GOD'S RETURN 2

Chapitre 101 : Le Discours De Zeus

Je le regardai appuyé contre le pupitre qui enlevait l'emballage d'une sucette. Il avait posé sa veste de costume soigneusement sur un banc et fixai la statue de Zeus qui baignait dans la fontaine. À quoi pouvait-il penser ? Ses yeux bleus électriques paraissaient presque blancs à la lueur du soleil. Il avait eu le temps de se raser, ce qui lui donnait un air plus innocent.

— Tu sais ce que tu vas dire aux journalistes ? 

— Pas encore, m'avoua-t-il avec un sourire.

— Je pensais pas que tu improvisais autant.

— C'est une habitude, à force de prendre la parole devant autant de gens, on finit par ne plus rien préparer du tout. La dernière chose qui m'inquiète sont bien les journalistes.

— Parce qu'il y a autre chose de pire qu'eux ? ricanai-je en arrangeant une mèche de cheveux.

— Les autres gardiens. Nous ignorons encore qui a gagné, et si jamais nous nous retrouvons avec des abrutis comme Adam, je crains que ça ne fasse pas avancer grand chose.

Des journalistes commencèrent à ramener leur matériel dans les jardins. Au départ, ils n'étaient qu'une dizaine, certainement pour avoir les meilleures places. Après plusieurs minutes, les jardins croulaient sous les pas d'étudiants, de professeurs et de journalistes venus immortalisés ce moment historique pour le monde des surnaturels. Bientôt, les journalistes ne seraient plus qu'une histoire ancienne, mais il serait naïf de croire que toute cette histoire se terminerait ici. Les journalistes étaient venus à Diafosa pour une raison bien précise. Ils avaient été commandités par le conseil surnaturel qui convoitait Diafosa depuis des années d'après Leith.

Je m'écartai du pupitre pour laisser la place à Leith, mais il me retint par le poignet avant de mettre la sucette qu'il n'avait pas encore fini dans ma bouche.

— Sois sage et laisse-moi un bout avant que je termine, m'ordonna-t-il avant de me lâcher.

Le goût de la fraise se diffusa sur mes papilles. Je me gardai de tout commentaire en particulier devant les étudiants qui me dévisageaient comme une bête de foire. Les rumeurs couraient déjà bon train, alors j'osais imaginer ce qu'il adviendrait désormais.

Ali fut la première à rejoindre la scène dans son uniforme rouge. Il était fait pour lui avec sa grande taille et son carré de la même couleur. Les vampires n'étaient pas démonstratifs en public, mais lorsqu'elle me vit, elle se rua sur moi et me serra dans ses bras.

— J'ai battu ce gros fils de pute de Kaï, j'y crois pas ! s'exclama-t-elle à mon oreille.

— Tu sais que si Kaï est ton frère jumeau, tu insultes ta mère de pute ? lui fis-je remarquer en me retenant d'éclater de rire.

— Oui, bon, on ne l'a jamais connu et elle n'avait pas bonne réputation, se justifia-t-elle en faisant face à la foule. Il y a du monde, dis donc.

La foule formait désormais un tas indistingable de visages enthousiastes. Nous fûmes bientôt rejoins par Aragorn, facilement reconnaissable avec sa longue chevelure argentée et ses pupilles violettes.

— Aragorn ! Je suis tellement contente que ce soit toi qui aies gagné ! le félicitai-je lorsqu'il se posta à mes côtés.