Faux Semblants

Chapitre 60

Lorsque Drago se réveilla tout à fait, il se rendit compte qu'il se sentait beaucoup mieux. Il avait bien moins mal et il avait également les idées plus claires.

Il se redressa dans le canapé avec un soupir, et il bâilla largement, bougeant légèrement pour tester son corps. Ce fut à cet instant qu'il se souvint de la visite de sa mère et de Harry qui était intervenu. Horrifié, il se mit à crachoter, s'étouffant à moitié.

Il n'eut pas à se lever et à chercher dans son appartement, puisque Harry sortit de la cuisine à pas pressés en l'entendant, suivi de près par sa mère. Cette scène suffit à lui confirmer qu'il n'avait pas rêvé : Harry avait bel et bien pris le risque de dévoiler sa présence à sa mère alors qu'il était censé cacher qu'il était en vie.

Drago les regarda avancer vers lui bouche bée, clignant des yeux comme un idiot et se demandant depuis quand les choses étaient devenues si étranges dans sa vie. Harry lui sourit, amusé, et il ferma brusquement la bouche, essayant de reprendre contenance.

Il croisa le regard moqueur de sa mère et il ferma un instant les yeux, vacillant légèrement puisqu'il se sentait encore faible. Il n'était pas pressé d'entendre la réaction de sa mère au comportement de son père ou de savoir de quoi elle avait parlé avec Harry.

Le bras de Harry se glissa autour de sa taille pour le stabiliser et il s'appuya contre lui avec soulagement, cependant, il marmonna, d'un air boudeur.

— Je croyais que tu devais rester caché. Que c'était vital...

Harry gloussa en rougissant légèrement et il évita son regard, légèrement honteux. Il marmonna une excuse incompréhensible et Drago masqua un sourire tendre, comprenant que Harry avait agi impulsivement comme toujours, avant de lever les yeux vers sa mère.

Elle les observait tous les deux attentivement et Drago se redressa, soudain mal à l'aise. Harry le laissa s'écarter à contrecœur, mais il resta à proximité, prêt à l'aider s'il en avait besoin. Narcissa ne fit pas le moindre commentaire, ce qui soulagea Drago, mais il se douta qu'une conversation inconfortable aurait lieu à un moment ou à un autre au sujet de sa relation avec Harry Potter.

Il y eut un moment de gêne, alors que Drago regardait tour à tour Harry et sa mère, puis il se gratta la gorge nerveusement.

— J'ai dormi combien de temps ?

Harry répondit immédiatement, sans la moindre hésitation.

— Environ une heure, mais tu en avais besoin. Tu devras encore te reposer tout à l'heure, mais je suppose que ça peut attendre que nous ayons... eu cette conversation.

Drago roula des yeux et il croisa le regard amusé de sa mère. Elle semblait bien trop joyeuse compte tenu des circonstances, et il renifla.

— Tu ne devrais pas rentrer, mère ? Père va finir par se poser des questions sur tes absences interminables.

Narcissa haussa les épaules, avec un geste insouciant et un sourire presque féroce.

— Ne t'en fais pas, il ne se préoccupe généralement pas de ma vie. Tant que ses habitudes ne sont pas modifiées, il ne me cherchera pas. Imagines-tu que j'ai toujours passé mes journées au manoir à attendre le retour de mon mari pendant que tu étais à Poudlard ?

Drago s'empourpra légèrement, se sentant honteux en se rendant compte qu'il ne connaissait même pas les habitudes de sa propre mère. Dans leur famille, tout était une question d'apparences et chacun gardait jalousement ses secrets.

Pour cacher son malaise, il renifla en haussant les épaules, comme si les activités de sa mère ne le concernaient pas.

— De quoi parliez-vous pendant que je dormais ?

Harry lui jeta un bref regard en coin, avant d'annoncer avec calme.

— Nous parlions de... l'empoisonner. En quelque sorte.

Drago cligna des yeux et il se pinça discrètement, convaincu qu'il était piégé dans un genre de rêve étrange. Peut-être était-il toujours dans le repaire de Voldemort, inconscient à cause de la torture, son cerveau inventant cette histoire invraisemblable...

Cependant, il semblait bel et bien dans la réalité et il grogna, d'une voix froide.

— Pardon ? J'ai cru que tu voulais empoisonner un mage noir psychotique ?

Ignorant la présence de Narcissa, Harry l'attira dans ses bras et nicha son visage dans son cou, avant de déposer un baiser rapide sur la ligne de sa mâchoire. Drago réprima un frisson et il se retint de retenir Harry dans ses bras, essayant de se concentrer sur leur conversation. Harry murmura, avec un sourire enjôleur.

— Il ne s'agirait pas de quelque chose de foudroyant ou de violent. Juste de quoi le ralentir ou le gêner. Si je lui fais face maintenant, je ne suis pas certain de pouvoir tenir en duel, même après m'être entraîné durement.

Drago roula des yeux et il nota dans un coin de son esprit qu'il devrait faire passer à Harry l'envie de le faire plier à sa volonté en se montrant un peu trop charmant. Le flirt maladroit de Harry était très certainement un de ses points faibles et l'air timide et repentant du jeune homme lui avait fait oublier sa colère. Avec un soupir, Drago grogna, agacé.

— Tu te souviens que tu n'es plus censé faire les choses seul ? Nous sommes une équipe, il me semble ?

Drago nota la lueur féroce qui passa dans les yeux de Harry et il fut surpris quand ce dernier grogna, les poings serrés.

— Je refuse que tu prennes tant de risques ! Je ne veux plus te voir dans cet état, en craignant qu'il aille trop loin et qu'il...

Harry s'interrompit brutalement et il secoua la tête, pinçant les lèvres. Drago soupira, mais ce fut sa mère qui prit la parole d'une voix douce. Surpris, Drago lui jeta un coup d'œil et elle observait Harry avec affection, comme si l'heure qu'ils avaient passé ensemble lui avait permis de l'apprécier réellement.

— Mon fils a raison, monsieur Potter. Vous n'êtes plus seul et même si je déteste l'idée que Drago soit blessé, sa présence dans les cercles les plus intimes de cet homme nous sera utile. Votre absence n'a pas fait disparaître la résistance du monde magique, loin de là, ils se sont juste... mieux cachés et ils attendent le bon moment pour frapper. Comme vous. Si nous coordonnons tous nos forces... Il tombera. Croyez-moi, je suis assez proche de lui pour savoir qu'il ne s'y attend pas.