Chapitre 5

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Charlie :

    Ça fait bien une heure qu'on marche en direction de chez moi. Tout à l'heure, quand j'ai vidé mon cœur de tout ce que je gardais enfoui depuis des années, je me suis senti vidé, libéré, plus léger. C'était comme si j'avais enlevé un énorme poids de ma poitrine et que je l'avais remplacé par de l'assurance et de la confiance en moi. Et mon dieu, ça fait du bien de se sentir libre d'une partie de ses démons et en sécurité pour la première fois depuis le décès de ma mère.

Julian :

J'ai trouvé ! J'ai trouvé ce qui remplace la peur dans son regard, c'est de la confiance et peut-être même de l'assurance. Et ça la change, son teint a l'air plus lumineux, ses yeux plus pétillants, sa façon de parler plus enjouée..Ce qui me fait l'admirer et l'aimer encore plus.

-On est arrivés.

Elle me fait me sortir de mes pensées. J'observe alors la maison qui se trouve devant moi juste derrière un petit portail en bois. On croirait sortir d'un conte de fée : c'est une maison assez basse mais assez longue recouvert de lierres, vignes et plantes grimpantes, avec des pierres blanches et un toit marron.

-Woa..Beaucoup de verdure..

-Et encore tu n'es pas encore rentré à l'intérieur,
Elle m'ouvre le portillon et me fait signe d'entrer d'un mouvement de tête.

-T'es sérieuse ?

-Dépêche avant que je change d'avis.

Je lui sourit et entre dans le jardin avant que l'on ne rentre dans la maison. Elle n'avait pas menti, même dans la maison il y a autant de verdure qu'à l'extérieur. On pose nos sacs à l'entrée près d'un escalier en pierre et en bois avant de se diriger vers le fond de la maison en passant par un petit salon, pour rejoindre une véranda pleine de plantes. Au milieu de celle-ci , une table et une chaise sur laquelle est assise une vieille dame en train de
tricoter.

-Grand-mère, interpelle Charlie en lui faisant un câlin et un bisou sur sa peau fripée, ça c'est bien passé aujourd'hui à la maison?

-Oooh Charlie, tu es déjà rentrée ? Il est tôt pourtant.

-Ne t'inquiète pas aujourd'hui j'ai fini plus tôt que d'habitude.

Charlie se met accroupis devant sa grand-mère et celle-ci pose sa main sur sa joue en l'examinant.

-As-tu changé quelque chose ma chérie ?

-Non rien. Pourquoi me dis-tu ça ?

Après un petit silence la grand-mère reprend :

-Ton regard n'est plus le même qu'hier. Tu as l'air moins souffrante et un peu plus heureuse.

-C'est vrai ? Alors c'est sûrement vrai.

Charlie se lève pour venir se mettre près de moi.

-Grand-mère que te présente Julian.

La vieille dame relève la tête vers moi et commence à m'examiner.

-Approche-toi que je te vois de plus près, je ne suis plus toute jeune tu sais..

Avec un petit sourire je m'approche.

-Qu'elle beau garçon tu es. Tu me rappelles mon mari.. Tu as le même regard plein d'assurance, d'amour et de fierté que lui avec une touche de tendresse pour la personne que tu aimes. Je me trompe ?

- Vous venez de me décrire mots pour mots.

Avec une voix qui se veut plus discrète elle me fait un signe de m'approcher pour me chuchoter :

-Ma petite fille a vécu des épreuves difficiles dans sa petite vie, j'espère que tu prendras soin d'elle, même si je n'en doute pas. Je peux voir tout l'amour que tu as pour elle dans ton regard, alors je te fais confiance pour protéger ma Charlie.

- Je vous promets de toujours veiller sur elle et de ne jamais l'abandonner, vous avez ma parole.

-Tu es un bon garçon. Allez les enfants vous pouvez retourner à vos occupations.

Charlie :

    Je tends l'oreille alors que ma grand-mère chuchote des mots à l'oreille de Julian. J'essaie de faire comme si je n'entendais rien, mais un petit sourire s'affiche sur mon visage.

-Allez les enfants, vous pouvez retourner à vos occupations, dit ma grand-mère.

-Suis-moi, je vais te montrer ma chambre, dis-je à Julian.

    Nous nous dirigeons vers les escaliers, je prends mon sac et monte suivie de Julian. J'ouvre la porte de ma chambre et le laisse entrer dans mon univers, rien qu'à moi.

-Bienvenue dans mon univers

    Je le regarde tandis qu'il observe les alentours. Son regard s'arrête sur un coin de la pièce où j'ai installé tout mon matériel d'enregistrement, accompagné de mon piano et d'une guitare soigneusement posée sur un trépied.

-Tu fais de la musique ?

-Je faisais..., répondis-je.

-Pourquoi t'es-tu arrêtée ?, demande-t-il curieusement.

-Je faisais de la musique avec ma mère..., dis-je avec un brin de tristesse dans ma voix.

-Parle-moi d'elle, dit-il doucement.

    Je m'appuie sur l'encadrement de ma porte, respire profondément et prends mon courage à deux mains pour lui parler d'elle. :

-Elle s'appelait Patricia, mais tout le monde l'appelait Doudou. Je ne peux pas vraiment te dire pourquoi, car même moi, je ne sais pas. Elle respirait la joie de vivre. Elle n'était jamais triste et avait toujours un magnifique sourire sur le visage. C'était une fille et une mère exemplaire. Elle m'a toujours élevée seule depuis le départ de mon père à mes quatre ans, et elle ne s'est jamais plainte une seule fois. En plus d'être mon héroïne de tous les jours, elle l'était également pour d'autres en tant que pompier. Elle était si heureuse de pouvoir sauver des vies. Mais un jour, ça a été au péril de sa propre vie : une maison en feu, une petite fille coincée à l'intérieur, les fondations touchées. Mais elle insistait et a répété à son chef que si c'était sa fille à lui, il aurait accouru pour la secourir. Il a cédé, et elle a réussi, sauvant la vie de cette petite en sacrifiant la sienne. Elle est restée coincée dans la maison jusqu'au moment où les fondations ont lâché. Elle est partie en faisant ce qu'elle aimait faire : être une héroïne.

-C'était une femme extraordinaire.. J'aurais adoré la rencontrer..

    Je m'avance vers une commode, ouvre un tiroir et en sors une photo de ma mère et moi à la caserne où elle travaillait. Nous étions toutes les deux devant le plus gros camion du centre de secours, et je portais avec fierté le casque de ma mère sur la tête. Je viens m'asseoir sur mon lit, faisant un signe pour que Julian vienne s'asseoir à côté de moi, pour lui montrer la photo.

-Elle t'aurait adorer j'en suis sûr..

    Je sens son bras passé derrière moi et venir se poser sur ma hanche. Je continue sans vraiment faire attention.

-Elle avait une voix magnifique ! C'est elle qui m'a tout appris sur la musique. On jouait tout le temps.
-Et depuis, tu ne joues plus ?

-J'aimerais mais je n'ai plus la motivation.

-On jouera ensemble un jour.

-Tu fais aussi de la musique ?

-Ouais, je joue dans des bars pour me faire un peu d'argent de poche.

-Oooh et pourquoi tu ne me l'as jamais dit ?

-Tu ne me l'a jamais demandé.

Nous rions tous les deux. Rire, ce que je n'ai pas fait depuis tellement longtemps, que j'en avais oublié la sensation.

Suis moi, je t'en prie.Tempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang