CHAPITRE 20 : NOIRCEUR

123 11 4
                                    

DEMETRIO

Souffle lourd. Cheveux coiffés élégamment. Montre au poignet, costard bleu.

Les gens s'écartent. Une bouffée d'oxygène traverse mes poumons. La nicotine me procure une forme de satisfaction toxique qui me submerge les membres et le sang. Cette sensation est indescriptible. Une forme de plénitude. Mes pas s'enchaînent dans un couloir creusé par la populasse. Sans un bruit, comme dans un bruit silencieux, tous baissent les yeux à mon passage. Je retiens un sourire satisfait. Je crois que j'ai toujours aimé qu'on se soumette. Qu'on s'abaisse à mes pieds. C'est comme ça que l'on sait qu'on est respecté. Il n'y a que par la terreur et la soumission que la foule se retient.  Que par l'admiration terrifiée. Cette sensation me noie, m'envoute. Je marche en roi dans cette salle remplie de noir et de tâches blanches.

Mes pas s'enchaînent, avec la même assurance que d'habitude. Dans mon chemin, un homme s'est dressé. Brun. Les yeux chargés de curiosité et de malice. Il se tourne vers moi. Sa carrure massive et sa face fine semblent s'apparenter à des clichés américains. Ses pas sont légers et respirent la fraîcheur lorsqu'il s'élance vers moi. Je ne m'arrête pas. Un sourire arrogant s'invite sur ma face. Comme j'aime les gens qui sortent du lot. Il rit lorsque je me place à quelques centimètres de sa gueule.

Welcome in mafia paradise, king Demetrio*. Belle soirée, pour une petite sortie en solo hmm ?

♛♛♛

EVA

La porte s'ouvre. Dans un grincement horrifique. Mon sang se glace douloureusement. Et si... Ce n'était pas lui ?

Dans un élan d'anxiété, je me redresse et fais tomber mon aiguille. Je me penche vers la porte.

Un énorme coup de poing me fait tomber. La silhouette se dessine dans le cadre de la porte. Je crache un putain dans un mollard gorgé de sang. Il m'a pété le nez !

Je me dresse sur mes jambes, chevrolante et tremblante et passe une main dans mes cheveux emmêlés.  Je discerne progressivement sa face. C'est un homme tatoué, les cheveux courts, un nez droit et fin, des mâchoires fortes et la face aux traits fins et élégants. Ses yeux se plantent dans les miens comme des poignards. Il ressemble... Il ressemble à-

Alessio. Son nom résonne dans mon crâne comme un appel à l'aide. Mais ce n'est pas lui. Il lui ressemble beaucoup, mais ils n'ont pas du tout la même aura. Cet homme là respire la froideur. Il se dégage de lui quelque chose de sombre, dangereux.

Je passe mon coude sous mon nez pour essuyer le sang qui coule maintenant. La lumière de la lune trace les contours de sa silhouette. Je n'aperçoit aucun sentiment ni expression. Il reste de marbre, dans le cadre.

Je déchire un morceau de mon crop top improvisé avant d'essuyer le sang restant. Je commence à sentir l'adrénaline me saisir par les tripes. Je vois mes jambes cesser de trembler lorsqu'il rit jaune. Je saisis mes cheveux, les passe d'un seul côté et m'approche de lui. Le plus près possible. Je le vois soudainement cesser de rire. Un silence glacial s'installe dans l'atmosphère, comme un coup de massue. Mon cœur s'arrache dans ma cage thoracique. Je reste là, pendant que le temps se suspend, devant lui. Dressée comme un homme, les jambes écartées, les épaules droites. Ses yeux ne me lâchent pas. Comme c'est amusant. Je ne le connais pas, lui non plus. Encore un mec qui sort de nul part. Mais sa tronche me revient pas.

Une brise légère passe dans mes cheveux. Je crois que rien ne le déstabilise. Il s'abreuve de la peur et du silence de sa victime pour la déstabiliser. C'est très ingénieux, bien sûr. Sa froideur et sa carrure sont des éléments parfaitement intimidants pour un humain lambda.
Je perçois dans ses yeux bleus une lueur de défi. Un trait omniprésent chez les mafieux de manière générale. Cette flamme noire luise à l'éclat de la lune. Je ressens presque sa curiosité dans ses légères contractions musculaires au niveau de la mâchoire.
C'est alors qu'il me frappe au niveau des jambes. Je m'y attendais pas, mais bizarrement il y a été moins fort que le précédent.

EVAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant