et tant mieux : j'ai besoin de solitude.

Je trouve une pierre pas trop sale et je l'utilise comme siège de fortune.

Le lac comporte une sorte de minuscule île artificielle en son centre qui prend la forme d'un gros rocher. Dans ce rocher est plantée une épée. Il s'agit bien sûr d'une représentation d'Excalibur, l'arme mythique qui a donné son nom au lycée.

Je fixe le monticule, morose. La rumeur prétend que cette chose toute rouillée est la véritable épée du roi Arthur, un artefact magique que lui avait remis la fée Viviane, celle dont je tire mon prénom. Vu son état, ça m'étonnerait.

Je repense à la discussion que j'avais surprise le jour du départ. Maman m'avait défendu énergiquement devant le Cercle. Elle avait clamé haut et fort que j'avais parfaitement ma place au lycée des surnaturels. Elle se trompait. Je n'ai rien à faire ici. C'est Grand-mère qui avait raison, et croyez-bien que cela me pèse de l'admettre à voix haute.

Je me retourne en entendant des bruits de pas derrière moi. C'est Morgane, ce qui ne me surprend pas plus que cela. Ma jumelle paraît toujours savoir où je suis ou ce que je pense, et inversement. J'ignore si c'est le fait d'avoir partagé un même ventre pendant neuf mois qui a créé entre nous une telle connexion. Peut-être bien. Ou alors elle a installé un traceur de localisation sur mon téléphone.

La jeune fille vient s'asseoir à côté de moi et m'enlace.

- Ne fais pas cette tête, p'tit frère.

Je pose mon front sur son épaule.

- J'ai été ridicule, je marmonne. Tout le monde a fait des choses incroyables pendant le cours de magie, et moi j'ai juste changé la couleur de ce cahier. J'ai l'impression que la moitié des personnes présentes n'ont même pas compris ce qui s'est passé.

Ma jumelle me caresse les cheveux.

- Mais non, tu n'as pas été ridicule ! Et puis ce n'est pas de ta faute, si tu n'as pas beaucoup de pouvoir ou si tu es un garçon.

Le lycée des Surnaturels (bxb)Where stories live. Discover now