Tome I • Chapitre 18

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Je regarde attentivement les temps qui commencent à s'afficher sur l'écran. Lando se place à la sixième position à la fin de la première séance d'essais. Quand il quitte sa monoplace, je vois dans son regard qu'il n'est pas tout à fait satisfait. Je le laisse tranquille, je quitte le garage McLaren pour aller assister aux qualifications pour le sprint de demain des Formule 2. Mon portable vibre, c'est Lando.

Lando : 15h04:  Je t'ai pas vu au motor-home... Tu viens me soutenir pour les FP2 ? 

Moi : Bien sûr, Lando, commence à te préparer, je te rejoins dans le garage. 

Je retourne au sein du garage McLaren, tout le monde s'affaire pour préparer les voitures. à Zandvoort, les garages sont minuscules, on peut rapidement se bousculer. Je décide de me mettre dans un coin pour ne gêner personne. Quand Lando sort de sa driver room, il m'adresse un sourire. Il a l'air en bonne forme. Dernière discussion de vive voix avec son ingénieur puis il monte dans sa monoplace. Les essais vont débuter dans quelques secondes maintenant. 

Drapeau rouge, je croise les doigts pour que ça ne soit pas l'un de nos pilotes... Malheureusement c'est Oscar qui a raté son virage, peu de temps après lui, c'est Ricciardo qui fait de même. Le jeune pilote australien rentre au garage, abattu et déçu de sa performance. Je lui adresse un sourire réconfortant. Il y a encore la séance d'essai de demain pour apprivoiser au mieux la voiture avant le grand prix. La séance reprend, j'exulte, Lando se place premier . Voilà un résultat qui va redonner de la motivation pour le pilote. Je souris intérieurement quand je vois les résultats de Lewis, 0,300 secondes d'écart entre les deux pilotes britanniques. 

Après la séance d'essais numéro deux, Pierre est venu me proposer de passer la soirée avec lui, un truc tranquille qu'il me disait. Me voilà assise dans son canapé à hurler à chaque fois qu'il marque un but contre Charles. Ces deux là jouent à FIFA. Ça les aide à évacuer le stress de la journée. Ils me font beaucoup rire parce qu'ils sont tous les deux des mauvais perdants. Je commence à bailler, je regarde ma montre, il est déjà vingt deux heures passé.

- Les gars, je vais rentrer à l'hôtel, je suis éclatée ! 

- Tu peux dormir ici aussi si tu veux, me dit Pierre en ne lâchant pas l'écran des yeux.

- Non non, je vais y aller, j'ai besoin d'une bonne nuit de sommeil.

- Comme tu voudras, on se voit demain ?

- Bien sûr, lui dis-je en me levant et en commençant à remettre mes chaussures.

Je rassemble mes affaires et je leur souhaite bonne nuit tout en quittant le motorhome. Il fait nuit noir, l'endroit est plongé dans le silence. Je remarque qu'il y a de la lumière qui passe à travers les rideaux de Lewis. Je ferais mieux d'aller dans la direction inverse pour rentrer à l'hôtel. J'hésite un instant puis je m'avance, je respire un bon coup et je frappe timidement à sa porte.

Il est là, devant moi, torse nu encore une fois. J'essaye de ne pas fixer son corps trop longtemps, je baisse la tête.

Est-ce que je peux entrer ? Lui demandais-je timidement.

Après s'être penché pour vérifier que personne n'était dans les parages, Lewis se décale pour me laisser la place d'entrer dans son motorhome. L'habitacle est plongé dans le noir, seule la télévision émet de la lumière. Je me déchausse pour ne pas salir le sol. Lewis retourne s'installer dans son canapé. Son film est sur pause.

- Félicitations pour ton temps de cet après midi, lui dis-je timidement pour rompre la glace.

- Tu es venue juste pour me parler de mon temps en piste ?

-Non, pas vraiment...

Je m'avance pour prendre place à mon tour sur son canapé. L'ambiance n'est pas très chaleureuse, Lewis ne me regarde pas, il scrolle sur son écran de téléphone. Mais qu'est ce qu'il m'a pris de frapper à sa porte en pleine nuit...

- Tu voulais me dire quelque chose en particulier ?  Reprend-t-il en me regardant cette fois ci.

- Je n'y arrive pas Lewis...

- Tu n'arrives pas à faire quoi Amélia ?  La situation a l'air de l'amuser...

- Je n'arrive pas à prétendre que tu n'existe pas.

Voilà, la bombe est lâchée, je devrais me sentir plus légère mais ce n'est pas vraiment le cas. Lewis a verrouillé son téléphone et s'est tourné totalement vers moi. Je le prends comme une invitation à développer ce que je viens de lui dire. Mon dieu, je suis tellement nulle pour exprimer ce que je ressens. Je prends mon courage à deux mains et je me lance.

- C'était pas prévu tout ça, tu faisais clairement pas parti de mes plans. A vrai dire aucun homme ne faisait parti de mes plans.

Une larme commence à rouler sur ma joue, c'est toujours comme ça quand il faut que je parle de ce que je ressens. Je n'arrive pas à me contrôler, je ne suis pas triste, ni en colère. Pleurer me donne l'impression de soulager mon cœur de tout ce qu'il contient et que je n'arrive pas à exprimer. Lewis approche sa main pour essuyer ma larme, cela me faire sourire.

- T'es pas au bout de tes peines, il y en a plein qui vont arriver, je lui dis en rigolant

- Continue ce que tu allais me dire Amélia, me chuchote-t-il en essuyant une nouvelle larme

- J'avais verrouillé tous les aspects de ma vie et il a fallut qu'on se rencontre et que tu chamboules tout. J'ai pris peur à Londres, je suis désolée d'être partie sans rien dire, ni te donner d'explications... Je fuis très souvent quand tout a tendance à trop bien se passer. Je dois avoir un instinct de survie développé bizarrement. Je sais que c'est en totale contradiction avec ce que je t'avais dit sur ta terrasse la veille... Mais je suis faite de contradiction.

- Ne dis pas ça...

- Et pourtant c'est la vérité Lewis, quand je suis partie, j'étais persuadée que je ne voulais plus jamais entendre parler de toi et pourtant regarde où je me retrouve ce soir... Je me surprends à attendre tes messages alors que j'ai pas envie d'en recevoir...

Lewis s'approche de moi en ouvrant ses bras, j'accepte l'invitation et je me blottis contre son torse. Sa chaleur me réconforte, je ferme les yeux pour profiter de ce moment. Il me caresse les cheveux, mes larmes ont cessés de couler. Au bout de quelques minutes il brise le silence qui s'était installé.

- On va être dans la merde Amélia...

Je ne suis pas sure de bien comprendre ce qu'il me dit. Je reste silencieuse, peut être que ça le fera parler, mais rien ne vient. Je retiens un bâillement, il faut que je rentre me coucher, je suis épuisée. Je me détache de son étreinte, j'attrape mes chaussures et je les enfile.

- Je vais y aller, il faut que je rentre dormir à l'hôtel, je lui dis ça tout en m'avançant vers la sortie.

Sa main attrape mon avant-bras. Il me retient dans mon élan.

- Non. Reste. S'il te plaît... Il va falloir que tu perdes cette habitude de partir quand il faut pas...

Late Night TalkingWhere stories live. Discover now