Pour l'amour d'Ali

Chapitre 15

Ambroisine après être sortie du lycée est allée attendre Nicolas et Emeline à la sortie de l'école primaire, elle vient d'avoir quinze ans, deux années ont passés depuis le terrible jour où Claire a été interné. Depuis elle vit en France chez sa mère avec Omar qui est actuellement étudiant en médecine et qui n'est là que le week end. Nicolas vit en alternance chez Pierre et chez Marie, Emeline est toujours un peu hostile envers elle mais elle accepte que sa sœur la ramène à la maison.

Ambroisine regarde Nicolas s'approcher, il a beaucoup changé en deux ans, il est sorti de sa coquille et est même devenu bavard mais il préfère la compagnie des filles à celle des garçons. Il refuse désormais qu'on lui coupe les cheveux et le matin il faut attacher ses longues boucles brunes en queue de cheval. Il a toujours son fin visage et Ambroisine pense parfois que la nature a peut-être fait une erreur et que c'est Anne qui aurait dû naitre et pas Nicolas.

« Ambroisine, j'ai eu dix sur dix en dictée. »

« C'est génial, je suis fière de toi » s'écrie-t-elle en l'embrassant.

Emeline arrive à son tour, personne ne peut douter qu'elles soient sœurs tant elles se ressemblent physiquement mais au niveau du caractère c'est une autre histoire. Emeline est autoritaire et dure, elle adore faire la loi mais on doit lui reconnaitre une qualité, elle adore son frère.

Durant tout le chemin du retour, Nicolas ne cesse de bavarder mais à un moment, il murmure tout bas à sa sœur ainée.

« Tu sais, Ambroisine, je suis amoureux. »

« C'est bien ça » s'exclame-t-elle en se disant que ça y est Nicolas va enfin se laisser prendre aux pièges des filles si jeunes soit-elles, elle poursuit, « qui est l'heureuse élue ? »

« C'est Guillaume, tu sais, un grand blond qui est dans ma classe, il a une petite sœur dans la classe d'Emeline. »

Un instant Ambroisine est restée sans voix, Nicolas aime un garçon, elle connait le petit Guillaume, il est beaucoup plus grand que Nicolas, blond aux yeux bleus et très gentil avec tout le monde, très réfléchi pour son âge.

« Tu sais Nicolas, je ne crois pas que Guillaume partage tes sentiments. »

« Je sais » murmure l'enfant et une larme glisse sur sa joue, « Ambroisine, pourquoi personne ne veut croire que je suis une fille, je l'ai dit à Guillaume, il a dit que j'étais fou et que je devrais aller me faire soigner, mais moi je sais qu'un jour un garçon m'aimera, tu comprends ? »

Ambroisine a serré son petit frère contre elle, elle comprend sa douleur et ses larmes qui coulent. Elle ne considère pas l'homosexualité comme une maladie, c'est aussi naturel que l'amour entre un homme et une femme mais elle constate que c'est très douloureux à vivre à cause de l'incompréhension à laquelle on se heurte, pourtant elle a décidé d'aider Nicolas à vivre sa condition, elle veut essayer de la protéger de la haine stupide de certaines personnes qui ne savent même pas ce que veut dire le mot aimer. Elle connait le sens de ce mot et elle sait que si Nicolas aime les garçons, il n'y a pas à essayer de le faire changer, c'est sa façon d'être et en le contrariant, il risque de redevenir comme avant, timide et renfermé et ce serait dommage de gâcher deux années de mise en confiance. Après tout qu'a-t-il de particulier ce petit garçon ? De longues boucles brunes, pourquoi ne pas laisser pousser d'aussi beaux cheveux, bien des femmes voudraient en avoir de pareils, il a aussi une finesse et une élégance que n'ont pas la plupart des autres garçons, cela s'appelle la beauté, il est également plus sensible, plus délicat, plus doux que les garçons de son âge mais pour Ambroisine ce sont des qualités, cet enfant est un enfant comme beaucoup reverrait d'en avoir et plus elle le regarde, plus un mot apparait dans son esprit, un mot qui lui correspond bien, un mot beau comme Nicolas, il est androgyne, un de ces êtres dont on ne sait dire si ils sont une fille ou un garçon tant ils sont à la fois l'un et l'autre.