Chapitre dix-neuf

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Je ne m'étais pas attendu à ce que le soleil tape autant aujourd'hui, c'est bien pour cette raison que je n'ai même pas pris la peine d'apporter une casquette. Bon, je ne suis pas le seul, Ruben aussi se plaint des rayons qui tapent sur son crâne. Lui et moi, nous faisons une belle paire.

__ Je vais me tirer une balle si Kartman continue de parler.

Mon ami me souffle cela dans l'oreille, de quoi me faire rire. En voyant la tronche de toute la classe, chacun d'entre nous a envie de s'en tirer une. Y'a qu'à voir les têtes qu'ils tirent, on s'en fiche de ce qu'il nous raconte. Nous ce qu'on veut, c'est profiter de cette sortie scolaire sans avoir à subir ses vingt-minutes de recommandations. Notre professeur d'histoire a réussi à me plomber le moral alors que quelques heures plus tôt, j'étais excité à l'idée de faire cette sortie dans la ville d'à côté. J'entends les soupirs exténués de mes camarades alors que mes yeux dérivent sur la silhouette qui se tient devant moi, les mains dans les poches de son jean.

J'aime admirer Gabriel dans cette posture nonchalante. Je ne vois pas son visage, mais je suis persuadé qu'il doit être aussi désespéré que les autres. Je me surprends à sourire rien qu'en imaginant ses traits se déformer pour afficher son habituelle petite grimace, celle qui nous fait comprendre qu'il n'est pas intéressé par ce qu'on lui raconte.

On lâche tous un soupir de soulagement lorsque Kartman nous annonce qu'on peut enfin marcher pour visiter la ville qui arbitre beaucoup de mémoires historiques, datant de plus de cent ans. C'est dans notre programme, alors forcément. Je suis prêt à parier que la majorité de la classe se fiche totalement des monuments, préférant à la place s'amuser et profiter du bon temps. C'est ce que je fais aux côtés de mon petit groupe : Ruben est une vraie pipelette, William embête Isabella qui ne cesse de rire à ce qu'il lui fait. Je soupçonne que quelque chose se trame entre ces deux-là : il n'y a qu'à voir le grand sourire de la blondinette et les yeux rieurs du coloré qui ne cessent de l'admirer. J'ai envie de les prendre en photo tellement qu'ils sont mignons...
Le soleil continue de me taper sur la tête, et j'ai tellement peur de choper un coup que je suis obligé de placer mes deux mains sur mes cheveux, ce qui me donne un air assez idiot. D'ailleurs, mon ami ne se prive pas de le faire remarquer, et je le gratifie d'un petit grognement.

Le groupe s'arrête sous les ordres de Kartman pour admirer une bâtisse datant de la première guerre mondiale. Notre professeur joue le guide touristique et quelques élèves ne peuvent s'empêcher de faire quelques remarques à ce propos pour faire rire la classe.
Je profite de cette pause pour fouiller dans mon sac et en sortir ma bouteille d'eau. Au moment où je m'apprête à boire une gorgée, je sens une présence se placer à mes côtés, puis quelque chose tomber sur ma tête. Je suis rapidement confus par l'ombre d'une visière qui vient immédiatement me camoufler de la chaleur du soleil.

__ File moi de l'eau en échange, j'ai oublié ma bouteille.

Mon cœur loupe un battement lorsque mes yeux tombent sur ceux de Gabriel. Malgré la chaleur, pas une seule ombre de transpiration ne semble perler sur son visage alors que moi, je dois ressembler à un chiffon mouillé. Qu'est-ce que c'est rageant de ne pas être parfait comme lui.

__ Mais, et toi ? Tu risques de choper un coup de soleil...

__ Là, j'risque surtout de me déshydrater.

Il me tend la paume de sa main et j'y dépose dedans ma bouteille d'eau, mes joues virant au rouge. Cette simple attention suffit à me faire ressentir une bouffée de chaleur dans le creux de mon ventre.
Mes yeux l'observent lorsqu'il boit : sa pomme d'Adam saillante qui bouge à mesure que l'eau glisse dans le fond de sa gorge, cette petite goutte solitaire qui glisse contre le coin de sa bouche pulpeuse.
Je reviens à moi lorsqu'il me redonne la bouteille, à moitié vide. Bon, pour cette fois, je laisse passer. J'en oublie même de boire, la rangeant dans mon sac que je réajuste ensuite correctement sur mes épaules.
Je me sens aux anges maintenant que sa casquette trône sur ma tête... à la vue de tous. Bon, je suppose que d'un point de vu extérieur tout paraît normal alors au final, je ne me fais pas de soucis à ce propos.

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 12, 2023 ⏰

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