Chapitre 26

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L'arrivée de sa mère avait rendu Drago particulièrement nerveux. Il l'aimait et il était prêt à tout pour la protéger — y compris à se mettre en danger. Il avait confiance en elle également, assez pour savoir qu'elle ne ferait rien pour le blesser.

Cependant, il ne voulait pas qu'elle découvre la présence de Potter chez lui. Si elle l'apprenait, elle serait en danger, plus encore qu'elle ne l'était déjà.

Il savait que sa mère était bien plus que la femme magnifique et fière que son père exposait comme un trophée. Elle était puissante et intelligente, assez pour être capable de percer nombre de ses secrets. Il tenta d'ignorer le corbeau présent chez lui, même s'il le sentait, de façon presque écrasante. Potter était suffisamment malin pour ne pas se faire remarquer, mais il n'était pas invisible et sa mère finit par mentionner sa présence, avec une expression rusée que Drago détesta immédiatement.

Bien évidemment, Drago tenta de minimiser la présence de l'oiseau, prétextant qu'il n'était qu'un vulgaire messager, mais il ne résista pas à la tentation de traiter Potter d'imbécile au passage. En cet instant, il le pensait vraiment, puisqu'il avait pris des risques en venant en personne chez lui, au risque d'être surpris.

Il ne fut pas vraiment surpris de la réaction immédiate de Potter et sa mère nota l'intelligence du corbeau.

Il l'ignora — conscient qu'elle poserait probablement plus de questions à un moment donné ou à un autre — et leva le bras pour y attirer Potter. Drago ne savait pas à quoi s'attendre, mais Potter se posa sur son bras sans hésiter.

Le corbeau était léger et Drago admira un instant ses plumes brillantes d'un noir de jais. Il nota une fine ligne grisâtre au-dessus d'un œil et il supposa que c'était sa célèbre cicatrice qui apparaissait ainsi.

Après une brève hésitation, il passa le doigt sur la tête minuscule, s'émerveillant de la douceur de ses plumes.

Potter se laissa faire, tendant même la tête pour recevoir les caresses, et Drago en profita pour tenter de le renvoyer en douceur, l'invitant à rentrer chez lui. Il irait le voir, au moins pour savoir comment il avait obtenu la recette qu'il lui avait apportée.

Il pouvait admettre sans trop de mal que Potter n'était pas un cancre, loin de là, mais il était très loin de briller en potions. Que ce soit à cause du ressentiment que Rogue avait semblé éprouver à son égard ou à cause d'un manque d'intérêt de la part de Potter, ce dernier n'était absolument pas capable de créer une recette de potion aussi complexe que celle qu'il avait apportée.

Drago devina l'hésitation de Potter, à la façon dont il se trémoussa sur son bras, mais il insista, refusant que ce dernier soit témoin de la façon dont sa mère le maternait...

Il devina également que le croassement devait sonner moqueur, mais il l'ignora, regardant juste le corbeau s'envoler.

Drago nota le regard de sa mère sur l'oiseau, pensif et attentif, mais cette dernière ne fit pas la moindre remarque et le jeune homme ferma la fenêtre dès que le corbeau fut sorti de son appartement. Puis, il soupira et fit face à sa mère.

— Tu voulais me voir, mère ?

Narcissa sourit en ignorant soigneusement l'agacement dans le ton de son fils. Elle haussa les épaules et répondit avec calme.

— Comme je te l'ai déjà dit, je ne pense pas avoir besoin d'une raison particulière pour venir te voir.

Drago grogna et roula des yeux.

— J'ai très peu de temps à t'accorder, mère. J'étais en train de travailler sur cette potion et...

Narcissa haussa un sourcil.

— Tu as avancé ?

Drago grimaça et son regard se porta malgré lui sur le parchemin couvert de l'écriture de Potter. Il soupira et secoua la tête.

— Je ne sais pas vraiment. Je le saurais quand j'aurais terminé de brasser cette version, mais je ne m'attends pas à un miracle.

Le visage de Narcissa se ferma et elle murmura, amère.

— Il va encore te blesser.

Drago haussa les épaules, résigné.

— Tu sais qu'il le ferait même si j'avais des résultats. Il... aime faire souffrir les gens.

En voyant sa mère plisser les yeux, Drago lui attrapa le bras avec douceur.

— Nous ne pouvons rien y faire, mère. Si tu allais le supplier, il trouverait un autre moyen de nous tourmenter, probablement pire encore. Tu devrais juste rester en dehors de tout ça.

Narcissa le dévisagea un instant avant de laisser échapper un rire surpris.

— Où est donc passé mon bébé ? C'est à moi de te protéger, mon dragon, pas l'inverse.

Drago resta silencieux, la fixant juste et elle soupira.

— Très bien. Je ne ferais rien sans en avoir parlé avec toi avant, ça te va ?

Le jeune homme se détendit légèrement et il accepta, conscient que sa mère refuserait de le laisser être tué sans intervenir... Un éclair de malice passa dans le regard gris identique au sien et Narcissa eut un sourire rusé.

— Peut-être aimerais-tu savoir que certains Mangemorts ont rencontré une résistance inhabituelle dans certains petits villages. Il ne s'agit pas juste de mauvaise volonté, mais bien d'un mouvement parfaitement organisé.

Le cœur de Drago accéléra et il se pencha légèrement vers sa mère, intéressé. Narcissa ricana, ne cachant pas sa satisfaction de pouvoir le lui rapporter.

— Ils n'ont attrapé personne encore, mais il est furieux. D'après ce que Lucius en dit, ils vont minimiser les incidents et multiplier les patrouilles de Mangemorts pour surprendre les coupables.

Drago intervint, mal à l'aise.

— Pourquoi me dire ça, mère ? Tu n'as pas peur qu'on te reproche d'avoir raconté les petits secrets entendus en haut lieu ?

Narcissa se mit à rire joyeusement et elle chassa les inquiétudes de son fils d'un haussement d'épaules.

— Depuis trente ans que dure notre mariage, ton père me voit comme une jolie potiche décorative. Il a oublié dans quelle famille je suis née et surtout de quoi je suis capable. Il parle devant moi comme si j'étais transparente et ses amis ne sont pas mieux. J'ai été fidèle toutes ces années à un mariage arrangé, mon fils, mais c'était avant que ton père cesse de te protéger.

Drago déglutit, un peu nerveusement, et il secoua la tête, perdu.

— Je ne comprends pas.

Narcissa lui sourit tendrement et elle le prit dans ses bras, avant de murmurer, tout contre son oreille.

— Je me moque bien du camp que tu choisiras, Drago. Je veux juste que tu saches que, quel que soit ton choix, je te suivrais. Sans la moindre hésitation.

Faux SemblantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant