La Grande Faucheuse

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Certaines tribus peuvent sembler étranges, voire même particulièrement en décalages avec le monde aux regards des civilisations dites modernes. Pourtant, toutes partagent sensiblement les mêmes valeurs, et des règles de vie quasi similaires, malgré les importantes distances qui les séparent.

Comme si une connexion divine reliait chaque peuple de notre planète.

C'est un phénomène qui à fasciné les ethnologues de tout temps. 

J'avais conscience que de nos jours, cette connexion se perdait dans les échos de la modernité et de l'individualisme. Chacun se méfiant de l'autre. Préférant se focaliser sur les différences qui les séparaient au lieu voir ce qui les relie. 

                                       J'étais bien placée pour m'en rendre contre. 

Ma peau aussi blanche que ma chevelure, mes yeux océan et ma sociopathie constituaient mon mur de différences. Ma muraille de Chine: celle à travers laquelle le monde me percevait.

 Celle à travers laquelle je l'observait. 

Comme la vitre de la voiture où je me trouvais. Assise à l'arrière, tandis que Levi se tenait sur le siège passager à l'avant alors qu'au volant, Thomas nous faisait traverser les aussi longues que larges rue de Los Angeles. 

—Si tu veux sauter en route ne te gênes pas! lança Thomas alors que mon regard croisait le sien dans le rétroviseur intérieur. 

Jusque-là silencieux, il fut soudain menaçant. 

Son regard me défiait un instant avant de se radoucir devant ma non-réaction. Thomas plissait le front tandis que je l'observais. L'analysais.

À cette vitesse il n'y a que peu de chance que tu y restes, mais, sait-on jamais, reprit-il en reportant les yeux vers la route. Ça pourrait me faire économiser une balle. Et, du temps.   

Pour une obscure raison l'homme enjoué, plutôt drôle, bien que très maladroit et presque "charmant" dont j'avais fait la connaissance chez le sadique était devenu totalement différent depuis que je m'étais installée dans la Mercedes.

Un changement d'attitude qui paraissait troubler Levi, bien qu'il gardât le silence, se contentant de river son regard sur les boutiques de luxe qui longeaient notre route. 

—De toute façon, t'es pas stupide. J'imagine que tu as conscience que tu vas mourir d'une façon ou d'une autre! Maintenant, ce soir, pendant la mission ou par les mains de Viking... c'est ce qu'on appel "avoir l'embarras du choix"!  

Thomas s'esclaffait. 

Je ne comprenais pas où il voulait en venir. 

Il avait enchaîné les affirmations comme des perles sur un collier,. Son principale objectif était de me faire peur, selon toute vraisemblances.

                                Ne l'avait-on pas informé de ma pathologie? 

Ne lui avait-on pas dit que la peur m'était aussi inconnue que toute autre forme de sentiments?

—C'était une question? demandais-je alors que Thomas fixait l'horizon de ses yeux bruns.   

Automatiquement son regard retrouvait le mien dans le rétroviseur, puis se déporta sur Levi à sa droite. 

—Rien à faire. C'est un putain de cyborg, je te l'avais dit! 

Thomas ricanait à présent et une fois de plus son comportement changea du tout au tout sous un haussement d'épaule de son camarade. 

L'Albinos (DARK ROMANCE)Where stories live. Discover now