Et si c'était faux ?

Chapitre 34

Mon regard tourne dans la pièce alors que tout le monde a rejoint les bras de Morphée. En dehors du fait que je me suis proposée pour faire le guet, je n'arrive pas à fermer l'œil. Je suis en totale vigilance, prête à ce qu'il nous arrive n'importe quoi.
Je sors de la grande salle où tout le monde est posé pour aller observer le monde de dehors. Ce monde si sombre, si lugubre. Il était mon enfer, mon cauchemar.
Et je compte monter sur le trône de cet enfer. Naos et les autres ont raison. Si je veux reprendre mon trône, si je veux que le peuple me choisisse, il va falloir que je redevienne la reine de quelque chose. Et en montant sur le trône de la Partie Sombre, en faisant de moi la Reine, les habitants d'ici me suivront. J'aurai Astoria en pleine totalité.

? : tu peux passer le flambeau, tu sais ?

Je me tourne vers Naos, qui vient de me rejoindre dehors.

Moi : je n'arrive pas à dormir.

Il acquiesce avec un sourire léger sur les lèvres puis je le vois se rapprocher et il finit par s'assoir près de moi.

Lui : ça doit faire des années que je ne suis plus venu ici.

Moi : tu n'as pas toujours été dans la Partie Claire ?

Lui : oh tu sais, quand tu enchaînes les années, tu finis par te lasser de la Partie Claire. J'y ai fait le tour plusieurs fois. Alors, ça me paraissait être une bonne idée de venir découvrir cette Partie.

Moi : et quel est ton avis ?

Lui : qu'elle mérite mieux que ce qu'elle a toujours eu. Elle mérite mieux que le statut qu'on lui a donné.

Moi : j'ai vu des choses affreuses ici. Cette Partie a représenté la plus part de mes cauchemars pendant des années.

Lui : parce que tu es toujours venue ici dans le but de faire la guerre.

Moi : je n'avais pas d'autres raisons de venir ici.

Lui : tu sais, j'en ai vu passé des guerres. Les deux Parties ont toujours été en conflits. Même avant Aristos. Mais pour autant que je sache, il y a plusieurs légendes qui parlent d'un monde dans lequel Astoria était en paix. Où les deux Partie n'en formait qu'une.

Moi : crois-tu en ces légendes ?

Lui : j'ai envie de te répondre oui. Il fut un temps où je ne croyais pas en l'existence de la Reine Promise et pourtant, tu es devant moi.

Je lui souris, presque gênée.

Moi : tu penses qu'on pourrait refaire ça ? Casser la frontière, n'avoir qu'une seule Partie ?

Lui : sincèrement, je n'en ai aucune idée. C'est tellement impensable. C'est utopique à ce niveau-là. Surtout depuis que la frontière a été érigée, par Astoria elle-même.

Je lève le regard vers la surface de terre qui s'étend devant moi. Je ferai l'impensable. Je réaliserais ce qui n'a jamais été fait avant, je briserais la frontière. Peu importe les années et les sacrifices qui seront nécessaires. Je dois le faire pour mon peuple, pour Astoria.

Moi : j'ai réfléchi.

Lui : à quel sujet ?

Moi : au prénom de ma fille. Elle s'appelle Hope.

Une larme coule sur ma joue, sans m'en rendre compte. Naos se rapproche et la sèche avec sa main, délicatement.

Lui : c'est magnifique.

Mon regard rencontre le sien, je me rends bien compte du peu de distance qu'il y a entre lui et moi. Des quelques centimètres qui séparent mes lèvres des siennes.