Tome I • Chapitre 34

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Je plaque ma main sur la bouche, ce n'est pas possible. Mon coeur bat la chamade.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? J'arrive à articuler.

- On ne sait pas vraiment, elle a fait une sortie de route et a fini en contre-bas. Elle a été désincarcéré de la voiture par les pompiers, elle n'est pas en bon état Amélia. On l'a fait rapatriée en France pour qu'elle puisse recevoir les meilleurs soins. Mais ça semble compliqué.

- On peut... On peut la voir ?

- Oui, mais il faut que tu saches qu'elle est dans le coma. Ils l'ont sédaté, elle ne souffre pas...

- Zoé est là ?

Maxendre baisse les yeux avant de me répondre.

- Oui depuis vendredi..

- Vous... Vous avez attendu tout ce temps pour me prévenir ?! Je sens la colère montée en moi.

- Ecoute Amélia, Papa ne voulait pas qu'on t'en parle avant qu'on en sache plus. Il voulait attendre que tu rentres en Europe. Puis les résultats sont tombés hier matin.

- ON PARLE DE MAMAN LÀ ! PUTAIN MAIS À QUOI VOUS PENSIEZ ?

Maxendre me prend dans ses bras pour tenter de me calmer, tous les regards se sont tournés vers nous.

-Amélia, calme toi, on va monter la voir. Papa et Zoé nous attendent.

- Lâche moi ! Vous êtes vraiment trop cons des fois !

Je récupère mon sac et j'invite Maxendre à me mener jusqu'à la chambre où se trouve ma mère. Nous prenons la direction du pavillon de Cardiologie, je passe devant un panneau qui indique « Réanimation Médicale », mes mains deviennent moites quand mon frère frappe doucement à la porte avant de l'ouvrir. J'avance dans la pièce, mon père est assis dans un fauteuil tout près du lit et Zoé, ma soeur, regarde par la fenêtre. Elle se retourne en nous entendant entrer dans la chambre. Ses yeux sont rouges et remplis de larmes. Mon père se lève et vient me prendre dans ses bras. Je lui rends son étreinte et je jette un regard par dessus son épaule.

Elle est là, son visage est tuméfié, des points de suture sont visibles au dessus de son arcade gauche. Elle est sous assistance respiratoire. Les machines bipent à intervalles réguliers. Son corps est recouvert par des couvertures, mais je devine un plâtre qui remonte en haut de sa cuisse droite. 

Je n'en reviens pas. Elle est bien là devant mes yeux, mais je n'arrive pas à y croire. Lundi, elle était tellement rayonnante au téléphone. Je me surprends à reprendre ma respiration, j'étais en apnée à partir du moment où j'ai mis le pied dans cette chambre. Mon père me parle mais je ne l'entends pas, j'ai le regard fixé sur le monitoring qui indique les battements du coeur de ma mère. Ils sont lents mais réguliers. Sa voix me ramène petit à petit à la réalité.

- Selon les médecins, elle a une chance sur dix de se réveiller... La voix de mon père s'éteint à la fin de sa phrase.

Ma soeur étouffe un hoquet, Zoé a toujours été la plus sensible de nous trois. Je ne lui prête pas vraiment d'attention. J'ai l'impression d'être dans un caisson, mes oreilles bourdonnent. Je m'approche doucement du lit. J'effleure ses doigts, ils sont chauds, un petit tuyau part du dessus de sa main et est rattaché à une perfusion. Je me retourne et fais face à mon père, mon frère et ma soeur.

- Comment vous voulez qu'on fasse ? Avec le décalage horaire, je peux rester avec elle la nuit, vous pourrez rentrer vous reposer à ce moment là. Ma voix est froid et monotone.

- Rien ne t'y oblige, me répond Maxendre.

- Maintenant que je suis ici, je ne vais pas la laisser toute seule même la nuit. 

Late Night TalkingWhere stories live. Discover now