— Sebastian ! Je m'impatiente.

Il relève son visage vers le mien.

— Tu n'as plus ce sourire...commence-t-il en caressant ma joue de son index, celui qui me donne l'espoir que la vie n'était pas si pourrie... celui qui me transporte dans un autre monde que le mien... celui qui me disait que tout est possible en me donnant l'envie d'y croire. Un avenir ou toi et moi n'aurons pas besoin de regarder par-dessus notre épaule à chacune de nos sorties.

Il est à bout de souffle quand il termine sa tirade. Et moi je suffoque, je m'étrangle avec les mots qu'il ne prononce pas, mais qui sont criants quand même. je me relève d'un bon, arpente la chambre, retient des larmes qui menacent de glisser.

Et puis j'explose.

— Evidement Sebastian ! que je n'ai plus cette naïveté gravée sur le visage. Comment pourrai-je encore l'avoir après ce que j'ai vu et enduré. J'ai cru ne jamais te revoir vivant, j'ai vu la folie dans les yeux de Camélia, j'ai compris ce que la haine et la jalousie pouvaient entraîner chez un un autre être humain. J'ai cru ma dernière heure arriver... et tu sais quoi ?

Un rire nerveux passe la barrière de mes lèvres.

Sebastian reste silencieux.

— Ce qui m'a fait le plus mal Sebastian, c'est que je me suis dit que si jamais je disparaissais à ce moment-là, que l'autre tarée appuie sur la gâchette, je n'aurais pas pu te dire combien je suis amoureuse de toi et que tu es l'homme de ma vie.... Tu veux savoir le plus drôle ?

Il ne bouge pas, reste muet.

— C'est tout ce qui m'importait face à l'arme qui nous menaçait ton père et moi. Je m'en foutait de partir... mais pas avant de t'avoir avouer tout l'amour que je ressens pour toi...

Je suffoque.

Je ne retiens plus mes perles salées, elles dévalent mes joues pour terminer dans mon cou, elles s'échouent comme les vagues contre les récifs. Sebastian se met debout, m'encercler de ses bras puissants, mais je n'en veux pas. Il n'a pas le droit de culpabiliser maintenant alors que j'étais prête à tout accepter de lui, et franchir la ligne ténue qui me retenait encore il y a quelques jours.

— Astrid ?

C'est une supplique, mais je ne réponds pas à son appel.

— Je suis terrifiée Sebastian, ton monde, toi tu le connais depuis trente ans, tu as appris à vivre avec... moi je l'ai découvert il y a pas si longtemps... mais tu vois, je l'invective, en le martelant de mes poings, j'étais disposée à sauter dedans, parce que tu es là, avec moi, tu m'aurais soutenu, tu m'aurais appris à ne pas avoir peur, à me battre, tu m'auras protégé... alors ne me dit pas aujourd'hui que tu ne veux plus de moi, et que tu réalises après tout ce bordel, que finalement ce n'est pas un monde pour moi. Tu es un hypocrite doublé d'un lâche... tu ne vaux pas mieux que Malone...

Je murmure ses derniers mots, il va avoir mal, d'ailleurs il me fusille de ses yeux sombres, mais je me sens comme il y a quatre ans. Rejetée, abandonnée. La différence est que cette fois-ci, j'ai la raison. Mais la douleur n'en est pas moindre.

— Tu ne peux pas me balancer ça Astrid. On ne parle pas d'un connard qui n'a pas eu assez de couilles pour te dire toute la vérité. Moi je te parle de meurtre, de menaces, de complots...

— J'en suis consciente merde !

Je me recroqueville dans un coin de la pièce. Je pleure, je tremble, j'ai mal. J'ai si mal. A mon cœur d'abord, comme si l'on voulait me l'arracher, à mon âme ensuite, elle est en train de perdre sa moitié, et enfin à mon corps, mes os, mes veines tout n'est que douleur.

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