𝓒𝓱𝓪𝓹𝓲𝓽𝓻𝓮 21 - 𝓔𝓿𝓲𝓮

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En courant sans m'arrêter, j'ai fini par faire une pause pour réfléchir un instant. J'ai les pieds en sang à force d'avoir courru, je suis en sous-vêtements et j'ai du sang sur moi. Je tiens contre moi mon fils que je n'ose même pas lâcher.

Pendant longtemps, j'ai été en plein désert. Je suis assoiffée, je ne sais pas depuis combien de temps je cours. J'ai finalement vu des panneaux m'indiquant le nom d'une ville : Las Vegas. Je suis aux alentours de Las Vegas.

Je décide de m'arrêter sur le bord de la route en soupirant longuement et caresse les cheveux de Valentino contre moi.

-Comment on va rejoindre papa ? M'interroge-t-il en regardant autour de nous.

-Je ne sais pas mon ange, je ne sais pas...

Les minutes finissent par défiler et Valentino s'endort contre moi. Alors que je me disais qu'aucune voiture ne passe dans ce putain de désert, une carriole s'arrête devant moi et une dame habillée comme à l'époque vient me rejoindre. Je suis sûre qu'il s'agit d'une communauté religieuse, mais est-ce qu'ils vont pouvoir m'aider ?

-Bonjour, vous avez besoin d'aide ? Me demande-t-elle gentiment.

-Oui, je lui répond directement. Je suis perdue et... En fait je viens du Mexique, je dois trouver un moyen de contacter mon mari.

-Je suis désolée mais nous n'avons pas le droit aux nouvelles technologies. Nous n'avons aucun téléphone, mais on peut peut-être vous aider autrement.

-Vous pourriez me déposer au bord de Las Vegas ? Que je trouve de l'aide là-bas...

-Venez, on va vous aider.

Je souffle de soulagement et monte dans la carriole en la remerciant avec son mari. On fait rapidement connaissance le temps de la route, et ils s'arrêtent au bord de la ville, en me prévenant qu'ils n'ont pas le droit d'entrer dans cette ville du péché. Je les remercie une bonne trentaine de fois avant de descendre de la carriole avec mon fils contre moi.

Maintenant, je ne sais toujours pas quoi faire, mais au moins, j'ai rejoint la ville où je pourrais demander de l'aide. Je déambule dans les rues qui semblent vivre la nuit en essayant de trouver un endroit qui ne craint pas où je pourrais demander de l'aide. Je recommence à marcher pendant des dizaines de minutes sans but, et finis par me poser sur un banc en ne trouvant rien ni personne qui pourrait nous prêter de l'attention.

-C'est moi où elle est pleine de sang ? Lance soudainement une voix masculine derrière moi en espagnol.

-Et à moitié nue en plus, réplique la seconde voix masculine.

Je me tourne et fais face à des jumeaux qui me regardent étrangement. Ils sont tous les deux très imposants, avec les crânes presques chauves. Je passe ma main sur mon visage et les regarde tour à tour en priant pour que ce ne soit pas deux psychopathes.

-Bonjour, réponds-je dans ma langue natale. Je suis bien couverte de sang et en sous-vêtements.

-Merde tu parles espagnol ?

-Je viens du Mexique, je... Vous n'auriez pas un téléphone ?

-Tu dragues lequel là ?

-Aucun. J'ai été emmenée ici, je dois appeler mon conjoint pour qu'il vienne me retrouver.

-Alors là, il va falloir nous en dire plus.

Ils s'installent de part et d'autre de mon corps et braquent leurs regards sur moi. Comme si j'avais besoin de parler, je leur raconte ce que je sais en omettant volontairement l'identité de l'homme de ma vie. Pas besoin de parler de ça à des inconnus. Leur parler de ma situation est largement suffisant. J'espère juste que ce n'est pas de trop.

-On pourrait peut-être faire les présentations maintenant.

-Je suis Evie Torres et voici l'un de mes fils, Valentino Gomez.

-Gomez ? S'interroge l'un des deux. Tu crois que...?

-Non, il y a tellement de latino qui portent ce nom.

-Oui mais elle a...

-C'est peut-être une coïncidence.

-Il ne s'appelait pas...?

-Si, mais...

-Si vous avez des questions, je peux y répondre, proposé-je avec gêne face à leur échange incompréhensible pour moi.

-T'as combien d'enfants, du coup ?

-Quatre, j'ai eu des quadruplés.

-Ouais nan là ça fait beaucoup de coïncidences. T'es la femme de Lazaro ?

-Euh... Oui. Vous le connaissez ?

Des sourires illuminent leurs visages et les deux se lèvent en même temps pour taper dans leurs mains.

-Allez viens on t'emmène chez nous. Tu pourras l'appeler là-bas.

-Euh non. Pourquoi je vous suivrais sans vous connaître ? Comment vous connaissez Lazaro d'abord ?

-Oh, où sont passées mes bonnes manières ? Ruben Gomez, enchanté.

-Elio Gomez, enchanté.

-Gomez ?

-On est beaucoup à s'appeler comme ça. Allez viens on va pas te laisser dans la rue habillée comme ça, il nous en voudrait à mort. On va rentrer, te laisser prendre une douche et te donner des vêtements. Tu pourras coucher le petit comme ça.

Je fronce les sourcils et juge le pour et le contre. Où est-ce que je crains le plus ? Dans la rue en sous-vêtements ou chez deux personnes que je ne connais pas mais qui semblent connaître mon compagnon mafieux ?

Je me lève finalement du banc et les suis jusqu'à leur voiture. Je me place à l'arrière et souffle doucement en caressant les cheveux de mon fils qui semble épuisé. Il n'a pas ouvert les yeux depuis qu'il s'est endormi sur moi en plein désert.

Les garçons se garent finalement devant une immense villa à l'autre bout de la ville. Ils m'aident à descendre et me guident dans leur villa, où je tombe face à un homme au physique typiquement latino.

-Papa, regarde ce qu'on a ramené ! Prononce fièrement Ruben.

-Une femme dans un état dépravé avec un enfant ? Réplique leur père. Vous faîtes dans la charité maintenant ? Qu'est-ce qu'on a dit ? On ne ramène pas n'importe qui à la villa !

-On va t'expliquer, mais c'est la femme et le fils de Lazaro. On les a trouvés dans la rue, c'était une bonne idée de les ramener non ?

-Ça alors... Des Gomez...

Life isn't golden - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant