Aure Pourpre [Terminé]

Chapitre 3-Réaction- [Réécrit]

―Je crois que je viens de me casser le bras.

Son père arriva, un grand verre d'eau à la main et s'assit a son chevet tandis que sa mère partit chercher une baguette de bois.

―Qu'est ce qui t'es arrivé ? demanda Guillaume.

―J'ai ... glissé. Sur la flaque. Dans l'escalier.

Ce fut la première idée qui vint à l'esprit de Louise. Guillaume regarda sa fille, les lèvres pincées.Il lui lança l'un de ces regards verts dont Louise avait hérité et qui vous donnaient l'impression d'être scruté de toute part. Il était très dur de mentir à Guillaume. En effet, il avait une sorte de sixième sens qui lui permettait de détecter le moindre petit mensonge.

Cependant, même s'il ne fut pas convaincu, il ne fit aucun commentaire et quitta la pièce. Louise eut un élan d'affection pour son père. Elle n'avait aucune envie de se confier à lui et voulait rester seule, en tête à tête avec les pensées qui la tourmentaient.

Sa mère revint quelques minutes plus tard pour lui poser son attelle. Cela soulagea sa douleur au bras mais ne fit nullement disparaître le poids qui s'était installé dans sa poitrine et qui ne semblait pas prêt de s'en déloger.
Cette vérité la percuta alors de plein fouet: Aure allait épouser Oswald, le fils du roi Édouard.

Louise s'était doutée qu'un tel événement arriverait tôt ou tard. Aure était vouée à établir un arrangement entre deux nations, pas à gouverner. Seulement, elles'était imaginée passer un été de plus avec elle. Il est vrai que pour une princesse, dix sept ans est un âge tardif pour se marier.
Mais, il y avait une chance pour qu'Aure reste reinede son propre pays.

Maintenant, elle allait être emmenée à des milliers de kilomètres de Louise et les deux amantes ne se reverraient jamais plus. Le sommeil de la jeune femme fut plus agité que jamais.

***

Les parents de Louise dormaient a cette heure là et comme tous les jours, la jeune femme se leva pour retrouver Aure dans les bois. Elle l'entraînait à manier l'épée.Louise tenait cela de son père. Il le lui avait appris dès son plus jeune âge pour "qu'elle puisse se défendre" disait-il.Même un royaume paisible comme Wayton n'était pas à l'abri des guerres et des pillages.

En plus de dix ans, la jolie rousse avait eu le temps de se perfectionner et de l'enseigner à son tour à sa bien-aimée qui, à sa grande surprise, avait montré un talent certain dans le maniement de cette noble arme. Elle avait rattrapé Louise en très peu de temps et on en venait même parfois à se demander qui l'enseignait à l'autre.

Elles s'adonnaient à cette passion commune dans les bois, par peur d'être découvertes, premièrement,parce que Aure était une princesse et qu'une princesse ne devait en aucun cas manier les armes, c'était inconvenant et profondément irrespectueux envers son époux ; et deuxièmement en raison de l'intolérance de ce monde. Elle ne pouvait aimer Aure, cela était même qualifié de « crime contre l'ordre naturel défini par Dieu »dans les royaumes d'Algarie, sous peine d'être condamné à mort et de voir sa famille tomber dans le déshonneur. Louise avait néanmoins connaissance d'une échappatoire qui s'offrait à elle, mais par peur de se montrer égoïste, n'osait pousser Aure à faire ce choix.
Les Terres Libres situées au Nord Est de l'Algarie étaient le seul endroit où l'on pouvait pleinement exhiber ses préférences sexuelles.

Le frère de Guillaume avait voulut migrer vers la liberté il y a quinze ans de cela avec le frère du roi Édouard. Avant qu'ils n'y parviennent, ils furent arrêtés par des gardes royaux dans une auberge. Le frère du roi fut enfermé dans le château jusqu'à sa mort. La version officielle confie que la maladie le terrassa, mais on dit que ce fut le chagrin qui l'emporta. Quant à l'oncle de Louise, il fut brûlé vif pour trahison. Guillaume ne se remit jamais de la mort de son frère jumeau.
Tous les soirs, il l'entendait dans ses cauchemars.Il l'appelait, les flammes dévorant son corps. Guillaume n'enparlait jamais à sa fille mais elle voyait lorsqu'il avaitpleuré.
Pour ses parents, Louise ne pouvait présenter aucun vice. Elle avait de nombreux amis garçons et avait toujours des gestes affectueux envers eux, qui ne laissaient planer aucun doute.Il s'agissait cependant de jeunes hommes légèrement en-dessous de sa condition, qui ne pouvaient prétendre l'épouser. Elle était de plus très coquette et accordait une grande importance à sa toilette. Pour autant, il ne s'agissait pas seulement de maintenir les apparences.

Louise avait déjà aimé un homme lorsqu'elle était enfant, un jeune voleur très habile de ses mains mais néanmoins d'une grande discrétion. Elle l'avait vu pour la première fois lorsqu'elle était à la pêche avec son père. Il avait suffi de deux minutes d'inattention et elle était tombée dans l'eau, manquant de se noyer. Un jeune garçon l'avait sortie de l'eau, son père ne sachant nager.
Depuis dix ans ce garçon partageait sa vie. Firmin était devenu son meilleur ami.

Mais tout changea lorsqu'elle vit Aure.
Le sourire qui se matérialisait une fois de plusdevant elle avait changé sa vie à tout jamais.