♠ Chapitre 27- Octobre.

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Ma tête posée sur ma main, me semblait peser trop lourde. Crayon en main, je gribouillais ce qui me passait par la tête, parfois je levais aussi les yeux vers la fenêtre, faisant vagabonder mon regard au dehors.
Le temps était particulièrement mauvais ces derniers jours. Les fleurs se fanaient, les feuilles des arbres, ayant viré aux teintes orangées, commençaient à tomber mollement au sol, l'envahissant alors.

J'essayais de suivre du mieux notre cours de philo avec ce charmant remplaçant. Il me donnait la migraine. D'habitude j'étais assez bonne pour ce cours, d'ailleurs, j'étais en général celle qui avait la meilleure note et qui s'élançait dans des débats infinis avec le professeur.Mais pour une raison qui m'était inconnue en ce jour, je n'avais pas la tête à penser, à réfléchir sur les grandes questions fondamentales de la vie, du monde et de notre présence sur terre. Je préférais, à cet instant, observer ces gouttes s'écrasant sur la vitre avant de laisser une traînée derrière elles, menant leur course jusqu'au bas de la fenêtre.

- Mademoiselle Stevens?
- Mh? grommelais-je en relevant ma tête, mes prunelles posées sur cet individu aux yeux bleus perçants.
- Pouvez-vous me dire quelle est votre théorie sur ce qui est bon et mal ? m'indiquait-il, un sourire mesquin sur ses lèvres. J'inspirais profondément réfléchissant quelques secondes à ma réponse.

- Mmmh et bien je pense que tout dépend de notre façon de voir les choses. Si on nous dit que frapper quelqu'un c'est mal, on dira toujours que c'est mal. Et à l'inverse, si on dit qu'il faut donner de quoi manger à un SDF c'est bien, on continuera de penser que c'est bien. Parfois on pense aussi faire quelque chose de bien à quelqu'un alors que cette personne n'apprécie pas. répondais-je alors. Je n'ai pas la même vision des choses que vous comme vous, vous avez d'autres valeurs que nous. On parle d'éducation à la vie qui différencie de tout autres individu sur cette terre. Ce n'est que question de jugement des choses, Monsieur. ajoutais-je ensuite.

Je retournais vaquer à mes occupations de gribouillages lorsque je voyais mon professeur me gratifier d'un sourire forcé et de retourner dans son éternel monologue. Eh oui, il a voulu me coincer, mais c'est moi qui l'ai rendu muet et sans tact. Je souriais doucement.

" Mademoiselle Julia Stevens est immédiatement appelée au bureau du directeur, Mademoiselle Stevens. " Annonçait gravement la voix de notre proviseur dans les hauts- parleur présents dans les classe et dans les couloirs, résonnant alors.

Cette annonce m'avait fait sursauter, me tirant de mes pensées. Mon cœur s'emballait aussitôt après avoir pris conscience que je venais d'être convoquée en plein milieu d'un cours. C'était pas bon signe ça...
Je raclais ma gorge tandis que je cherchais le regard du professeur qui me fixait, tout comme 20 autres paires d'yeux. Et il hochait la tête quand il me voyait le dévisager, le regard rempli de questions.

Je me levais alors, les jambes tremblantes, tout comme mes mains et prenais mes affaires pour les ranger dans mon sac. L'espace d'un instant j'avais hésité à prendre mes jambes à mon cou et à fuir loin d'ici. Mais à quoi bon? Je n'avais rien fait, je n'avais rien à me reprocher après tout.
D'un pas hésitant et encore un peu boitant, dû à ma jambe cassée lors de notre escale dans les égouts avec Harry, ayant subi quelques "complications", je me dirigeais vers la porte et sortais de la classe. Il faut dire que pas mal de choses ont changé depuis les vacances...

Lorsque nous sommes allés à l'hôpital pour ma cheville blessée, j'ai eu droit à un joli plâtre qui me démangeait plus qu'autre chose. Cependant, après l'avoir retiré quelques jours avant la rentrée seulement, la douleur était toujours présente. De nature à ne jamais me plaindre, je me suis tue. Aujourd'hui je le regrette amèrement. Lors de mon premier match de volley, je me suis de nouveau blessée. Enfin disons plutôt que c'est la douleur qui s'est montrée plus forte, qui a décidé de tirer la sonnette d'alarme lors de ce match... Quand on m'a de nouveau examinée, on m'a appris que j'ai trop forcé et que mes ligaments sont touchés, d'où cette douleur qui me faisait parfois monter les larmes aux yeux... La nouvelle a été difficile à être avalée je dois dire, sachant qu'il me faut du repos sans forcer pour marcher et éviter de courir. Pas pratique pour le volley où je suis toujours debout, à piétiner. Du coup je n'ai pas le choix de ne plus y jouer durant un petit temps histoire que ça se calme. Suite à ça, je suis rentrée dans une grande dépression et croyez le ou non, le mot est faible. Quand tout ce que vous aimez le plus au monde vous est enlevé, plus rien ne vous importe. Votre monde s'écroule autour de vous, vous laissant une petite parcelle de sol, à peine stable à plusieurs mètres de haut.

Coincée au Lycée. [En Cours De Réécriture/Relecture] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant