Chapitre 63

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J'aurais dû me renseigner davantage sur la maginélose. Alors que le moment fatidique est venu, je me rends compte que j'ignore quelle sera la portée de cette explosion. Est-ce qu'elle ressemblera à une bombe atomique et rasera Paris de la carte de France ? Ou alors est-ce que mon corps se contentera de se volatiliser avec un petit "pouf" de pétard mouillé ? J'espère que la réalité sera proche de cette deuxième hypothèse. Je ne veux pas blesser quelqu'un ! Il y a des gens que j'aime, ici ! Et je ne souhaite aucun mal aux autres élèves ou aux habitants de la capitale (même s'ils devraient apprendre à se comporter avec un chouïa moins d'agressivité dans les transports en commun, je trouve).

Pof !

Des sortes de petites plumes se mettent à tomber du ciel obscur. Je lève la tête et cligne des yeux. Certaines d'entre elles viennent s'écraser avec une douceur glaciale sur ma peau fébrile. Des flocons ? En temps ordinaire, cela m'aurait excité comme un gosse, puisqu'on n'en voit pas souvent à Saint-Malo. Mais là...

Je rassemble mes dernières forces, luttant contre le froid qui s'infiltre sournoisement sous mes vêtements. À genoux, je me traîne vers le buisson le plus proche, cherchant un abri illusoire. Je m'y recroqueville en boule, fermant les paupières. Mon corps est toujours secoué de violents tremblements qui ne sont pas dus qu'au froid. Je sers et dessers les poings. Tous mes muscles sont tendus comme des arcs.

Crac !

Je rouvre un œil en entendant des pas piétiner des brindilles non loin de moi. Qui vient me déranger pendant mon agonie ?

Les craquements s'accentuent. Et si c'était Morgane qui s'inquiétait pour moi et venait s'enquérir de mon état ? Non, ce n'est pas son genre. Et, apparemment, ce sont plusieurs personnes qui s'approchent, à en croire les chuchotements qui me parviennent.

— ... sûr que c'est le bon moment ? murmure une voix féminine.

La voix agacée qui lui répond m'est familière. Ah, oui, c'est celle de l'abominable Hector.

— Je vous ai déjà dit que oui. Le solstice d'hiver est un moment idéal pour actionner un artéfact de grande ampleur.

— Et si les profs...

— Ils sont trop occupés à festoyer pour se préoccuper de ce qui se passe au sommet de la tour, voyons.

Je sursaute. Un artéfact de grande ampleur ? La tour ? Est-ce que... Non... Ou bien si ? Est-ce que ces voix parlent de la tour Eiffel ? Hector et son groupe ont l'intention de mettre en fonctionnement la tour Eiffel ?

Je fronce les sourcils. Enfin, c'est idiot ! En mettant en branle ce machin géant, ils vont certainement provoquer beaucoup de bruit et de lumière, comme lorsque nous avions travaillé sur cette armoire magique, en cours d'artéfacts.

Je me fige.

Mais c'est peut-être justement ce qu'ils cherchent ! Et si le but ultime du groupe Arthur était réellement de conquérir le monde ou autre connerie ? Je ne vois pas en quoi la tour Eiffel pourrait les aider, mais bon, je ne suis pas un génie du mal, alors j'ignore comment ces individus sont supposés raisonner. 

Je pousse un grognement. Bon. Il va falloir que je trouve un moyen de les arrêter. Moi qui voulais exploser tranquillement ! Ça devra attendre. Je vais aller les raisonner, ces idiots. Je ne pense pas que cela suffira à les arrêter, mais on ne sait jamais.

Je m'extirpe hors de mon buisson tout en poussant des gémissements pitoyables destinés à me donner du courage.

Sauf que le groupe a disparu. J'ai trop tardé. À l'heure actuelle, ils sont certainement déjà dans la rue.

Le lycée des Surnaturels (bxb)Where stories live. Discover now