CHAPITRE 18 : NOBLESSE

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D E M E T R I O 

Quelques heures avant l'arrivée d'Eva

J'attends.

Je veux la voir souffrir. La voir devant moi. Avec des égratignures, des bleus, du sang.

Je veux la voir défaillir. Trembler. Je veux qu'elle pleure pour moi. Qu'elle hurle, se débatte.

J'ai envie d'observer méticuleusement sa lente agonie. Et finir par la tuer, atrocement, aussi.

Car je veux. Oui.

Qu'elle se souvienne,

Oh oui.

Du grand roi Demetrio.

♛♛♛

Retour au présent

Elle s'est redressée. Lentement. Je crois même que ses yeux ne m'ont pas lâchés. Sa tignasse obscure s'emmêlait autour de son visage marqué par la pierre froide au sol. J'entendais son souffle calme résonner en moi. Elle avait cette espèce de suffisance intolérable. Qui m'inondait dangereusement. Elle semblait insensible, détachée. Alors qu'une personne normale m'aurait immédiatement agressée après toutes les choses qui s'étaient produites par ma faute.

J'étais tiraillé entre l'administration sans faille que je portais à son self control, et entre le ressentiment féroce qui coulait dans mes veines.

Parce que je voulais qu'elle souffre. Qu'elle agonise. Me supplie. Qu'elle se plie en deux, hurle à la mort en me demandant de l'achever. 

Je voulais faire disparaitre. La flamme dangereuse dans ses yeux. Éteindre sa lumière. Et la noyer dans les mêmes ténèbres que celles où j'ai toujours vécu.

Et je ne peux me l'expliquer. Je veux qu'elle se soumette. Je veux qu'elle souffre. Pour moi. Et comme moi. Mais à la fois...

Je veux découvrir...

Les véritables raisons de sa résistance. Ses secrets. Je veux tout savoir.

Or ce n'est pas probable. C'est affreux. Pourquoi autant me préoccuper d'elle ? Mon ennemie ?

En y repensant... Alessandro m'avait déjà averti à ce propos.

C'est super malsain et toxique ce que tu fais, tu le sais mon frère ?

Je sors de mes pensées lorsqu'elle finit par bouger ses lèvres, le regard brillant d'une lueur séductrice :

—  C'est quand tu veux, amore mio.

♛♛♛

EVA

L'effroi. Voilà comment qualifier mes sentiments actuellement. La peur. Mais la peur de ne pas réussir à encaisser. À le supporter. Car je suis prête pour des coups. Mais pas pour autre chose. Il sait pertinemment que je suis faible psychologiquement. Que je suis impatiente, impulsive et particulièrement violente. Demetrio a toujours été, je pense, d'une lucidité écrasante. Alors il va falloir la jouer fine. Mais ne pas pour autant flancher.
Et pour cela...

Rien de mieux que la provocation.

—  C'est quand tu veux, mio amore.

Ses yeux...

Ses yeux se sont remplis de fureur. Un long frisson d'effroi a glissé le long de mon dos. Mes yeux se sont verrouillés dans les siens.

<< Je ne flanchirai jamais >>.

Et là. J'ai senti sa haine m'arracher le cœur. Il a saisi mon col. En un claquement de doigt. Je n'ai même pas eu le temps d'esquiver. C'était fulgurant.

EVAWhere stories live. Discover now