Chapitre 39

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Harry était pleinement convaincu de sa décision. Il avait perdu tant de personnes autour de lui — ses parents, son parrain, Rémus et Tonks, Fred... — qu'il refusait de laisser qui que ce soit d'autre se mettre en danger en le suivant.

S'il le pouvait, il écarterait Malefoy également, surtout parce qu'il n'aimait pas le savoir à la merci de Voldemort, mais c'était impossible pour le moment. Désormais, Drago Malefoy était la seule chance pour Harry de pouvoir atteindre Voldemort directement.

Harry s'attendait presque à ce que Malefoy le pousse à bout en essayant de le faire changer d'avis, mais il hocha juste la tête à sa réponse et il resta installé dans son canapé, la tête posée sur le dossier et les yeux fermés.

Il en profita pour le détailler, notant ce qui avait changé chez lui depuis la dernière fois où ils s'étaient vus. Ses traits étaient plus durs, plus anguleux. Un chaume léger couvrait ses joues, si clair qu'il fallait être proche pour le noter. Il paraissait trop maigre, comme s'il ne pensait pas à manger à tous les repas, et les cernes noirs sous ses yeux montraient à quel point il vivait une vie stressante.

Harry eut un sourire désabusé en pensant que Malefoy pourrait faire le même constat sur sa personne. Lui aussi semblait avoir vieilli un peu trop vite et ses traits tirés prouvaient qu'il manquait de sommeil.

C'était probablement le même visage chez tous les survivants de cette guerre, tous ceux qui ne se battaient pas pour une conviction, mais pour survivre...

Harry détourna le regard et il soupira.

— Je devrais rentrer chez moi et te laisser te reposer. Je suppose que tu auras plusieurs jours de répits après la disparition de Hermione de ses cachots.

Malefoy ricana.

— Probablement. Même s'il semble tenir fortement à son objectif de retrouver un visage aussi humain que possible dans les plus brefs délais.

Harry hésita brièvement, avant de hocher la tête.

— Il terrorise l'Angleterre magique depuis des années et son apparence était probablement pratique pour prouver qu'il était le monstre que tous craignaient. Maintenant qu'il pense avoir gagné ce pays, il voudra probablement lier des relations avec les communautés magiques internationales pour légitimer sa position. Après tout, c'était une sorte de coup d'État et il ne peut pas fermer les frontières totalement, même s'il le voulait...

Malefoy renifla, peu convaincu.

— Je ne suis pas certain qu'il soit aussi prévoyant que ça. Il s'est servi d'un ministre de la magie sous imperium pour offrir un visage humain, il pourrait faire la même chose pour négocier avec les autres pays. Sans compter qu'il a quelques soutiens dans les pays de l'Est.

Harry fit la moue, puis il soupira en haussant les épaules.

— En fait, je m'en moque. Il pourrait vouloir prendre l'apparence d'une licorne que ça n'aurait pas plus d'importance que ça à mes yeux. Je veux juste que le monde magique soit sûr pour tout le monde.

Ils restèrent un long moment dans un silence confortable, somnolant l'un à côté de l'autre.

Harry profitait de ce moment de calme et de repos avec délectation, proche de glisser dans le sommeil. Il se sentait plutôt détendu et totalement en confiance, même en sachant que Malefoy était près de lui. C'était probablement la présence de son ancien rival qui lui permettait de se détendre à ce point.

Des coups frappés à la porte d'entrée le firent sursauter brusquement et il se leva d'un bond, baguette en main, regardant autour de lui avec une pointe de panique.

Malefoy s'était lui aussi levé d'un bond, mais il semblait plus calme et il agrippa le poignet de Harry en le fixant.

— Prends ta forme animagus, Potter. C'est probablement ma mère qui vient apporter à manger et parler de ce qui va se passer pour Granger.

Harry hésita, puis il acquiesça et il s'écarta d'un pas pour changer en corbeau. Malefoy ne détourna pas le regard pendant qu'il se transformait et l'oiseau qu'il était devenu ébouriffa ses plumes fièrement.

Harry fut satisfait de voir Malefoy sourire et avant d'aller ouvrir la porte, ce dernier se pencha et caressa avec douceur les plumes de sa tête. Puis, il murmura, avec humour.

— Essaie de te comporter comme un véritable corbeau, Potter.

Harry croassa en réponse et il prit son envol, pour se percher sur le meuble le plus haut de la pièce, une bibliothèque emplie de grimoires de potions.

Malefoy lui lança un dernier regard, avant de vérifier que tout était en ordre dans la pièce, puis il alla ouvrir. Harry nota qu'il avait sa baguette en main et qu'il se méfiait, même s'il pensait que c'était sa mère qui lui rendait visite. Même sous forme d'oiseau, il ne put s'empêcher de se tendre, observant la scène avec attention, prêt à intervenir s'il en ressentait le besoin.

Malefoy étant devant la porte, Harry ne voyait pas encore qui lui rendait visite, mais il nota qu'il se détendait et lorsque Malefoy rangea discrètement sa baguette, Harry se permit de relâcher sa vigilance lui aussi.

Lorsqu'il revint dans la pièce, Malefoy était suivi de sa mère, qui portait un plat. Malefoy le posa sur la table avec un soupir et en protestant, arguant qu'il savait cuisiner. Cependant, les reproches glissaient sur Narcissa et elle regardait autour d'elle, avec un petit sourire.

Lorsqu'elle vit le corbeau, elle le détailla un instant, puis son sourire s'élargit et elle inclina lentement la tête comme pour le saluer. Presque malgré lui, Harry inclina la tête, curieux, se demandant ce qu'elle savait — ou croyait savoir.

Narcissa ne fit pas la moindre réflexion et elle reporta son attention sur son fils.

— Si tu me disais comment va miss Granger, Drago ?

Harry sautilla sur la bibliothèque jusqu'à atteindre l'autre extrémité du meuble afin de se rapprocher pour écouter à son aise la conversation. Narcissa lui lança un regard amusé, mais elle laissa son fils lui répondre sans faire de commentaires.

— Elle est soignée, bien évidemment. Heureusement, il n'y avait rien de vraiment grave, mais tu aurais dû me dire qu'elle était enceinte !

Narcissa laissa échapper un léger rire, sans sembler repentante.

— Cette information aurait-elle changé quelque chose ? Nous n'avons pas vraiment eu le temps de... bavarder, n'est-ce pas ?

Malefoy renifla et soupira, prenant une voix plaintive que Harry ne lui connaissait pas, mais qui l'amusa énormément.

— Mère ! J'ai peut-être des notions de premiers soins, mais je ne sais pas du tout comment gérer ça ! Je veux dire, comment puis-je être certain de ne pas causer du tort à l'enfant ?

Narcissa haussa juste les épaules, amusée.

— Des hématomes et des os cassés n'ont aucune influence sur une grossesse. Et j'ai pris soin de vérifier que tout allait bien lorsque nous sommes arrivées ici.

Faux SemblantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant