Chapitre Dix-sept

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Lorsque j'arrive devant la porte, je tombe nez-à-nez avec une tête rousse qui me regarde dans un petit sourire. Lorsqu'il me tend mes affaires, je comprends qu'il s'est chargé de les rassembler pour moi. Merde, je ne voulais pas tomber sur Max.

_ J'ai clairement entendu tes amis dire "laissez ses affaires, Stan déteste qu'on y touche". Dit-il en imitant piteusement la voix d'un de mes copains avant de reprendre. Mais je me suis dis que n'importe qui pourrait vouloir voler tes cours mais après réflexion, personne ne voudrait voler ces torchons dont l'écriture est... spéciale et illisible.

Maximilien rigole tout seul à ses propres mots, m'incitant à reprendre mon sac qu'il me tend lorsqu'il remarque que je ne bouge toujours pas.
Je secoue rapidement la tête en l'attrapant pour le balancer sur mon dos tout en raclant ma gorge.

_ Merci. Dis-je simplement.

_ Tout va bien ? Pourquoi t'as été convoqué ?

Même si je sais que je suis un piètre menteur, je ne peux pas lui dire que j'ai rencontré mon père qui m'a joyeusement annoncé que j'allais devoir quitter cette école dans moins de trois semaines.

_ La directrice pensait que j'avais tagué les chiottes du troisième étage.

Ses sourcils se froncent, tout comme le bout de son petit nez en trompette. Je suis obligé de détourner le regard, parce que quelque chose chez lui me provoque des chatouillements dans le cœur et dans le ventre.
Sa voix fluette, son rire contagieux, sa manière de dire les choses, ses petites attentions, la façon dont il me regarde, tout ça est en train de m'obnubiler depuis quelques semaines. Je ne sais pas vers quand j'ai commencé à vouloir me rapprocher de lui, mais je sais que je n'ai tout simplement pas réussi à faire taire ces sentiments. Je ne vais pas jouer aux aveugles : je sais que je suis attiré par lui, je sais que je ressens des choses pour lui qui dépassent le stade de l'amitié. C'est la première fois qu'un garçon me fait cet effet et contrairement à ce qu'on pourrait croire : non, je n'en ai pas honte. Seulement, cela deviendrait un problème si ma famille apprenait cela, surtout mon père. Il serait capable de m'envoyer voir un psy pour ça, je le connais. Et puis, je ne suis pas prêt à affronter le regard des autres, parce que je sais très bien que la mentalité de ce lycée n'est pas très élevée. De toute manière, je crois que Max pense comme moi. Après tout, je ne l'ai jamais entendu dire à voix haute qu'il aimait les garçons et je n'ai jamais entendu une seule rumeur à ce propos.

_ Taguer des bites, c'est pourtant bien ton genre.

_ La ferme, tu m'prends pour qui ?

_ Pour ce que tu es, Stanford. Est-ce que je dois te rappeler que t'as dessiné des boules sur mon front pendant que je dormais ?

Je ne peux m'empêcher de rire bêtement face à ce souvenir qui remonte à moins d'un mois. À mes côtés, Max me donne un coup de coude, ce qui me fait râler tandis qu'on marche en direction du hall de notre lycée. Ce n'est pas habituel qu'on traîne ensemble comme ça : d'habitude je suis avec ma petite bande et lui avec la sienne. Mais, je ressens cette envie de ne pas le lâcher tout de suite, même si je suis certain de le retrouver ce soir puisque nous partageons la même chambre. Après cette soirée de la veille où nous avons tous les deux fait le mur pour aller s'amuser en ville, je me sens bien plus vivant. Je lui ai fait comprendre en quelque sorte qu'on avait eu un date, et que ça n'était pas quelque chose à prendre à la légère. Je ne sais pas ce que Max ressent exactement, tout comme lui ne sait pas ce que je ressens non plus envers sa petite personne. Je suppose que nous sommes encore au stade du flirt, et c'est encore trop tôt pour moi pour prétendre à plus.

_ Bon, je te laisse, on se voit en classe !

Il m'offre un signe de la main, partant sûrement rejoindre ses amis puisque c'est la pause de l'après-midi. Je le vois s'éloigner parmi la marée d'élèves qui trainent dans le hall en parlant fort. J'ai envie de le rattraper, mais au même moment une main se dépose sur mon épaule pour attirer mon attention. En me tournant, je remarque que mon meilleur ami Tony qui tire une sale tronche, comme toujours. Il doit encore être défoncé.

La règle d'Or du cliché [BxB]Where stories live. Discover now