Chapitre 15

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Charlie :

    Je n'ai pas tenu ma promesse, et j'ai honte. Je n'ose même pas regarder Loritz alors qu'il me serre la main à cause de la douleur qui doit le déchirer. Héra va me détester, c'est sûr. Et si je les perds tous les deux ? Et si je me retrouvais encore seule ? Étonnamment, aucune larme ne coule sur mon visage. Ça doit bien faire des mois et des mois que je n'ai pas versé une seule larme. C'est simplement un sentiment de vide et une sensation de creux dans la poitrine qui remplace ces larmes.

-Tu... Tu as l'âme d'une meurtrière... C'est ce qu'il faut quand tu travailles... dans... dans ce genre d'environnement...

    Jonas le coupe en lui disant de se taire, car ça va l'épuiser, et je lui réponds simplement avec un sourire qui se veut rassurant. Je ne sais pas à quoi il voit que j'ai une âme de meurtrière, car à part tirer sur ce Andrews et rater ma cible, je n'ai pas fait grand-chose.

***

    Loritz se rétablit tout doucement, alors que moi j'enchaîne les charges. Entre deal, vente d'armes ou même infiltration dans des trafics sexuels pour faire couler le marché, je bosse énormément. Et pour l'instant, plus aucune trace d'Andrews. Raphaël, quant à lui, ne montre aucune émotion comme à son habitude, même si je remarque une certaine haine et tristesse en lui quand il lit nos rapports de retour de charge et qu'il arrive à ma partie. Je ne pense pas que ça lui plaise vraiment que sa fille de dix-sept ans soit une meurtrière au sang-froid. Mais comme je lui ai dit : -Il faut affronter ses démons et ne pas fuir devant eux pour devenir la personne que l'on veut être.

    C'est vrai que depuis mon arrivée, je ne suis plus la même. La petite Charlie timide, qui se faisait frapper, insulter, qui se laissait faire, qui ne voulait jamais être remarquée, celle qui avait peur du regard des autres, cette jeune adolescente de dix-sept ans a disparu et a été remplacée par une jeune femme qui n'a peur de rien, qui regarde le mal et la mort dans les yeux. Cette jeune femme ose défier plus fort qu'elle et sait achever ses victimes avec un tel sang-froid que la mort elle-même en aurait peur. Étonnamment, l'ancienne Charlie ne me manque pas. Certes, la nouvelle peut être effrayante, mais elle s'affirme et elle est forte comme sa chère mère défunte.

    Cette métamorphose psychologique, je l'attendais depuis tellement longtemps, mais je n'aurais jamais cru que tout cela serait si rapide. C'est vrai, ça fait peut-être 7-8 mois que je suis là. Mon physique n'est pas le seul à avoir changé, mais également mon corps. Il s'est endurci et raffermi. Ma force n'est plus la même. Beaucoup de bleus, d'égratignures ou de blessures légères recouvrent mes bras et mes jambes. Même mes cheveux ont changé. Durant une crise de nerfs que j'ai eue en rentrant d'une de mes charges qui avait foiré, j'avais attrapé le poignard que je garde près de mon lit et je les avais coupés.

    Ça ne fait que quelque temps que je suis rentrée dans le cartel, mais j'ai déjà eu l'occasion d'exécuter mon premier homme. Je n'avais pas le choix si je voulais survivre et sauver mes coéquipiers, alors j'ai simplement fait tomber au sol pour l'éternité un groupe d'hommes ennemis.

    Il reste toujours des traces de cette ancienne Charlie, elle n'a pas complètement disparu. La preuve en est seulement Julian. Chaque soir, je pense à lui, à ce qu'il fait, à comment il va, à ce qu'il fera quand il me reverra, à ce qu'il pensera de tout ça, à ce qu'il pensera de moi quand il saura qui je suis devenue. Est-ce qu'il aura peur de moi ? Est-ce qu'il me fuira ? Ces questions tournent en boucle tous les soirs dans ma tête. Même si je m'efforce de ne pas y penser, elles reviennent encore et encore, sans cesse dans ma tête et mon esprit.

Julian :

    Plus de cours. Sacs prêts. Premier billet de transport à acheter. Argent en poche. "Proches" prévenus de mon départ. Je n'ai plus qu'à aller voir sa grand-mère et je pourrai enfin partir...

Suis moi, je t'en prie.Where stories live. Discover now