Chapitre dix-huit

1.6K 127 53
                                    


_ Sérieusement, je peux savoir ce qui se passe avec toi ? T'es malade ? Je suis persuadé que c'est un extraterrestre à la place de Gabriel !

En m'entendant m'exclamer aussi fort, Stanford lâche un long soupir tout en se massant les tempes, adossé contre son bureau. Il ne répond pas, de quoi me faire décrocher une petite moue. Depuis quelques jours, j'ai l'impression d'avoir quelqu'un d'autre devant moi. Ce n'est pas dans ses habitudes de travailler autant, de suivre les cours avec sérieux et surtout de ne plus faire de conneries ! Je ne dis pas que c'est mal, mais comprenez moi, c'est assez déconcertant. Ou est le Gabriel qui passe son temps à faire la gueule aux profs et à jouer le petit prétentieux ?

_ Max, tu veux pas me foutre la paix ?

_ Non.

_ Sale merdeux, t'vois pas que j'essaie de bosser là ?

_ Si, je vois.

Il fronce les sourcils en me regardant longuement pendant que je m'amuse à tourner à l'aide de ma chaise de bureau. Le bruit des roues qui glissent sur le parquet semble l'agacer, mais je ne m'arrête pas pour autant. Enfin, je le fais seulement lorsque sa main vient attraper mon accoudoir pour me stopper nettement dans mon petit jeu. Penché vers moi, Stanford me fait de l'effet, surtout lorsque la petite veine de son front ressort. Je suis sûrement un peu détraqué pour aimer le voir s'énerver comme ça. Mais je vous jure, il est encore plus beau lorsque ses yeux me lancent des éclairs.

_ Arrête, ou je demande à changer de colocataire de chambre.

_ Tu pourrais m'accorder un peu d'attention, tu vois pas que j'essaie de faire en sorte que tu me remarques ?

_ Je te remarque. J'le vois bien à quel point tu me casses les couilles.

Cette fois, c'est à moi de froncer les sourcils, vexé. D'accord, je veux bien lui accorder : je suis chiant. Mais, depuis quelques jours, j'ai l'impression de n'être rien de plus que Maximilien à ses yeux. Je pensais pourtant qu'on avait une sorte de relation lui et moi mais depuis une semaine, il ne fait plus un seul pas vers moi. Je crois qu'il tente de changer, de devenir "meilleur" pour une raison qui m'échappe. Je me dis que ça doit être en rapport avec le fait que son père veut lui faire quitter l'internat, mais ce n'est pas une raison pour agir comme s'il ne s'était jamais rien passé entre nous, si ? Au fond de moi, j'ai la trouille. J'ai la trouille qu'il me laisse de côté, que tout ce qui s'est passé ces derniers jours ne représente rien à ses yeux.

Alors, je lui lance un mauvais regard avant de me lever de mon siège pour quitter la chambre sans un mot. S'il veut que je le laisse tranquille, alors je vais le faire. Puisque je ne suis qu'un "casse couille" à ses yeux, alors ça ne doit rien lui faire.

Comme un idiot, j'espérais le voir me rattraper. Mais il n'en fait rien.


Le midi, l'ambiance au repas est pesante, sûrement à cause de moi. Je n'ai pas arrêté de tirer la tronche toute la matinée malgré les efforts de mes amis pour me remonter le moral ou pour chercher la cause de ma mauvaise humeur. Même lorsque Ruben s'amuse à mettre des frites dans son nez pour me faire décrocher un petit sourire, ça ne marche pas. Après cela, ils ont lâché l'affaire pour parler des cours et de notre futur voyage en Grèce. Moi, ma tête est occupée par diverses pensées dont Gabriel en est à chaque fois le centre. Il y a quelques jours, j'étais sur un petit nuage mais maintenant, depuis qu'il m'ignore totalement, je me sens plus bas que terre. Voilà pourquoi il ne faut pas tomber amoureux d'un cliché : dans les bouquins et les films, le beau gosse cliché du lycée finit toujours pas faire du mal à l'héroïne pour une quelconque raison. Soit c'est parce que Gabriel à finalement honte de ressentir des sentiments pour moi, soit parce qu'il y a quelqu'un d'autre dans sa tête, soit parce que c'est juste un connard. Maintenant, il est redevenu le Stanford froid et distant avec moi. Retour à la case départ. Qu'est-ce que j'ai bien pu faire ?

La règle d'Or du cliché [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant