Terrorisée, Claire aurait donné tout ce qu'elle avait pour pouvoir crier. Qu'est-ce qu'il voulait ? Que faisait-il ? Pourquoi ?!! Mais les effets du paralysant mettraient du temps à se dissiper, elle ne le savait que trop bien. Qu'avait-il derrière la tête ?

Je suis désolée, je vous assure ! Je ne voulais pas... !

Elle ignorait s'il l'entendait, et si c'était le cas, les traits fermés, il ne daignait pas lui répondre. Allait-il la punir pour sa tentative d'évasion ? Car peut-être était-ce comme cela qu'il considérait les choses : avait-on le droit de démissionner de son service ?

Etant donné la personnalité de son employeur, elle en doutait fortement.

Il aurait peut-être fallu y penser avant... Bon sang, qu'est-ce que j'ai fait ?!

Le Seigé s'éloigna et revint avec un coffret, qu'il posa sur une table à quelques mètres d'elle. Il fit un geste de la main, et soudain quelques lampes s'allumèrent au-dessus d'eux, alors que le reste de la salle restait dans l'ombre. Il ouvrit la boîte. Soudain horrifiée, elle le vit tirer un long couteau de lancer de son étui.

Vif comme l'éclair, il se retourna et lança son arme. Le couteau se ficha avec un bruit sonore dans une cible accrochée au mur, à une dizaine de mètres. Apparemment satisfait, il sortit du coffret un second couteau... et le pointa sur elle.

A ce moment-là, la jeune fille sentit son cœur s'arrêter de battre. Elle comprit que son implacable employeur ne lui pardonnait pas sa défection, et que, ce soir-là, elle allait mourir. Elle était trop terrifiée, elle était trop hébétée, elle était trop stupéfaite pour se poser des questions sur cette mise en scène macabre, ou même éprouver de la colère. Alors Seigé Leftarm, le visage toujours impassible, ramena le bras en arrière. Puis, froidement, la regardant droit dans les yeux, il lança sa dague.

Durant cette fraction de seconde, Claire toucha le fond. Et une fureur intense se déversa soudain dans ses veines, mêlée de peur et de reproche, faite de toutes ces choses qu'elle avait ressassées depuis son arrivée ici. Une boule se forma au niveau de son estomac, et, bien que ses muscles paralysés ne puissent lui répondre, elle se tendit de toute son âme, de tout son être, contre ce couteau qui fonçait sur elle...

NON !!!

Instants d'éternité... Elle ferma les yeux et se crispa, face à sa mort imminente...

Et soudain, elle rouvrit les yeux. Le poignard s'était figé en plein vol, à une dizaine de centimètres de sa tête. Incrédule, elle fixa l'arme. Alors, avec un bruit mat, la dague s'écrasa sur le sol.

Combien de temps s'écoula alors... ? Ce furent les applaudissements du Seigé, lents, mesurés, comme ironiques, qui la firent revenir à la réalité.

— Eh bien, Cadette... Il vous en aura fallu, du temps. Je commençais à me dire que je m'étais trompé à votre sujet...

C'est alors que les effets du paralysant s'estompèrent. Vaincue par la douleur et l'effroyable tension, elle s'évanouit.

*

Lorsqu'elle reprit conscience, elle se trouvait dans le Grand Bureau, allongée sur l'un des divans de réception. Elle aurait pu croire que tout ceci n'avait été qu'un mauvais rêve, si elle n'avait pas senti les écorchures sur ses poignets, à l'endroit où le Seigé l'avait si rudement attachée, là-bas, dans le gymnase.

Elle se redressa brusquement, étouffant un gémissement. Il était assis sur la banquette en face d'elle, de l'autre côté de la table, et consultait un rapport sur son bayni.

Kivilis - Le Cycle du Vortex, T1Where stories live. Discover now