Peut-être qu'il n'y a pas de réponse | Jikook

Chapitre 10

Lorsque Jungkook ouvre les yeux, la première chose qu'il remarque est le haut plafond en bois. Il ne se souvient pas de la dernière fois où il s'est réveillé avec cette vue. Au rez-de-chaussée, le plafond au-dessus du canapé le rend parfois claustrophobe. Il ressent plus qu'il n'entend une douce respiration de l'autre côté du lit, et il trouve Jimin endormi, ses petites mains enroulées autour de la couverture, ses lèvres roses légèrement entrouvertes. Ses joues sont rosies, soit par le sommeil, soit par la fièvre, Jungkook l'ignore. Son cœur se serre d'une émotion soudaine. Ces derniers temps, il l'a trop délaissé, l'a laissé tout seul. Il tend lentement la main, craignant que le mouvement le réveille, et il repousse doucement les cheveux de Jimin de son visage. Son front est chaud au toucher. Jungkook se mordille les lèvres. Il ne s'est pas assez bien occupé de lui récemment.

En se levant, son visage se tord d'une grimace et il pose instinctivement une main sur ses côtes. Il ne fait qu'oublier sa blessure à cet endroit. Il devrait changer les bandages, mais ça va devoir attendre ; en voyant le soleil à l'extérieur, il sait qu'il est déjà tard. En sortant des vêtements propres, son regard parcourt le corps de Jimin allongé sur ses draps. Il ne devrait probablement pas aimer autant le voir dans son lit. Et pourtant, il ne peut pas s'empêcher d'admirer la manière dont les rayons du soleil scintillent sur sa silhouette endormie.

Il se dépêche de se préparer. L'eau glacée est violente sur sa peau, mais il ne veut pas perdre de temps à la chauffer. Au moins, ça a l'effet escompté, et il ne se sent plus aussi endormi une fois qu'il s'est lavé. Il a hésité, mais au final, il se résout à vérifier ses hématomes dans le miroir. Celle sur sa joue est enflée et jaunit. Il pose les doigts sur la peau sensible, grimace à la douleur et se demande si son apparence ne le rend pas encore plus repoussant.

Dans la cuisine, il se sert un verre d'eau et attrape une pêche dans le panier à fruit, qu'il place dans sa poche. Ça fait un moment qu'il n'a pas mangé un fruit autre que des baies ou des pommes provenant du petit arbre que l'ancien propriétaire avait planté. Mais les fruits frais sont un luxe qu'il ne peut pas s'offrir souvent, tout comme d'autres produits.

Il cherche dans sa poche la petite clé qui permet d'ouvrir le seul tiroir de la cuisine qui semble coincé. Le même tiroir que Jimin avait essayé d'ouvrir il y a des semaines, innocemment en cherchant à manger. Il n'y a pas grand-chose à l'intérieur, pour être honnête. Juste le peu d'argent que Jungkook a gagné, ainsi que ses clés de voiture et un petit pistolet.

Il le touche du bout des doigts, le métal froid et lourd dans la paume de sa main. Ça n'a pas été facile de mettre la main dessus. Celui-ci est usé, et n'est pas le genre que l'on trouve sur le marché, avec des bords rugueux et des taches où la couleur s'est estompée. Même maintenant, en le roulant dans sa paume, un frisson le parcourt en pensant au nombre de vies que cet objet à dû prendre. Il presse ses doigts sur le bouton et relâche le chargeur dans un click. Il le charge de munitions, puis enfile son manteau et ses bottes avant de sortir.

L'air frais matinal lui mord la peau, Jungkook enfouit ses mains dans ses poches et laisse l'air le frapper. C'est apaisant, d'une certaine manière. Mais le froid n'est pas quelque chose à laquelle on s'habitue. Il s'arrête à son point de repère, un vieux arbre situé à environ un kilomètre de la maison, et fixe le sol en réfléchissant à quel chemin prendre. Ça serait plus rapide en prenant le bateau par le lac, mais à en juger par la météo récente, le bateau est sûrement encore rempli d'eau de pluie. Donc il se résigne à prendre le long chemin, en espérant que Dongsuk sera encore là quand il arrivera. La forêt s'ouvre devant lui et s'épaissit, un tourbillon de verts et de gris pour qu'il puisse marcher à l'ombre, le bruissement occasionnel des feuilles dans le vent, le bruit sourd de ses bottes sur le sol. Il passe devant la clairière où il avait trouvé Jimin, inconscient et frigorifié dans la matinée glaciale, avec son petit sac juste à quelques mètres de lui. Il s'arrête et admire le ciel bleu à peine visible au-dessus des arbres, admire un groupe d'oiseaux voler. Si Jimin savait à quel point il était proche de s'en sortir... la route pavée étant seulement à quelques kilomètres de là. Jungkook ne l'aurait sans doute jamais revu. Cette pensée est effrayante. Il ignore ce qu'il aurait fait.