Poésie de mon coeur.

46 1 0
                                    


Poésie de mon cœur, vers de mon âme : un langage que personne ne comprend, que peu parle encore, mais dont ceux pour qui ces mots sont la langue maternelle, la langue véritable de leur cœur, parviendront à en déchiffrer le sens. Comprendront sans traducteur, cette poésie de mon cœur. Mon cœur écrit en vers ce que ma bouche dit de travers.

Ma langue est une lame trempée, d'un acier cinglant, que je ne sais manier, qui malheureusement blesse ceux à qui je ne veux faire de mal. La plupart du temps, je me tais donc. Ma plume ! oh, ma chère plume ! ma plume est douce, tendre : elle glisse sur le papier blanc, mou, et le recouvre des paroles que je ne sais dire. La plume chatouille, embrasse, caresse, comme les baisers d'une mère, comme les tendresses d'une amante, la chair crevée de mon cœur brisé. Sa pointe pique le dessus de mon cœur, s'enfonce dans la chair à vif comme une aiguille et recoud tendrement les lèvres de ma plaie sanglante. Mon sang ! il n'est pas rouge, il est noir. C'est de l'encre qui coule dans mes veines, non du sang ! C'est comme arracher les mots au plus profond de moi-même. C'est déchirer ma peau avec les ongles, ouvrir mon ventre et extirper mes viscères pour les étaler sur le papier. Ce n'est pas de l'encre sur le papier, c'est mon sang !

Quelques heures plus tôt, tu étais avec moi, mais dorénavant, tu n'es plus. Le train est parti. Sur le quai, je me suis en allée sans me retourner. J'aimerais être honnête, la plus honnête qui soit. Tu t'es arraché à moi, arraché à ce qui restait de mon cœur : une plaie saigne mon cœur et je ne sais comment recoudre une pareille blessure. Je me souviens, lorsque nous ne signifiait encore rien, que nous étions promis que - Mon cœur déborde. Je n'arrive plus à écrire le moindre mot. Je n'arrive plus à écrire. J'ai l'impression grandissante que les mots ne sont plus ce qu'ils étaient pour moi, qu'ils ne sont plus ce quelque chose qui m'apaisait et qui me procurait un infime sentiment de paix. Avant, je me plaisais à étaler des mots à la suite des uns et des autres, j'aimais faire de grandes phrases et les ponctuer de virgules tremblantes. Aujourd'hui, rien n'est plus pareil. Ils ne sont plus l'eau qui s'écoule d'une fente creusée dans la pierre et que je bois, mais l'épine qui s'enfonce dans ma chair et que j'arrache du pied. Écrire devient douloureux. C'est comme se tenir près d'un gouffre que je me dépêche de cacher avec une couverture. 

Cœur briséWhere stories live. Discover now