Chapitre 10

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Mon père ?

Et pour la énième fois de la semaine, mon cerveau s'arrête de répondre, il est bloqué, plus moyen de le faire réagir, ni par les gestes, ni par la parole. Qu'est-ce qu'il fout là ? Qu'est-ce que mon père mon putain de père fait chez moi ? Il a pas donné signe de vie depuis quoi, depuis que j'ai un an ? Je n'ai aucun souvenir de lui !

Et là, par magie, un son sorti de ma bouche, je crie en disant ces mots, histoire qu'il l'entende clairement :

-Dégage ! Je veux pas te voir !

Puis je partie en courant dans ma chambre, à première vu pas assez rapidement, puisque l'homme qui semble être mon père me rattrape.

-Jessica écoute moi s'il te plaît

-Pourquoi je t'écouterais ? T'es qui ? Pourquoi tu refais une apparition dans nos vies comme ça, sans pression ! Ah toi tu disparaît de nos vies alors que je suis née à peine un an et...

-Tu avais 2 ans et demi quand je suis parti, n'abuse pas non plus.

-Incroyable ! Tu te souviens de l'âge que j'avais, c'est même incroyable que tu te souviennes de qui je suis ! Allez, annonce, qu'est-ce que tu fous là ?

Je suis tellement en colère, je ne sais pas pourquoi, qu'est-ce que cet homme fait là, j'ai jamais cherché à le connaître, je m'en fichais totalement, pas besoin d'un père, pour moi ce n'est qu'un option, et maman et moi n'en avons pas besoin. Beaucoup de gens à mon âges cherchent à retrouver leur géniteur, pour une satisfaction personnelle, ou bien par pur besoin. Je ne juge aucunement les gens comme ça, c'est tout à fait normal, cependant moi, je n'ai jamais ressenti ce besoin.

-Et bien, j'ai juste besoin d'être là pour toi.

-Être là pour moi ?! J'espère que tu blagues ? Dis moi, tu étais où quand j'ai perdu ma première dent de lait ? Quand je suis allée pour la toute première fois à l'école ? Quand j'ai eu la varicelle ? Quand je me suis cassée la jambe en 6ème, quand je suis arrivée sur le podium du cross l'an dernier ? T'étais où quand mon meilleur ami est mort putain ! Ne me dis pas que je veux être là pour moi, parce qu'il est trop tard ! Moi, je n'ai pas besoin de toi.

Sur ces mots, je laisse mon « père » dans les escaliers et claque la porte de ma chambre, laissant la colère dans le couloir et faisant place à la tristesse. Je ne sais même pas pourquoi je suis triste, c'est l'émotion. Je n'arrive toujours pas à comprendre ce qu'il fait là.

Mais je ne veux pas y penser, je veux juste oublier cette partie de ma journée, ma journée qui avait si bien commencée, mais cet homme est venu tout gâché.

Je suis décidée à ne surtout pas penser à ce qu'il vient de se passer, je vais envoyer un message à Lucas, un appel Skype me changera probablement les idées. Je m'assied donc sur mon lit, et attrape mon portable dans ma chambre.

A Lucas : Je peux t'appeler sur Skype ? J'ai un peu besoin de parler là, il m'est arrivé un truc de fou.

De Lucas : Je ne peux pas ce soir, désolé Jess. Mais ne t'en fais pas, on peut parler par SMS si tu veux

Tiens, bizarre, il dois être occupé.

A Lucas : C'est une longue histoire, je dois dire que je préférerais t'en parler oralement, et seuls si tu veux bien, je n'ai pas très envie que des oreilles indiscrètes nous entendent.

De Lucas : Et bien, on en parlera une fois au ciné s'tu veux pas que les gens du lycée écoutent.

Woaw, Lucas est vachement froid. J'aime pas quand il est comme ça, heureusement que ce n'est pas souvent, mais quand il se comporte de manière froide ou quelque peu désagréable avec moi, ça a tendance à me mettre de mauvaise humeur, et au contraire, lorsqu'il est joueur, et agréable, il va très vite me mettre de bonne humeur. Je n'aime pas trop le contrôle qu'il a sur mes sentiments.

A Lucas : De toute façon il ne nous reste plus que demain avant le week-end et je fini à 13h, on ne se verra pas.

De Lucas : Ouep.

Et bien, je pensais retrouver réconfort et rire auprès de Lucas, mais je dois dire que ce soir il n'est pas très loquace. Du coup je ne vais pas essayer plus longtemps de faire la conversation, le peu de message échangé m'a amplement suffit pour me mettre de mauvaise humeur.

A cause de la venue surprise de mon père, je n'ai rien avalé de la soirée, je sors donc doucement de ma chambre, parce que moi, j'ai une faim de loup. J'espère qu'il n'est pas encore là, je n'ai vraiment pas la force pour un deuxième affrontement, pas maintenant, il est bientôt 22h, et je suis fatiguée.

J'arrive dans la cuisine sur la pointe des pieds, et j'y trouve maman, seule, heureusement.

-Je savais que tu viendrais grignoter, depuis que tu as retrouver ton appétit tu ne saute aucun repas. Je t'attendais.

-Pourquoi est-ce que tu m'attendais seule dans la cuisine à moitié dans le noir, tu trouves pas ça un peu glauque ? Tu pouvais pas juste venir me chercher dans ma chambre ?

-Et bien non, tu sais en plus que je n'aime pas rentrer dans ta chambre.

-Je pourrais y cacher de la drogue, ai-je dis en la taquinant.

-Je vais peut être changer d'avis, ta chambre sera fouillée de fond en comble ! Bref, passons, il faut que l'on parle de ce qu'il s'est passé ce soir avec ton père.

Je m'en doutais de celle là, il faut que je détourne la conversation vers quelque chose qui a avoir avec Phillipe mais pas avec les évènements de ce soir...

-Non maman, pas ce soir. Mais j'ai quelques questions, tu ne me l'as jamais dit parce que je ne te l'ai jamais demandé mais, pourquoi papa est parti ?

-Assied-toi, on en a pour un moment.

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