Tête en vrac.

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Je me souviens de tes yeux. Souviens-toi quand tu me prenais par la taille et que le monde semblait ne plus exister autour de nous. Souviens-toi quand il n'avait que toi et moi, que le monde n'avait pas de limite, que -

J'ai cru injustement que ce monde pouvait offrir ce qu'il n'a pas. J'ai cru dans tes bras que le monde s'ouvrait aux audacieux et aux amoureux. Tu avais été audacieux et j'étais amoureuse.

Il devient difficile de me souvenir. La mémoire me perd. Une brume épaisse obscurcit ma tête et il semble que plus rien n'apparait.

Prends-moi dans tes bras, une dernière fois. Dis-moi que tu m'aimes, même si tu mens.

Était-ce un mirage ? Toi et moi. Dans ma bouche, ton nom semblait réel. Ton nom roulait sur ma langue comme ma respiration coule entre mes lèvres.

Certains bonheurs n'existent que pour d'autres. Je crois en l'amour. Je crois que l'amour sincère, vivant et passionnel existe. Seulement, je crois qu'il n'est pas pour moi. Certains bonheurs existent mais ils ne sont pas pour moi. Certains bonheurs n'existent que pour d'autres.

Je pourrais me mentir. Mentir encore et encore, indéfiniment. Je pourrais mentir et dire. Dire que tu n'es pas quand tu es. Tu es mon premier amour. Amour que j'avais aimé comme je n'avais jamais aimé auparavant, amour que j'avais aimé comme jamais je n'aimerai plus personne.

Je crois que je n'aurai jamais dû être amoureuse. Je ne peux pas être amoureuse. Je suis dramatique, fendue et brisée. Je suis lâche et l'amour demande un courage immense. Un courage que j'avais cru en vain que le ciel m'avait destiné.

Cette colère ! elle coule dans mes veines, froide, tellement gelée, comme des morceaux de glace qui se brise avec mon sang.

Je crois que je commence à comprendre. À comprendre pourquoi. Pourquoi j'ai travaillé sans relâche, j'ai poursuivi sans trêve, j'ai persévéré sans vergogne. Je visais une chimère sans m'occuper de la raison. Je cherchais un ailleurs idéal, que poursuivre n'avait pas de sens. J'ai lutté en vain dans un monde affreux qui ne laissait pas de place aux âmes comme les miennes. J'avais foi en « il suffit de croire », « aie confiance » et « tout ira bien ».

J'ai grandi. Grande, je comprends. Les fins heureuses existent mais elles ne sont pas pour moi. Je devrais me réjouir. Les tragédies sont grandement appréciées des gens et les histoires d'amour heureuses n'intéressent plus. Quelle idée avais-je en souhaitant devenir le héros de mon propre roman ! La vie est belle quand elle ne ressemble pas à un roman, mais, les romans ressemblent abusivement à la vie.

Cœur briséWhere stories live. Discover now