Suis moi, je t'en prie.

Chapitre 25

Charlie :

    Chemise mise, Pantalon mis, ceinture mise, veste mise, arme sous mon bras gauche dans son étui, cheveux attachés, chaussures mises. Je suis prête. Je suis prête à devenir officiellement celle que je suis destinée à devenir. Je me sens prête.

    Tout le monde m'attend dans le hall principal du centre d'entraînement. Tous sont là, tous mes camarades et coéquipiers avec qui j'ai appris à me battre, avec qui j'ai finalement réussi a m'imposer en tant que meurtrier et membre du réseau et non en tant que femme ou bout de viande, comme il me voyait à mon arrivée. J'ai réussi à me forger un caractère dur et froid en utilisant les blessures de mon passé, ça m'a rendu plus forte encore.

Raphaël peut me répéter plusieurs fois qu'il est fier de moi, tout comme Loritz et Julian, mais la seule personne que je veux rendre fière, c'est elle, celle qui a sacrifié toute sa vie pour me rendre heureuse, qui s' est sacrifiée pour me donner une enfance normale. Et elle a tellement réussi, merci maman...

C'est l'heure. L'heure d'y aller et de les rejoindre. Ce long couloir semble encore plus interminable que d'habitude, bordel. J'accélère le pas et arrive enfin à l'entrée du hall, où un tapis velours bordeaux s'étend devant moi. Ils sont tous sur les côtés de ce tapis, et mon père m'attend au bout, accompagné de Loritz, son second, et du patron de mon unité, l'équipe d'Élite.

Je sais que ça va faire mal, mais c'est pour prouver à quel clan j'appartiens, et je serais prête à me couper un membre pour ça. Je m'approche de plus en plus jusqu'à me retrouver devant Raphaël et à mettre un genou à terre devant lui. Il se tourne vers un coffre posé à côté de lui, sur lequel trône un magnifique Phoenix sculpté en bois et en cuivre, exactement comme celui que ma mère avait chez ma grand-mère. Il en sort une dague au manche bordeaux et or, puis il me tend la main. Je comprends rapidement que je dois poser le dos de ma main dans la sienne.

-Charlie Smith. Ma fille. Tu as su nous montrer de quoi tu es capable. Tu as su tuer, torturer, enfermer, menacer, et bien d'autres choses encore, sous les ordres de tes supérieurs. Tu es une jeune femme tenace et cruelle. Tu ne t'es pas laissé abattre par le fait d'être la seule femme du réseau. Charlie Smith, tu as réussi haut la main ton temps d'essai au sein du cartel et de l'organisation Smith. Bienvenue parmi les nôtres.

    Sur ces mots, il n'attend pas une seconde de plus et fait glisser la lame de la dague assez profondément dans la paume de ma main, faisant couler mon sang. Il saisit mon poignet et plaque ma paume sur le Phoenix du coffre. Un gémissement de douleur essaie de sortir de ma gorge, mais je le ravale rapidement. Il est hors de question d'avoir mal maintenant.

-Relève toi, et remonte ta manche gauche.

    Je m'exécute rapidement, je retire ma veste de blazer et remonte ma manche gauche de ma chemise en me doutant que le fer rouge et brûlant qu'un homme de mains vient de donner à Raphaël, va bientôt arriver sur ma peau.

-Sers les dents, ça va piquer.

Je hoche simplement la tête pour lui signaler qu'il peut le faire sans se soucier de ma douleur. Il n'hésite pas une seconde et plaque le fer brûlant sur mon poignet, le tenant fermement. Un grognement de douleur que j'avais ignoré s'échappe de mes lèvres. La douleur est horrible, mais pas plus horrible que la balle dans les côtes. Le silence règne dans la salle, à part un bruit de surprise. Je parie que c'est Julian. Comme je ne vois rien, les yeux fermés à cause de la couleur, il ne s'attendait sûrement pas à ça quand je lui ai parlé de la "marque" de l'organisation.

Le fer est retiré de ma peau et mon poignet est plongé dans l'eau glacée pendant que tout le monde applaudit. Raphaël se tourne à nouveau vers moi pour me tendre une boîte longue et fine en bois, avec l'inscription "Charlie Smith" écrite en belle calligraphie dorée sur le dessus. Il l'ouvre pour révéler une dague à la lame fine et presque transparente, sur laquelle est gravée "Mujona Kira" avec la même calligraphie dorée que sur le couvercle de la boîte. Le manche de la dague est le corps d'un serpent vert foncé, et au bout du manche, un cœur est sculpté, un cœur fissuré aussi rouge que le sang qui coule sur le serpent.

Après toute la cérémonie de bienvenue, un banquet est organisé avec tous mes camarades. Les uns après les autres, ils viennent me féliciter, et je les remercie par politesse, même si tout ce que je veux vraiment, c'est retrouver mon équipe et Julian. Je les vois tous les quatre de loin, ils m'observent. Certains affichent un sourire moqueur mais amusé (comme Jonas et Kyler). J'espère intérieurement que tout cela se termine rapidement pour que je puisse les rejoindre. Dès que personne ne vient plus me parler ou me féliciter, je cours directement vers eux. Je fais un doigt d'honneur à Jonas et Kyler avec un sourire amusé, je tape dans la main de Loritz, puis je vais embrasser Julian.

Comment cette histoire aurait-elle pu mieux se terminer... ?

???? :

-Et qu'ils pensent que c'est fini peut-être ? C'est loin de l'être.

FIN.