Cœur brisé

Mensonge.

« Je t'aime ». Répétée encore et encore. Seulement, une vérité ne se répète pas. Elle existe, reste et demeure. Sans besoin d'être répétée. Mensonge ! ô mensonge ! Bouche adoratrice et tentatrice ! Le poison à l'intérieur troue tes joues, déborde au coin de tes lèvres, salive le long de ton menton. Le poison que j'ai bu au bord de tes lèvres, les embrassant. J'ai goûté une saveur douloureuse au bord de tes lèvres. Le poison s'est mêlé à mon sang, a altéré mes organes et perturbé mon organisme. J'ai envie de vomir. Vomir ce poison dans mon corps. Le poison de tes mensonges. Tu as menti ! menti ! menti encore ! Parce qu'on ne dit pas aimer quelqu'un quand on n'a pas l'intention de rester. Je ne peux rien faire et je ne peux rien faire. Je ne peux te forcer à rester près de moi quand tu as décidé de partir.
Le poison me fait mal à l'estomac. Estomac qui rumine en secret une rage ! une colère froide ! qui ronge mes os comme un insecte grignotant sa nourriture, qui brûle mes muscles comme mouillés d'un puissant acide, qui tremble sous ma chair paresseuse comme un mulot gratte la terre. Une rage ! une colère froide ! si froide qu'elle me brûle et me marque au fer rouge. Le rouge monte à mes joues comme un nuage de sang qui s'élève jusqu'à la racine de mes cheveux et embrume mes esprits.
Nuage grossit dans ma tête et brouille mes esprits. Lourd brouillard gonflant dans mon crâne, tombant sur le flot de mes pensées, comme la purée de pois recouvrant l'océan, comme une mer de nuages. Tempête sous mon crâne ! Cette rage revient à mon cœur comme la mer revient au rivage : la marée monte et mon âme se soulève comme les vagues de l'océan. Haute, terrifiante, grandiose ! Un grand tumulte qui s'annonce, qui grandit et qui triomphe. Le vent dans la tempête dépose des murmures dans mon oreille creuse. Mon oreille se remplissant de tes mots. « Je t'aime ». Répétée encore et encore. Seulement, une vérité ne se répète pas. Elle existe, reste et demeure. Sans besoin d'être répétée.