Faux Semblants

Chapitre 84

Harry dévisagea Drago devant lui, perplexe.

Il savait que Drago craignait son père et qu'il lui en voulait sur beaucoup de sujets, mais il avait imaginé que leur relation était complexe et que le jeune homme continuait malgré tout de l'aimer.

Après tout, il était son père, il l'avait élevé et à Poudlard, Drago avait semblé proche de lui.

Il ne s'attendait pas à ce « merci » soulagé, comme si c'était une bonne chose.

Drago dut noter sa surprise parce qu'il haussa les épaules.

— Il n'était ni un bon père ni un bon mari. Pour obtenir son affection, je devais me plier à ses moindres désirs, et il m'a fallu du temps avant de comprendre que... qu'il était mauvais. En fait, il a fallu que je sois marqué de force et qu'on m'ordonne de tuer Dumbledore pour commencer à ouvrir les yeux.

Harry déglutit, en dévisageant Drago avec attention.

— Mais...

Drago grimaça et leva la main pour le faire taire. Il soupira et il haussa les épaules.

— Il aimait torturer et répandre la terreur. Lorsqu'il est sorti d'Azkaban, il m'a fait payer pour ne pas t'avoir retenu à Poudlard. Puis, il m'a fait payer d'être trop faible et pas assez cruel. Au moins, ma tante Bellatrix a la folie comme excuse de ses crimes. Lui... il est... il était juste mauvais.

Harry cligna des yeux, semblant surpris. Il se détendit légèrement, soulagé que sa décision de choisir la vie de Lucius ne blesse pas Drago et il murmura, avec un soupir.

— J'étais face à Voldemort et tu étais derrière moi. Je... t'ai juste entendu lancer un experlliamus et quand je me suis retourné, tu étais au sol, avec une plaie à la gorge.

Drago hocha la tête.

— C'est ce que tu avais peur de me dire ?

Harry grimaça.

— En quelque sorte.

Si Harry avait gardé le secret de ce qui s'était réellement produit devant Rogue et Narcissa Malefoy, il était déterminé à tout partager avec Drago. Il s'assura qu'ils étaient toujours seuls, mais Drago l'arrêta, en le fixant avec sérieux.

— Tu n'es pas obligé de tout me dire si ça te gêne, Harry. Si tu me dis que tout est terminé et que plus rien ne te menace, je l'accepterai.

Harry laissa échapper un bref rire soulagé et il secoua la tête.

— Je ne veux pas avoir des secrets pour toi. Je me suis servi des reliques, quand je t'ai vu dans cet état, mais ça ne fonctionnait pas.

Drago leva un sourcil amusé.

— Quelle surprise ! Une légende qui se révèle... être une simple histoire.

Harry roula des yeux, mais il souriait quand il reprit.

— Cependant, j'ai rencontré un personnage plutôt intéressant. Selon lui, ces objets ne sont que des objets puissants, mais ils n'ont rien de... spécial.

Drago acquiesça, gardant son air moqueur, avant de froncer brusquement les sourcils.

— Attends une seconde. Qui as-tu rencontré ?

Harry gloussa.

— La Mort, je suppose. En tout cas, il a affirmé que la cape, la baguette et la pierre étaient à lui, avant.

Drago secoua la tête, l'air choqué.

— La Mort. Mais... comment ? C'est une plaisanterie ?

Harry reprit son sérieux.

— Il était bien présent. J'ignore ce que j'imaginais, en fait. Il n'est pas... mauvais, pas comme Voldemort, tu vois ?

Drago arqua un sourcil perplexe.

— Puisque tu le dis... d'accord.

Harry s'empourpra légèrement avant de reprendre, un peu hésitant.

— Je lui ai demandé de te sauver, mais il ne pouvait pas. Cependant, il a accepté de... d'échanger ton âme contre celle de ton père et celle de Voldemort.

Drago s'étouffa à moitié à ces mots, avant de fixer Harry les yeux ronds.

— Tu as marchandé avec la Mort ? Es-tu cinglé ?

Harry protesta légèrement, un peu boudeur.

— Ne fais pas paraître ça plus... étrange que ça l'était vraiment, d'accord ? Je paniquais en te voyant agoniser. L'important, c'est qu'il a accepté, non ?

Drago le dévisagea si longtemps que Harry commença à se tortiller, les joues rouges. Puis, il l'attira contre lui en marmonnant.

— Tu es complètement cinglé. Je devrais probablement y être habitué, depuis toutes ces années, non ?

Harry grogna, mais Drago le fit taire en déposant un baiser sur ses lèvres, avant de demander, avec une pointe d'inquiétude.

— Mais tu ne risques rien ? D'avoir voulu... échanger comme ça ? La Mort ne va pas revenir te demander des comptes ? Tu n'as pas de dette à ce sujet ?

Harry haussa les épaules.

— Tout va bien. Il venait chercher une âme, il est reparti avec un peu plus... cependant, je devais me débrouiller pour te soigner. Il m'a prévenu que tu pourrais quand même... mourir, et qu'il devrait revenir pour toi, mais j'ai transplané près de Rogue et de ta mère... et ils m'ont aidé à te soigner. J'ai utilisé la baguette de sureau pour ta blessure et Rogue avait un antidote au poison.

Drago ricana.

— Ça semble totalement incroyable, tu sais ça ?

Harry hocha la tête en s'installant un peu mieux contre Drago, soupirant de soulagement alors que ce dernier le serrait contre lui. Il murmura, un peu perdu.

— Ça semble aussi incroyable que tout soit terminé. Je veux dire... Je ne suis pas certain que ce soit réel, en fait.

Drago raffermit son étreinte et il soupira.

— Pour ce que ça vaut, je te crois, Harry. Mais, tu veux bien me faire une promesse, maintenant ?

Harry fronça les sourcils, cependant, il hocha presque immédiatement la tête.

— Bien sûr.

Drago ricana, un peu moqueur, sans pour autant cacher l'affection qu'il avait pour le jeune homme.

— Attends de savoir ce que je vais te demander avant d'accepter aveuglément. Je voudrais que tu me promettes de laisser le monde magique se débrouiller maintenant. Tu as fait plus que ta part, tu as sacrifié tellement de choses... Laisse-les remettre les choses en ordre...

Harry hésita, un peu mal à l'aise. Il murmura, avec une grimace.

— Et s'ils veulent que je...

Drago l'arrêta, ferme.

— Harry. Si tu les laisses faire, ils voudront toujours quelque chose en plus de toi. Tu mérites d'être libre et de choisir ta vie. Je sais que tu n'aimes pas être... en première ligne comme ça, c'est pour ça que je te demande de me promettre ça.

Harry se mordilla la lèvre un instant en regardant Drago, puis il hocha finalement la tête avec un léger sourire.

— D'accord. Tout ce que tu veux tant que tu restes près de moi.

Drago sourit et se pencha vers lui, s'arrêtant à quelques centimètres de ses lèvres.

— Il semblerait que nous ayons un accord, alors.