Chapitre seize

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Je n'ai jamais embrassé quelqu'un de ma vie.
Je me suis toujours représenté les baisers dans mes livres, dans mes séries et par les gens autour de moi.
Par exemple, lorsque j'étais au collège, ma meilleure amie s'amusait toujours à rouler des pelles à son copain, devant moi. Ça m'avait toujours dégoûté de voir leurs langues se lier et se délier dans un bruit qui me donnait des frissons et qui ne semblait déranger que moi. J'avais beau détourner à chaque fois le regard d'un air gêné, ça ne m'empêchait pas de me représenter la scène avec dégoût. Un réel traumatisme, je vous le dis.
Et puis, en grandissant, j'ai commencé à me représenter les baisers d'une manière romantique : le garçon attrape le menton de la fille en déposant tendrement ses lèvres contre les siennes, et cela dure quelques secondes. Je trouvais cela beau : parce que c'était toujours bourré de romantisme, parce qu'une douce musique était là pour accompagner la scène, parce que les protagonistes étaient souvent très photogéniques. Encore aujourd'hui d'ailleurs.

Alors, petit à petit, j'ai commencé à vouloir ressentir ces choses moi aussi : quel goût un baiser pouvait-il avoir ? Quelle sensation cela allait-il me provoquer ?
Mais, en quinze ans d'existence, jamais je n'ai eu l'occasion de pouvoir répondre à ces questions : embrasser mes oreillers ne compte pas. Et, pour ma défense, parce que je vous vois venir, je l'ai fait quand je devais avoir dix ans, pas plus. Donc, non, ça ne compte pas.

Depuis que je sais que les mecs, c'est mon truc, je n'ai jamais eu un petit copain. Et, avant même de savoir pour ma sexualité, je n'avais jamais eu une petite amie. Et, comme j'étais un ermite, je ne risquais pas de rencontrer quelqu'un à une soirée ou ailleurs. Alors voilà, jusqu'à maintenant, je n'ai jamais embrassé personne. J'ai menti à Gabriel lorsqu'il m'a demandé, va savoir pourquoi. Parce que j'ai honte ? Peut-être ?
De toute manière, mentir ou non, ça ne change rien. Dans tous les cas, j'embrasse mal !

Je crois que c'est certainement pour ça que Stanford n'est pas revenu vers moi depuis deux jours, depuis notre deuxième baiser à l'infirmerie. Deux fois il m'a fait cette remarque qui consistait à me dire que je ne savais pas embrasser. Je crois que j'ai compris maintenant ! Mais, est-ce que c'est une raison valable pour m'éviter ? Sûrement, mais j'ai envie de l'étriper ce sale petit con. Parce que, moi, ça me blesse.
Malgré tous les regards de travers que je m'amuse à lui lancer durant ces deux derniers jours, Gabriel ne semble pas le comprendre. À chaque fois, il hausse ses sourcils avant de me grimacer, et je lui réponds toujours pas un doigt d'honneur.
Vous allez me dire "Mais Max, tu ferais mieux d'en parler avec lui pour arranger la situation" et je vous répondrais "Oui, mais j'ai honte d'aborder le sujet", fin de la discussion, merci de disposer.

- Pourquoi est-ce que nous aussi on doit ramasser les déchets de la cour ?

À mes côtés, Ruben lâche un long soupir, faisant la moue à chaque fois qu'il doit se pencher pour ramasser un papier qui traîne sous un banc.
Ah oui, après l'incident de la dernière fois, nous avons tous été convoqué à la fin de la journée : Ruben, Isabella, Will, Kloe, Gabriel, Trevis et ses deux amis dont je ne sais plus le prénom et bien évidemment, moi-même pour effectuer deux heures de colle. C'est mieux que de se faire virer, même si les parents de Stanford on été prévenus de ce qu'il avait fait. Et, connaissant le caractère de son père, je sais très bien qu'il ne s'est pas réjoui de la nouvelle.

- On est là parce que Kloe n'a pas été capable de fermer sa gueule.

- Je te demande pardon Will ? S'indigne notre amie. Je n'allais pas me laisser faire avec ces idiots ! Et puis, je te signale que tu es le premier à avoir voulu lever la main sur Trevis.

- Ça sert à rien de revenir sur cette histoire de toute manière. Dis-je en voulant calmer les tensions.

Ils haussent tous les deux les épaules, continuant de ramasser tout ce qui se trouve sur notre chemin : des papiers de gâteaux, des cannettes de sodas, des feuilles de cours froissées...

La règle d'Or du cliché [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant