Faux Semblants

Chapitre 57

Après avoir réussi à raisonner Drago — Harry était certain que ce n'était pas la dernière fois qu'ils avaient cette conversation — et l'avoir convaincu de se reposer encore un peu, Harry s'était éloigné de la chambre pour errer dans l'appartement de Drago, un peu désœuvré.

Il devait retourner s'occuper de Rogue, mais il avait accepté d'attendre Drago — après avoir exigé de lui qu'il se repose encore un peu. Il avait réussi à lui faire prendre une potion antidouleur avec peine, et alors qu'il bataillait pour lui faire accepter les soins, il avait eu une brève pensée pour madame Pomfresh.

Il s'était rendu compte qu'il avait été un patient pénible pour la brave infirmière et il s'était juré de s'excuser un jour pour la patience dont elle avait dû faire preuve envers lui.

Harry se laissa tomber dans le canapé avec un soupir et il ferma les yeux, l'épuisement le rattrapant. Il ne se souvenait même plus de quand il avait eu une nuit complète et reposante, et il regrettait de s'être plaint régulièrement auprès du portrait de Rogue qu'il s'ennuyait.

Il somnolait lorsqu'il fut réveillé par des coups frappés à la porte. Il sursauta et se redressa, mais il ne bougea pas, écoutant en silence et espérant que le visiteur — quel qu'il soit — finirait par partir.

Lorsque des coups retentirent de nouveau, il entendit Drago marmonner avec agacement et il se leva au moment où le jeune homme sortait de sa chambre, un peu pâle, et la démarche hésitante.

Harry se précipita à sa rencontre pour l'aider, mais Drago secoua la tête et lui murmura de prendre sa forme animagus.

Harry hésita quelques secondes avant d'obéir et il s'envola pour se poser au sommet de la bibliothèque afin d'avoir une vue dégagée sur l'entrée.

Juste avant d'ouvrir, Drago le regarda, s'assurant que personne ne pourrait identifier le corbeau installé dans son appartement, puis il ouvrit la porte, les lèvres pincées.

En voyant Narcissa Malefoy entrer, Harry se détendit légèrement — il savait qu'elle ne blesserait pas son fils — tout en restant attentif, curieux du motif de sa visite.

Narcissa entra après avoir embrassé la joue de son fils et elle fixa un instant Harry en silence, avant de lui adresser un léger signe de tête, comme lors de sa dernière visite.

Harry l'ignora rapidement pour observer Drago et il nota qu'il transpirait et faisait de son mieux pour cacher une grimace d'inconfort. Malheureusement, il ne pouvait rien faire pour lui, en dehors d'espérer que la visite de sa mère serait brève.

Narcissa s'installa dans le sofa et elle fixa son fils un instant, lui laissant le temps de prendre place près d'elle. Elle fit comme si elle n'avait pas remarqué ses difficultés à bouger et elle lui sourit.

— Ton père est parti précipitamment et il n'est pas encore rentré, alors je suis venu voir ce qui se passait.

Drago cligna des yeux, puis il haussa précautionneusement les épaules.

— J'ignore ce qu'il fait, ça fait des heures que je suis rentré.

Narcissa ne sembla pas spécialement inquiète pour son mari, hochant juste la tête pensivement. Drago grogna.

— Mère ? Pourquoi ne pas m'avoir dit que c'était Père qui avait... capturé Granger ?

Narcissa émit un léger reniflement.

— Probablement parce que je l'ignorais. J'ai entendu... ma sœur se réjouir de pouvoir... s'amuser. Et nous savons tous les deux quelles sont les choses qui l'amusent. Je n'imaginais pas que la personne dont elle parlait avait autant d'importance et je suis soulagée que miss Granger soit saine et sauve, compte tenu de son état...

Drago frissonna et Harry dut se retenir pour ne pas voler jusqu'à lui pour se poser sur son épaule. À la place, il s'obligea à ne pas penser à Bellatrix et aux ravages que cette folle pouvait provoquer sur son chemin. Rien que l'évocation de son nom amenait l'image de Sirius dans son esprit, au moment de sa mort, et était accompagnée d'une bouffée de haine brûlante. Le regard choqué de Sirius alors qu'il basculait derrière le voile maudit poursuivait Harry, jusque dans ses cauchemars.

Harry, sous sa forme de corbeau, secoua nerveusement la tête et s'obligea à se montrer plus attentif. Drago était mal à l'aise, évitant le regard de sa mère et remuant sans cesse en grimaçant, attirant ainsi l'attention sur le fait que quelque chose n'allait pas chez lui. Narcissa plissa soudain les yeux, suspicieuse.

— Que s'est-il passé, Drago ?

À la question, Harry battit nerveusement des ailes, attirant brièvement l'attention de Narcissa. Il se demandait si Drago allait dire la vérité à sa mère ou s'il tenterait de minimiser le rôle de son père. Il n'eut pas longtemps à attendre puisque Drago soupira, avant de hausser les épaules avec une grimace.

— Rien d'important, ne t'en fais pas.

Narcissa le fixa longuement, ses yeux gris ayant pris le tranchant de l'acier, et Drago s'agita légèrement, essayant de masquer son inconfort. Il avait visiblement du mal à mentir à sa mère et il tentait de garder une expression neutre. Consciente de sa tentative d'éviter le sujet, sa mère secoua la tête, mécontente.

— Et si tu demandais à ton ami de reprendre forme humaine ? Peut-être serait-il plus enclin à dire la vérité que toi ? Lequel d'entre eux a réussi à devenir animagus ?

Drago sursauta brusquement et pâlit un peu plus, avec une expression horrifiée. Son geste brusque lui arracha un gémissement de douleur et il se replia sur lui-même, tandis que Narcissa se penchait vers lui, inquiète.

— Drago ?

Harry hésita, l'espace d'un instant.

Il savait que plus il y aurait de personnes le voyant, plus il y aurait de risques que le secret soit éventé.

Cependant, Narcissa Malefoy aimait son fils et elle avait prouvé qu'elle était digne de confiance en organisant le sauvetage de Hermione. Elle avait également repris contact avec sa sœur Andromeda, prouvant qu'elle ne soutenait plus l'idéologie de Voldemort — si elle l'avait suivi un jour.

Voyant que Drago peinait à retrouver son souffle, il prit son envol pour atterrir sur ses pieds, devant Narcissa Malefoy et sous forme humaine.

Harry soutint sans crainte le regard de Narcissa, qui le fixait avec surprise, avant de se pencher vers Drago qui semblait horrifié. Il le fixait, les pupilles dilatées, en secouant la tête, comme s'il espérait avoir imaginé le geste inconscient de Harry.

Harry soupira en espérant que Drago ne le détesterait pas, puis il affirma tranquillement.

— Drago a dû subir la punition destinée à votre mari et il n'est pas encore totalement remis.